Je ne sais pas si cet état d’esprit est dû aux déceptions récentes apportées par Rosetta et Ulcerate mais j’apprécie de plus en plus les « petits », ceux ne basant pas leurs arguments de vente sur une quelconque avancée/originalité/pierre angulaire et définitive d’un genre (choisis ton argument pompeux de fiche promotionnelle en manque d’inspiration) mais sur une volonté de faire allégeance, sans tambour ni trompette. Sofy Major est de ceux-là, de même que son label Solar Flare qui, avec Watertank, Pigs ou encore American Heritage, devient de plus en plus la maison-mère des nostalgiques du son nineties.
Aussi
Idolize était attendu par chez moi comme un plaisir entre personnes possédant des références communes, allant d’Unsane à Helmet en passant par Keelhaul ou Portobello Bones (dont on retrouve une reprise avec « Power Of Their Voice »). Et à ce niveau, peu de surprises, à ceci près que les Clermontois ont apporté à la recette entrevue sur
Permission To Engage une bonne dose de groove de camionneur ! Ce deuxième longue-durée poursuit la direction plus nerveuse prise lors du
split avec Membrane en axant moins ses compositions sur les cassures tourmentées et davantage sur le feeling. Inutile d’avoir vu la performance d’un guitariste appliqué sur son instrument (le coquin, devant tout le monde en plus) durant le Yell Fest de cette année pour l’imaginer en feu : les up-tempos « Platini », « Bbbbreak » ou « Aucune Importance » montrent suffisamment cette exécution enflammée attachée à défendre le noise hardcore de papa, tout en allant voir du côté de Kyuss dont ici se livre une lecture vulgaire, sans les passages beau-gosses de John Garcia mais avec l’intention de casser quelques crânes en testant son moteur de poids-lourd.
Tout juste note-t-on un petit écart à la décennie-reine dans les harmonies vocales, sorte de Torche version trentenaire, parfois maladroit mais avec assez d’agressivité rauque pour ne pas avoir envie de lui signaler, sous peine d’en sortir édenté. Mathieu a fait d’énormes progrès sur les placements de sa voix, celle-ci étant moins anecdotique que sur
Permission To Engage, se permettant même d’insuffler une énergie supplémentaire aux titres « Frost Forward » et « Slow And Painful ». C’est cependant ce sentiment global d’écouter un groupe prenant son pied à pratiquer en toute décontraction un noise hardcore référencé (mais pas si cernable qu’il n’y parait au premier abord, les résurgences touchant aussi bien les scènes ricaines que françaises) qui fait le sel de ces quarante-quatre minutes, bien que celles-ci prennent des allures de compilation lors d’un « Steven The Slow » donnant l’impression qu’un morceau de Pigs a été placé par erreur au sein de l’album.
On touche d’ailleurs ici au défaut majeur du disque : si Sofy Major avait persévéré dans la voie ultra-catchy de la première moitié d’
Idolize, la claque aurait été complète. Seulement, l’essai s’étiole au fur et à mesure, prenant des virages incessants rendant l’écoute laborieuse une fois à mi-chemin, notamment lors de « Seb » et ses bégaiements de grand-mère horripilants. Contrairement à
Permission To Engage et son tracklisting réfléchi le poussant vers le haut, la cuvée 2013 des Français tire à tout-va mais se perd en route, rattrapant heureusement la rampe lors de quelques moments rugueux (« Frost Forward » et ses riffs thrashy) ou rutilant de stoner (« Platini » par exemple).
Au final, le constat reste le même qu’en 2011. Sofy Major est une formation qui a tout compris à ce qui a fait la réussite de ses ainés et s’attache, sans plus-value autre que la fierté propre à sa famille d’adoption (contenant Andrew Schneider au son – producteur de Zozobra, Daughters ou Cave In – et Dave Curran en guest sur « Steven The Slow », tout de même), à le transmettre. Un disque qui, d’expérience, prend toute sa saveur sur les planches, son manque d’homogénéité s’oubliant au profit d’une efficacité à tout rompre. En tous cas, devant tant de dignité, j’ai bien envie de suivre l’exemple et ne pas conclure sur une référence tire-larmes aux évènements ayant marqué l’enregistrement d’
Idolize. On n’est pas chez TF1 ici.
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