Calvaiire - Rigorisme
Chronique
Calvaiire Rigorisme (EP)
Sans doute qu’avec ses membres venant de Birds In Row, Pigeon et As We Draw, sa pochette à laquelle on ne capte pas grand-chose à part une odeur de chair maltraitée et son style touchant au crust, hardcore et screamo passés au Swifer usagé, ce premier essai de Calvaiire est tellement tailladé de logos Throatruiner qu’il part avec le handicap du groupe certes attendu, mais déjà entendu. Sans doute aussi que sa voix (très) proche de Jacob Bannon lui fait côtoyer les flammes de copains vers lesquelles certains préfèreront se tourner (au hasard Nesseria et Plebeian Grandstand, dont les Français peuvent être grossièrement vus comme un chaînon manquant), ressentant déjà un ras-le-bol de cette scène où surgit un nouveau Converge-like plus rapidement qu’un compte bandcamp avec bouton « j’aime » et lien pour gaver les oies télécharger légalement ce qu’on appelle encore par habitude « le disque ».
Sans doute tout cela. Mais l’intérêt ici ne réside pas tant dans la violence de ses quatre morceaux qu’on qualifiera placidement de constante « fuite en avant » armée d’ « hachoirs rouillés » que cette impression d’abord subliminale puis envahissante d’assister non pas à notre lattage mais au leur. Calvaiire rappelle que « one shot » vaut aussi bien pour l’enregistrement brut de chez brut de Rigorisme que la balle gardée pour soi dans le chargeur en inscrivant ses riffs toujours au bord de l’apoplexie dans l’ambiance SOS Suicide de You Fail Me. Un casting trié sur le volet pour du muscle strié à la volée, tapant de sick plutôt que thick par des backing vocals aimant surgir en traître et un son où la basse prend tout l’espace, donnant à la formation un aspect maigrichon et masochiste. Les aboiements de Matthias en paraissent alors aux abois, éteints et essoufflés comme si la bataille s’était déroulée avant les premières mesures de « Gratitude », les trébuchements et poussées d’adrénaline quêtant un ennemi qu’ils finissent par trouver en leur propre personne durant neuf minutes d’automutilation.
Le noir, non-couleur radicale, ne peut être humainement retranscrit que par un gris appel - et celui de Calvaiire résonne de cette hystérie si forte qu’elle touche la chute de tension. Ce qui, malgré l’introduction de cette chronique et sa courte durée, permet à Rigorisme d’entrer dans la catégorie rare des cadeaux empoisonnés du crust/hardcore next gen.
| lkea 22 Mars 2012 - 1833 lectures |
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