L’album par lequel 16 est devenu 16. Et 16, c’est quoi ? Le noisecore d’intoxiqué de
Curves That Kick devenu par la magie d’un split partagé avec Grief du gangsta-rap pour sludgeux, une musique qui te fait plus goûter le mur sur lequel on te plaque en t’indiquant ton droit au silence que les relents d’alcool courants chez Eyehategod.
Drop Out est le premier disque d’une longue série d’essais à l’hermétisme d’Helmet et gueule faussement plus présentable que ses congénères aux chicots pourris de l’époque (Noothgrush, Buzzoven… tu connais la famille) !
Car, au-delà des sous-catégories formelles qu’aime de toute façon enjamber 16 les unes après les autres (Tu ne vas pas me dire qu’il n’y a rien de death metal dans « Fucked For Life » ?),
Drop Out est en premier lieu un disque où se retrouve l’essence d’un certain hardcore, celui pourvoyeur de coups de pute bien cachés derrière l’agressivité jouissive à la manière de cette basse ronde te faisant croire que tu pourrais être pote avec avant d’arrêter net tes envies d’amitié par l’arrivée des autres instruments (la traitreuse « Tocohara »). Un disque qui s’approche d’abord comme une formidable machine à tube où se défouler, puis donne progressivement grise mine. « Trigger Happy », « Sniper » ou encore « Pumpfake » préparent le terrain avant de sèchement te balayer par des riffs quasi-industriels. Une mandale puis une autre : si la formation varie peu les enchainements par préférence pour le choc de ses prises (comme l’entame directe tel un coup de la corde à linge sur « Bloody Knuckles »), c’est pour mieux transmettre l’impression d’être pris à partie par une bande de cogneurs te tabassant avec un désintérêt marqué.
Du proto-Xibalba période
Madre Mia Gracias Por Los Dias à y réfléchir, sauf que ces coreux-ci n’ont pas cet apathique leader qu’est Cris Jerue, le chef de gang ne donnant pas envie de contester ne serait-ce qu’un bout de son trône fait de nuits de manque et seringues usagées. Ici, son chant se débarrasse partiellement de l’outrancière reverb qui l’habillait sur
Curves That Kick pour scander sans passion des textes à la poésie toute personnelle (« Life sucks ! », « Leave me alone ! », « Do as I told you ! »). Le bonhomme est pour beaucoup dans l’aura terne surplombant l’ensemble, sa voix éteinte en décalage avec des guitares brûlantes de mid-tempi infernaux expliquant le rouge sans éclat des deux pochettes de
Drop Out (la réédition par Relapse ayant une jaquette différente de la version d’origine). Un longue-durée de salopiaud rattrapant l’absence d’un grand morceau signifiant la présence d’un grand disque (malgré un « 16 » ne déméritant pas son rôle iconique par un riff tourné et retourné qui… tourne et retourne, pas de titre ayant la stature d’un « Damone » à l’horizon) par une constance dans la science du riff filant sur la ligne raide entre les crocs en jambe sludge et les headshots noisecore lui permettant de se classer parmi les meilleures œuvres des Californiens.
S’il lui manque ce qu’attrapera de définitif
Zoloft Smile sept ans plus tard,
Drop Out n’en est pas moins le manifeste de 16 où ce qui constituera le son de
Blaze Of Incompetence et ses autres rejetons trouve déjà sa pleine définition. Possédant en bonnes proportions la dualité domination par la bagarre/soumission à la rue que contiennent la presque totalité de ses successeurs, ce second album débute la première période sludge de la formation d’une manière où il est difficile d’y trouver à redire, à part peut-être dans le choix de Relapse de le rééditer amputé du titre caché « Meditation » concluant sa première édition. Pour quelqu’un qui comme moi a eu la malchance de découvrir le groupe sur le tard, c’est une frustration de plus à ne pas être né à la bonne époque, les années 90 recelant décidément de petites pépites enfouies comme celle chroniquée ici. Merci au label. Merci à Maman.
La pochette de la réédition
Par Sosthène
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo