Sofy Major - Permission To Engage

Sofy Major est un nom qui ne doit pas t'être inconnu. Ce jeune groupe français a en effet profité d'un buzz relayé par des chroniques dithyrambiques sur la toile à la sortie de son premier album Permission To Engage. Il faut dire qu'il a su marquer de son empreinte la scène hardcore française par une profusion de sorties depuis 2007, ainsi qu'un changement de style progressif partant d'un post hardcore à tendance noisy et screamo vers quelque chose de désigné comme plus original par la critique.

Originalité toute relative d'après mes oreilles, Sofy Major s'inscrivant dans une volonté d'aller voir ailleurs largement implantée de nos jours. Se côtoient des influences allant de Breach pour l'aspect massif et rock n'roll, un côté noise-rock/core à la Today Is The Day et un groove stoner (virant carrément à la décontraction du gland sur « Stoom Stoom Stoom »), le tout plombé par un son Overmarsien sombre comme on l'aime. Plutôt à classer dans les mixeurs donc, mais ces atouts sont à chercher surtout dans une efficacité à toute épreuve et une capacité à diversifier les plaisirs. Plutôt que mélangées les unes aux autres, ces approches sont utilisées à des moments différents et toujours dans une optique d'instantané maximal. Car à ce niveau, le paquet a été mis ! « Cobra Blanc » et « Reproached And Scattered » sortent cash la batte et le velu avec des riffs de démarrage frontaux au possible. Fidèle à l'adage « Un bon disque doit être une bonne beigne », ça continue de frapper droit et dur sur « Dearth To All » et « Outil » et leurs guitares à cheval entre une rythmique punk et du vénère n'roll Entombedien. Ne va pas croire que les mecs sont des bœufs sans discernement, les écoutes révélant une somme d'arrangement rajoutant de l'intérêt à la baston (les petites accélérations de la batterie sur « Outil » par exemple) voire arrivant parfois à sauver un morceau de la poubelle (l'introductif « Sky Silence Broken », l'aspect trop classique du corps étant contrebalancé par des sons triturés prenants). Les incursions du chant clair ainsi que quelques titres atmosphériques (« DouxJesus666 », « Eugène » où se répondent larsens, notes acoustiques et double chant masculin/féminin) offrent assez de grand air pour contrebalancer les compositions café-serré.

Comme dit plus haut, les hargneux aiment la variété et c'est bien la pertinence de cette dernière qui tire Permission To Engage vers le haut : insérées dans un tracklisting réfléchi, les morceaux donnent une impression d'homogénéité montrant que le groupe ne se contente pas d'un simple copier-coller, à l'image d'une fin plus doomy sans renier la noirceur dépeinte le long de l'album et permettant d'apprécier la bête sur la longueur. On regrettera cependant que les Clermontois n'aient pas autant de talent dans la lourdeur que dans les passages vifs. C'est lors de ces baisses que se ressentira le point noir de l'opus : si le brassage empêche l'ennui, il n'est pas toujours d'une qualité égale, tombant ici ou là dans le déjà-vu (particulièrement sur le final de « Vraiment Pas »). A ceci s'ajoute une voix qui gagnerait à être plus personnelle dans ses grognements bien qu'elle ait l'intelligence de ne pas détruire les paroles en anglais avec l'accent baguette de pain handicapant tant les vocalistes de nos terres.

Malgré certains moments inégaux et une personnalité restant à affirmer montrant que ce premier album en est bien un, l'art de manier différentes cordes de façon catchy et à-propos, la plus-value « schwarz » ainsi qu'un artwork superbe (auquel le petit carré en haut à droite ne rend pas justice, Gérald Jay et Nicolas Deschamps ayant fait un travail sur l'illusion fascinant) et une envie de défendre le bébé sur les planches lors de concerts dont la qualité est réputée (belle phrase pour dire que je ne les ai pas vu mais qu'il parait que ça bute) montrent que l'engouement que suscite Permission To Engage n'est pas usurpé. Plus qu'engageant, Sofy Major est déjà recommandable !

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