Converge.
Voilà, maintenant qu’on a posé ce qui semble être le souci principal de ce disque pour pas mal de monde, un avis : on y pense – difficile de dire le contraire –, et ce depuis un
Rigorisme qui semblait avoir Jacob Bannon au chant mais n’est-ce pas le préliminaire obligatoire à chaque bonne sortie signée Throatruiner, de sembler d’abord copier d’autres ? Que ce soit Cowards avec Kickback, Eibon avec Ramesses, Plebeian Grandstand avec Celeste, il y a toujours de quoi donner envie de s’arrêter à une écoute distraite pour critiquer de sa science du name-dropping dans les disques estampillés du label de Monsieur Jungbluth. Seulement, en creusant un peu plus, un « ailleurs » se trouve aisément.
Et l’ailleurs chez Calvaiire est dans cette attention continue à jouer le hardcore de chien galeux typique des Ricains, mais côté dépouillage.
Forceps récure, écaille, dépiaute et dégarnit en, comme son nom l’indique, faisant naître chacune de ses compositions par la force de bras chromés et rachitiques. Une impression de suicide club organisé qui était déjà présente dans
Rigorisme mais prend ici des proportions plus conscientes, maîtrisées, cachant leur perversité derrière une exécution plus propre et chirurgicale (plus noise et moins crust, en somme) mais donnant paradoxalement l’envie de situer la formation plus près d’autres équarisseurs insalubres type Veuve SS que d’un sempiternel rip-off des créateurs de
Jane Doe.
Car on parle une nouvelle fois France et vice, deux mots décidément synonymes dans le hardcore hexagonal actuel. Calvaiire est un exemple de plus que Throatruiner construit pièce par pièce un roster définissant une certaine vision du hardcore frenchie, traitreux, capitalisant moins sur les gros bras ou la démonstration de sa force et plus sur la douleur à répondre coup sur coup, ceux donnés/ceux pris, sans regarder à l’explosion du forfait annuel de sa mutuelle santé. Tout juste se remarquent ici certains détours que le précédent EP n’avait pas, dans ces quelques incursions mélos et post que n’aurait pas renié un Neige Morte (Le final de « Aux Porcs », où Matthias hurle d’une manière rappelant le chant de Xavier, ex-Overmars/actuel Neige Morte).
C’est d’ailleurs ces quelques concessions au BDSM autrement de rigueur que je regrette, malgré des moments plutôt épatants sur le terrain de la mélodie désespérée lors de « Curatelle » et « Équarrissage ». Sans ses passages distillant leur mal-être avec (trop de) prudence,
Forceps aurait pu être un court jet de hardcore en perdition comme on en voit peu et, en l’état, n’est que la confirmation du talent de Calvaiire à figurer le sale, même avec une production un poil plus limpide d’Amaury Sauvé. Tout de même, de quoi rendre Tyler Durden fier.
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