Il n’est pas étonnant que parmi les références traversant l’écoute de
Curves That Kick, mon esprit mette ce dernier aux côtés de
Wretch (Kyuss). Ces deux premiers albums ont la sale réputation de ne pas être à prendre en compte dans les discographies de leurs auteurs respectifs tant ils y montrent des visages différents – souvent désignés comme « moins intéressants » – de ceux qui feront leurs succès. Des essais de jeunesse en somme, avec ce que cela sous-tend de maladresses et expérimentations hasardeuses.
Mais ce serait oublier que l’absence de maturité contient parfois une spontanéité méritant d’excuser quelques imperfections ! On peut remercier Relapse d’avoir sorti cette réédition respectueuse de la version CD d’origine parue chez le label de Pushead (pas de piste tronquée comme sur la nouvelle édition de
Drop Out cette fois-ci) et dotée d’un artwork magnifique : elle permet de constater par soi-même qu’à la manière de l’avis majoritaire des fans de l’ancienne troupe de Josh Homme sur
Wretch, celui concernant
Curves That Kick est trop critique envers un disque certes bourré de défauts (notamment celui d’être le seul longue-durée de 16 à ne pas tenir la comparaison face à Helmet, dont l’influence se fait trop sentir durant ces quarante minutes) mais non dénué de ce qu’on nomme communément « le charme ».
Un charme qui chez 16 prend l’allure d’un gosse fraichement acclimaté à la vie de rue mais tapant déjà des pieds le bitume avec rage afin de tromper l’ennui. L’absence des muscles sludge qu’aura la formation sur
Drop Out se rattrape par une volonté de frapper vigoureusement par des mouvements entre groove stoner et tension noisecore à l’image de cette basse frénétique servant de base à d’autres instruments ajoutant au fur et à mesure leurs lignes aux siennes (le morceau-titre, « Sedatives » ou « Astroglide » par exemple). Cette manière de jouer, parfois tenue par une six cordes dictant la mesure (« Hate » ; « Nova » ; « Joe The Cat ») ou une batterie introduisant des guitares rythmiques à l’énergie punk (« Chum »), donne des airs de rituel aux coups de sang des Californiens renforçant l’originalité de
Curves That Kick par rapport à ses descendants. Rien de shamanique là-dedans cependant, plutôt une atmosphère de nuit urbaine peu rassurante en compagnie de Cris Jerue (possédant déjà ce timbre éteint si particulier) et sa bande où se goûtent les premières drogues et se vivent les premiers larcins dans une nervosité affamée et encore mal canalisée. Une initiation, aussi bien pour eux que pour nous.
Il n’est pas nécessaire de s’étendre une nouvelle fois sur cette aura terne qui fait le piquant de 16 (je vous renvoie à mes chroniques de
Drop Out et
Bridges To Burn sur ce sujet) :
Curves That Kick en est pourvu à sa façon, possède cet art de casser l’ambiance malgré des guitares moins anguleuses que celles de ses successeurs. Son attachement à répéter ses riffs comporte déjà cette morosité typique laissant penser que ce début mérite de figurer dans la discographie des Ricains autrement qu’en intrus. Même si la moue maussade qu’il dessine sur l’auditeur nait parfois davantage d’un manque d’efficacité qu’une expression de troubles intérieurs (notamment dans une fin un brin ennuyeuse, cf. les timides « Joe The Cat » et « Hate »), ceux qui comme moi ont véritablement rencontré puis adoré le quatuor sur le tard avec
Bridges To Burn n’ont aucune raison de ne pas aller voir du côté de cette réédition, décidément bienvenue.
La pochette de la réédition
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