Comme beaucoup lors de sa sortie, j’ai pu voir en
Bridges To Burn l’essai récréatif de 16, celui où les Ricains viennent fêter leur retour aux affaires par une musique plus relax qu’autrefois où les références à Kyuss se partagent désormais leurs places aux côtés de celles à Helmet ou Fudge Tunnel.
Trois ans et une vue d’ensemble plus tard, cette pensée me fait doucement ricaner. Certes,
Bridges To Burn et ses élans stoner font penser au sable chaud, aux discussions en terrasse et à l’alcool goûté autant que vomi, 16 y reste l’un des groupes les plus batailleurs de sa catégorie. Comme chez Yves Montand dans
Le Salaire de la Peur, ses vacances au soleil ont un air de purgatoire vécu la mine mauvaise, la décontraction du gland étant davantage due à la morosité qu’à la détente. Qu’on m’écoute « So Broken Down » et son groove de noisecoreux sensuel comme une fouille au corps et qu’on vienne me dire le visage brûlé qu’« on y bronze bien » !
En effet,
Bridges To Burn est surtout un disque de 16 tel qu’on l’aime, doté d’une street cred à faire rougir de honte toi et ton groupe de hardcore parisien. Revenu de son centre de désintoxication, Cris Jerue est loin d’en avoir fait une crise de Born Again à la Crowbar, sa voix et ses textes conservant les thématiques d’arraché qu’on leur connait (l’humour grinçant de « Monday Bloody Monday » par exemple). Le cinquième album des Californiens a beau laisser dépasser un blues malaxant les nuques avant de les briser (à l’image de la basse de « What Went Wrong? » aux notes rapidement reprises par des guitares concassantes), les mélodies jouent les bonnes copines pour mieux surprendre de propension à la bagarre faussement accrocheuse, véritablement douloureuse (l’abrutissante « You Let Me Down (Again) »).
Servi d’une superbe pochette laissant deviner le caractère acéré et reptilien de ce qu’elle décore ainsi qu’une production augmentant ce que le plomb des riffs possède d’incandescent et expéditif (on rudoie sans temps morts ni lourdeur excessive ici, 16 n’étant toujours pas de ceux étalant leur blase par de lentes cognées ou exercices de gonflette mais des muscles secs taillés par la drogue et la rue),
Bridges To Burn n’est clairement pas le résultat d’une envie des Ricains de « s’éclater ». Un mot qui va mieux aux douze compositions le constituant d’ailleurs, leur apparent hermétisme dévoilant sur la durée leur défaut d’être trop décousues. Si chaque morceau possède sa ou ses partie(s) faisant sortir son calepin à leçons de sludge (Le démarrage de « Skin And Bones », les accélérations de « Permanent Good One », le break aux deux minutes de « Thorn In Your Side », les totalités de « Me And My Shadow » et « Man Interrupted »… Mince, je manque de papier !), les changements de rythmes incessants fatiguent sur la longueur au point que les pourtant bonnes « What Went Wrong? » et « Missed The Boat » s’écoutent poliment mais sans ressentir la tension constante d’un
Drop Out.
Malgré une inclination aux riffs stoner plus prononcée qu’auparavant et une frappe cherchant un peu trop à taper tout ce qui bouge,
Bridges To Burn laisse l’impression que 16 tabasse comme en 2003 avec
Zoloft Smile. Un album qui, sans renouer totalement avec la période faste du quatuor, montre que le style des Californiens n’a rien perdu de sa capacité à mettre mal, attrapant au passage le respect se devant envers les vieilles armoires à glace. Malheureusement, le successeur
Deep Cuts From Dark Clouds viendra pondérer cette opinion.
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