chargement...
Remontez pour accéder au menu
89 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer
Faceless Bur... » Demolition H... »

Will Haven - Muerte

Chronique

Will Haven Muerte
Quand un album transmet un sentiment particulièrement délicieux, on peut avoir tendance à vouloir l'enfermer dans celui-ci, à le voir partout, comme une intention lancée d'un bloc. Et tant pis si cela est, après un examen minutieux, plus un transfert qu'autre chose ! Même fugace, même issu d'un cerveau de chroniqueur aimant construire des ponts entre les œuvres qu'il écoute, il finit par prendre tout l'espace, parfois au détriment de ce que le groupe en question a voulu créer de personnel.

Bref, tout cela pour vous dire que ma découverte de Muerte, nouveau longue-durée de Will Haven (qu'on ne présente plus, rassurez moi ?), m'a fait directement penser à Evoken. Oui, la formation de funeral doom / death metal qui se fait la voix de notre prochain décès, flottant au-dessus de nos têtes avant de mettre en marche sa guillotine. Ce qui peut paraître étrange quand il s'agit de parler de la bande de Sacramento et son hardcore transgenre, monomaniaque en tout point, simple et cependant fondateur – inutile de rappeler une nouvelle fois sa généalogie, de ses ancêtres à ses descendants. Pourtant, c'est cette même fatalité que j'ai ressenti sur ce disque, et pas seulement dans son titre qui appelle la mort de ses vœux. Ces claviers atmosphériques, ces riffs qui écrasent comme un couperet, cette voix assassine... Malgré un tempo globalement relevé, comment voir ici autre chose que des stèles marquant notre fin, dans une chaleur de frigo où même la lumière semble nous vouloir du mal ?

Mais non. Cela serait cloisonné un disque, certes claustrophobe, dans un monde qui n'est pas le sien. Muerte parle bien de mort, et paraît en parler à chaque instant, mais il ne se limite pas pour autant à un univers fait avant lui. Et tant mieux ! C'est qu'une fois décidé d'être honnête envers cette musique dont je croyais m'être fatigué avec l'EP Open the Mind to Discomfort (qu'il va falloir que je tente de nouveau, histoire de poursuivre mon examen de conscience), une foule de sensations traverse son écoute. À commencer par celle de ne voir rien d'autre en Will Haven que lui-même, lui qui avait déjà fait de la faucheuse son amie de jeu, lui qui était revenu par la petite porte avec The Hierophant et avait étonné son monde avec Voir Dire. Lui qui arrive ici encore plus sûr de lui et de ses actes, appuyant cette alliance entre son style unique et un certain raffinement, comme un bourreau élégant. Sûr, il y a toujours de quoi avoir envie de bouger les bras sur ces quarante-sept minutes, à commencer par ces riffs jouissifs marquant « Ladwig No. 949 » ou encore « Kinney ». Mais c'est cette nouvelle avancée dans la création d'une ambiance à-part, en suspension malgré l'exercice sportif que l'on peut voir dans ces guitares augmentées d'une production béton, qui marque sur le temps long.

Une ambiance qui nous met d'emblée entre quatre planches de bois, nous asphyxie, mais ne s'arrête pas là, allant jusqu'à transmettre des images délavées, du sang prenant des teintes rosâtres, un cadavre à la peau dorée par le temps, la vitalité subsistant derrière l'horreur de se voir dépérir. Simplement, encore et toujours, par des petites touches qui ne s'annoncent pas en grande pompe malgré l'abattement constant d'une rythmique dont on ne sait toujours pas si elle tient plus de l'industriel, hardcore, noise ou neo, errant dans un esprit cohérent en lui-même et énigmatique pour les autres. Impossible de passer sous silence cette voix, Grady Avenell étant encore (mais étrangement, davantage ici) cette personnification où se synthétise ce défilement d'émotions, le passeur du seuil donnant à croire qu'il vit cette terreur en même temps qu'il nous massacre, écorché écorcheur, dans un déroulé qui passe de la mise en bière – ouch, « Hewed with the Brand » et « Winds of Change » – à l'évaporation à partir d'un « The Son » fatidique, la suite faisant divaguer avec une justesse surnaturelle pour cette musique a priori essentiellement musclée.

Une justesse qui malheureusement s'abandonne durant deux titres, les intrusifs « El Sol » et « No Escape », bien que bons en eux-mêmes (on ne va pas critiquer exagérément une participation de Mike Scheidt, tout de même), cassant cette plongée dont « Now In the Ashes » est bien le point culminant. Mais avec quelques tours de passe-passe dans la tracklist, il est possible de vivre une expérience de choix, où le hardcore se fait croque-mort sans les additifs à base de black metal courants actuellement. Un charcutage qui ne me dérange pas, en premier lieu car telle œuvre, bien qu'imparfaite, est assez rare pour qu'on balaye de la main ses quelques aventures moins concluantes. Mais surtout car Will Haven ne s'ennuie pas de commodités pour nous massacrer et nous faire délirer. Alors, vous pensez...

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Will Haven
Post / Noisecore
2018 - Minus Head Records
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (2)  8/10
Webzines : (4)  7.5/10

plus d'infos sur
Will Haven
Will Haven
Post / Noisecore - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Hewed with the Brand
02.   Winds of Change
03.   Kinney
04.   The Son
05.   43
06.   No Escape (feat. Mike Scheidt)
07.   Unit K
08.   Ladwig No. 949
09.   Bootstraps
10.   Now In the Ashes
11.   El Sol (feat. Stephen Carpenter)

Durée : 47 minutes 12 secondes

line up
parution
23 Mars 2018

voir aussi
Will Haven
Will Haven
Voir Dire

2011 - Bieler Bros Records
  
Will Haven
Will Haven
Open The Mind To Discomfort (EP)

2015 - Artery Recordings
  

Essayez aussi
Danishmendt
Danishmendt
Un Passé Aride

2010 - Cold Void Emanations / Odio Sonoro
  
Sofy Major
Sofy Major
Permission To Engage

2010 - Prototype Records / Odio Sonoro / Basement Apes Industries / Atropine Records / Bigoût Records
  
Sofy Major / Membrane
Sofy Major / Membrane
Split (Split 12")

2011 - Prototype Records / Ocinatas Industries / Basement Apes Industries / Bigoût Records / Impure Muzik
  

Seance
Fornever Laid To Rest
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
S.O.D.
Live at Budokan (Live)
Lire la chronique
Frightful
What Lies Ahead
Lire la chronique
Doomsday
Doomsday (EP)
Lire la chronique
Hirax
Faster Than Death
Lire la chronique
Sarcator
Swarming Angels & Flies
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Avril 2025
Jouer à la Photo mystère
Entretien avec Brokenheads
Lire le podcast
Entretien avec Repurgator
Lire le podcast
Burning Dead
Into the Abyss
Lire la chronique
Radiation
Reactor Collapse
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Gozer
This Is Gore
Lire la chronique
Surgical Invasion
Death Before Dishonor
Lire la chronique
High On Fire
Cometh the Storm
Lire la chronique
Necrodeath
Arimortis
Lire la chronique
Under Assault
Deadly Experiments
Lire la chronique
High On Fire
Death Is This Communion
Lire la chronique
La photo mystère du 2 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Destabilizer
Monopoly on Violence
Lire la chronique
Herakleion
Necroverse (EP)
Lire la chronique
Synaptic
Enter the Void
Lire la chronique
Obscura Tour 2025
Gorod + Obscura + Skeletal ...
Lire le live report
Colisevm European Tour 2025
Iceland + Light of Dark + P...
Lire le live report
Pandemic
Phantoms
Lire la chronique
High On Fire
Blessed Black Wings
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Hazzerd
The 3rd Dimension
Lire la chronique
Bomber
Cages and Windows
Lire la chronique
Violent Definition
Progressive Obsoletion
Lire la chronique