Il y a des choses qui ne se discutent pas. C'est avec cet album de Cursed que j'ai découvert le groupe, après lecture d'
une chronique par un certain Crown_Me sur VS webzine. Amateur de Converge (dont
Jane Doe m'avait encore laissé les joues rouges) et de Baroness (dont John Dyer Baizley a créé la pochette du disque nous intéressant aujourd'hui), c'était avec curiosité que je m'étais lancé dans l'écoute de
III: Architects of Troubled Sleep. Et je ne m'attendais pas à une telle claque qui, avec
I Don't Care Where I Go When I Die de Gaza, a signé mon amour pour ce hardcore noir, amour que j'ai pu développer sur Thrashocore.
Il y a des choses qui ne se discutent pas.
III: Architects of Troubled Sleep restera, en raison de ce qu'il a inauguré, mon album préféré de Cursed. Il faut dire qu'il contient, à sa manière, tout ce qui fait la force de ce type de hardcore, à la fois punk, extrême et sombre. À peine le sample cynique de « Architects of Troubled Sleep » passé, c'est une déferlante qui s'abat sur nous. Non recommandable aux cardiaques, cette entame ouvre les hostilités avec une rage qui, aujourd'hui encore, me colle le même sourire aux lèvres qu'au début. Après un longue-durée plus ambiancé et chaleureux envers ceux l'écoutant, la bande de Chris Colohan (toujours aussi doué que sur
One : clairement un des vocalistes les plus énervés que j'ai pu entendre) a décidé de renouer avec la haine pure sur ce qui sera son dernier coup de semonce. Un défilé de balayettes intitulées « Night Terrors », « Magic Fingers » et « Antihero Resuscitator ».
Toujours autant marqué par des groupes comme His Hero Is Gone et sa déprime vindicative ou Pig Destroyer, Cursed atteint ici des sommets d'agressivité, à la manière d'un « Into The Hive » dont le riff principal reste un exemple de frénésie. L'expression « terrorisme sonore » dont on aime user et abuser de nos jours ? Elle a pris chez moi ses racines dans ces trente-quatre minutes, où l'ultra-violence côtoie un certain désespoir, salissant de sa boue noire des thèmes politiques et sociaux bien connus ainsi que le petit monde du hardcore et ses faux amis (« Friends in the Music Business »). Telle une formation comme Complete Failure, Cursed n'est pas ton pote. Amer au départ et amer à la fin (inutile de rappeler ici les conditions de la séparation des Canadiens, déjà évoquées dans ma chronique de
One), il ne fait qu'évacuer sa douleur en la lançant sur nos tronches.
Cependant, et sans tomber dans une espèce de poésie romantique qui n'a pas sa place ici, Cursed dévoile sur
III: Architects of Troubled Sleep un autre versant de sa colère, où l'abattement prend le pas sur le reste. Qu'est-ce que j'ai pu écouter « Gutters » lors de mes premiers rendez-vous avec lui ! Titre mélodique, brut, où une guitare égrène ses notes comme un sadomasochiste pose ses outils sur la table, il termine l'ensemble en enlevant toute idée de plaisir, rendant claires les intentions de l'ensemble dans lequel il s'insère, des fois qu'on est vu ici uniquement une occasion de se défouler. Du blues fait au marteau-piqueur (rah, ce son ravageur...), voilà ce qu'est cet album.
Et pourtant, force est de constater que
III: Architects of Troubled Sleep n'est pas tout à fait au niveau de cette sauvagerie de
One. Doté de petits défauts (à commencer par son artwork, beaucoup trop mignon pour la musique qu'il illustre ; « c'est quoi ça ? Un CD de metal progressif ? »), il s'essouffle un peu trop en deuxième partie (lors de « Hegel's Bastards » et « Dead Air at the Pulpit ») pour pouvoir se mettre d'égal à égal avec la première fois que Cursed s'est habillé en damné. Mais impossible pour qui a commencé à porter des T-shirts noirs trop longs et à s'intéresser véritablement à tout ce qui contient l'étiquette « hardcore » avec lui de le considérer autrement qu'une œuvre indispensable. À la fois marqueur d'une époque et modèle à suivre quand on prétend jouer une musique l'ayant un petit peu mauvaise,
III: Architects of Troubled Sleep est un classique personnel. L'objectivité, une nouvelle fois, peut bien aller se faire voir.
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