Sofy Major / Membrane - Split
Chronique
Sofy Major / Membrane Split (Split 12")
Si le noisecore et ses riffs bruitistes, acérés, déformés et remodelés pièces après pièces tiennent de l’hymne pour ouvrier en mécanique, ses représentants ne chantent pas forcément les trois-huit de la même manière. Preuve est faite avec ce split réunissant Sofy Major et Membrane, deux pratiquants de l’usinage ayant décidé de marquer la fin de leur tournée commune en 2011 par des compositions diamétralement opposées bien que tenant unilatéralement du meulage.
C’est que malgré l’absence de champ libre que laissent les chaînes de production, chacun possède sa façon de célébrer le peu de liberté qu'offre l’employeur ! Ainsi Sofy Major, probablement fatigué des mouvements de compresseur au ralenti interférant avec ses rêves de baston sur son mois d’essai
Permission To Engage, termine ses journées dans l’alcool et les bavardages virils, les morceaux présents ici ne gardant que l’optique d’instantanée de sa première expérience longue-durée. Pas de mise-en-jambe puisqu’on est là pour les découper, soit par la méthode des polyvalents pensant qu’un marteau est fait pour s’adapter à tous labeurs (guitares de « Doomsayer And Friends » = je cogne ; batterie et basse de « Ruin It All » = JE COGNE), soit par des exclamations gutturales avec les potes en bleu de travail prêts à noircir les paupières des cols blancs venus tenter une prise de territoire à la brasserie du coin (Clair que c’est pas l’ex-Overmars et actuel Neige Morte Xavier Theret qui les laissera entrer, t’as qu’à voir ce qu’il leur met sur « Once Was A Warrior » !). Avec en sus un goût pour les lignes vocales plus fédératrices qu’une grève contre les baisses de salaires et des élans stoner transformant avec finesse les coups de chaises en groove fracassant (servi d'une production au poil !), les Français obtiennent à l’aise une promotion sur tous les plans, accédant au statut de « capitaine de soirée » expert dans l’aller-retour de gnons envoyés à la truelle.
Chez Membrane, par contre, ça ne respire pas le même air ! En dépit de sa carrure lui permettant de prétendre au statut d’ancien du revival noise (un premier album sorti en 2004 avec « Utility of Useless Things »), le power-trio n’a jamais vraiment su se faire complimenter par la hiérarchie. Tout juste qualifié de bon manutentionnaire par les collègues, il préfère jouer l’endurance discrète plutôt que les grandes bouches avec trois titres dont la répétitivité et la rage triste donnent l’impression d’assister à une conduite en Fenwick dirigée par Neurosis. Cependant, sa gueule d’atmosphère est trompeuse car l’oppression constante de « Gruesome Tales » et « Small Fires » mêlée à un double-chant monolithique ainsi qu’un son décapant dévoile rapidement derrière ce visage d’allure anonyme un sadique aimant embrocher les crânes comme un porte-palette les caisses. Toujours la fête donc, mais du côté des tôles.
On utilisera pour ce dernier et Sofy Major le mot « intègre » plutôt que l’expression « déjà croisé », leurs rappels à Unsane étant une plate-forme sur laquelle se meuvent des visions différentes du noisecore. Ici, les questions de révolution sont laissées aux syndicalistes ; un moindre mal en comparaison de la qualité de ce split où deux figures du genre en France, sans être irréprochables (baisse de régime en fin de shift pour l’un et l’autre sur « Once Was A Warrior » et « Lifeless Down On The Floor »), montrent le meilleur de leurs musiques respectives au point de transmettre l’envie de déclamer « Prolétaires de tous les pays… Maltraitez-nous » !
| lkea 13 Février 2012 - 1500 lectures |
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