Geraniüm - Geraniüm
Chronique
Geraniüm Geraniüm
Geraniüm, "The band not the plant" comme se plaît à le préciser malicieusement l'URL de leur blog personnel. Rassurez-vous, ce n'est pas cette année que Thrashocore se lancera dans des textes horticoles même si on a pourtant déjà donné avec Cannabis Corpse. Bref, Geraniüm est un groupe originaire de Strasbourg qu'Ikea n'a même pas voulu chroniquer. Du coup c'est moi qui hérite du pot de fleur et je l'en remercie. Pour la petite histoire, sachez juste que le groupe voit le jour début 2009 et s'en va très vite à l'assaut de la France et de toute l'Europe, partageant ainsi l'affiche avec quelques gloires de la scène Punk/Hardcore/Crust. De tout cela résulte un Tour CD quatre titres. En mai 2011 le groupe s'en va chez Truffaut et sort dans la foulée un split 7" en compagnie de ses meilleurs copains de Human Compost. Geraniüm s'en retourne ensuite besogner à travers toute l'Europe et revient finalement au pays le temps d'enregistrer son tout premier album que voici.
Huit titres autoproduits disponibles sur cire contre seulement 5€ ou alors gratuitement sur Mediafire en passant par leur page Bandcamp. Encore un groupe de Crust avec la main sur le cœur. Une initiative à saluer et un album à acheter pour soutenir ces talentueux herboristes à la main décidément bien verte.
Soyons clair, Geraniüm ne propose rien de nouveau pour quiconque a déjà écouté un disque de Crust. Si vous êtes un amateur du genre habitué à His Hero Is Gone, Tragedy, Ekkaia, Perth Express, Alpinist et compagnie, alors vous mettrez ici les pieds en terrain connu. Ceci étant, ce n'est pas une raison suffisante pour bouder Geraniüm et ne pas leur faire bonne presse. Ainsi, après les excellents Mörse découvert l'année dernière, voilà que Geraniüm vient prouver, s'il en était nécessaire, que la scène Crust hexagonale se porte comme un charme.
Huit titres dont quatre issus du fameux Tour CD de 2010 et réenregistrés ici pour l'occasion ("I've Got A Bigger Than Yours (Even If I Got Tities)", "Condoning The Leak", "Fashion Fuck Off" et "Homeostasis"). Soit, pour les fans de la première heure quatre nouveaux morceaux à se mettre sous la dent et pour les retardataires comme moi huit pépites de Crust à forte teneur émotionnelle. Riffs désabusés, ambiances noires, mélodies rugueuses et désespérées, rage exacerbée... Bref, tout l'attirail du parfait groupe de Crust qui se respecte. Une passion et une énergie débordante qui se ressentent dès les premières notes d'"Homeostasis" et cela jusqu'à la dernière seconde de "Fashion Fuck Off". Trente minutes intense faites de moments éreintants ("Condoning The Leak", "Les Cathédrales Du Vide", "And This Strange Sensation Of Being Nowhere At Home", "Fashion Fuck Off") mais aussi de moments plus en retenus, à la fois plus subtils et fortement chargés en émotion (les débuts d'"Homeostasis" et d'"Ils Arriveront Dans Un Murmure Puis Disparaitront Dans Le Brouillard Et La Terre", "I've Got A Bigger Than Yours (Even If I Got Tities)", "Les Cathédrales Du Vide" à 1:20...).
Geraniüm fait naître de sa musique un sentiment d'urgence qui ne nous quitte jamais vraiment. Le groupe donne ainsi l'impression d'être constamment au bord de la rupture, sur le fil du rasoir. Un sentiment fort mis en avant notamment par cette alternance de chants entre la voix grave et puissante de Nicolas et celle plus arrachée et à fleur de peau de Fabien. Une cohabitation faite sur un pied d'égalité et qui permet à Geraniüm de jouer sur les contrastes comme par exemple sur la dernière partie de l'excellent "And This Strange Sensation Of Being Nowhere At Home" où le chant âpre et profond de Nicolas vient se superposer aux guitares. Des guitares d'un noir profond, même dans ses moments les plus lumineux qui viennent servir des propos contestataires ("I've Got A Bigger Than Yours (Even If I Got Tities)", "Fashion Fuck Off") et désabusés ("Ils Arriveront Dans Un Murmure Puis Disparaitront Dans Le Brouillard Et La Terre", "Les Cathédrales Du Vide", "And This Strange Sensation Of Being Nowhere At Home") de Geraniüm.
Que dire de plus au sujet de ce premier album plein de promesses pour l'avenir. Geraniüm n'a pas la prétention de révolutionner le petit monde du Crust et c'est parfait comme ça. Le groupe propose ici huit titres intenses et suffocants mais pas dénués de subtilités. Ce premier album est un énorme crachat à la face du monde, un doigt d'honneur à toutes les conventions, un cri du cœur, un élan de passion et de rage. Bref, une musique vivante et pleine d'énergie à déguster comme elle vient, la bouche en cœur le poing levé. Épique.
| AxGxB 11 Janvier 2013 - 3531 lectures |
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