Kurnugia - Forlorn And Forsaken
Chronique
Kurnugia Forlorn And Forsaken
Parmi les récentes sorties du label espagnol Memento Mori on trouve le premier album d’un groupe américain encore largement méconnu aujourd’hui et qui pourtant compte dans ses rangs tout un tas de vieux briscards expérimentés mais vraisemblablement voués à errer dans les méandres de l’underground à tout jamais.
Formé à Cleveland en 2012, Kurnugia est un groupe de Death Metal autour duquel on va en effet retrouver des membres ou ex-membres de groupes comme Embalmer, Decrepit, Nunslaughter, Terror (le groupe de Thrash, pas celui de Hardcore), Limbsplitter et même Integrity et Ringworm. Après deux EPs parus respectivement en 2013 (Tribulations Of The Abyss) et 2016 (Condemned To Obscurity), les Américains ont sorti le mois dernier un split en compagnie de Surgikill ainsi qu’un premier album intitulé Forlorn And Forsaken dont l’artwork pas forcément très folichon a été confié à Mark Cooper (Funeralopolis, Hemotoxin, Konkeror, Orphalis, Omnihility, Slaughterday...).
Au programme de ce premier album, un Death Metal à l’ancienne puisant sans trop de surprise l’essentielle de son inspiration du côté de la scène américaine du début des années 90. Vous pouvez donc d’ores et déjà passer votre chemin si la notion d’originalité est pour vous un sujet rédhibitoire. En effet, on ne peut pas dire que la musique de Kurnugia fasse preuve de beaucoup de personnalité tant celle-ci renvoie de part ses riffs, ses constructions ou ses atmosphères à des groupes considérés aujourd’hui comme de véritables pionniers dans le genre et dont les sorties récentes restent suffisamment solides pour continuer de faire pâlir la concurrence (Incantation et Immolation en tête de lice). Doit-on pour autant bouder son plaisir et passer à côté de ce genre d’albums particulièrement bien ficelés ? En ce qui me concerne, la réponse est non, évidemment.
Servi par une production musclée qui ne manquera pas de vous coller au fond de votre canapé tout en offrant ce qu’il faut d’aspérités pour y trouver cette authenticité et ce cachet doucement suranné qui font bien souvent défaut aux productions dites "modernes", Forlorn And Forsaken est un album aussi peu original qu’efficace. Moins porté sur le mid-tempo qu’un Incantation (même si on trouve tout de même quelques passages pesants tout au long de ces trente-huit minutes) et également moins technique qu’un Immolation au riffing si particulier, Kurnugia va tout miser sur la qualité de ses riffs particulièrement incisifs et immédiats ainsi que sur sa section rythmique des plus volontaires. Car derrière ses fûts, monsieur Chris Dora fort d’une expérience pour le moins significative (ex-Decrepit, ex-Integrity, ex-Ringworm et même ex-Incantation (live)) est loin de faire semblant, enchainant avec panache les tapis de double, les (hammer) blasts punitifs et bien entendu ces fameuses séquences de tchouka-tchouka toutes plus entrainantes les unes que les autres. Certes, il y a encore pas mal de marge avant de qualifier cet album de brutal mais en attendant les Américains sont loin de se traîner la bite. Et lorsque le tempo ralenti au profit de moments plus insidieux, monsieur Dora nous sert un jeu naturellement plus en retenu mais cependant toujours aussi écrasant. Bref, Kurnugia n’est clairement pas du genre à traîner la patte, préférant imposer à ses auditeurs une cadence relativement soutenue qu’il va intelligemment nuancer grâce à quelques ralentissements pesants toujours très bien sentis.
Si Chris Dora tient la mesure à bon rythme, la paire de guitaristes Dylan Gordon (Limbsplitter, ex-Embalmer) et Larry Kozumplik (ex-Decrepit) n’a certainement pas à rougir de quoi que ce soit. Ces derniers vont ainsi nous dispenser leurs riffs sombres et autres trémolos en provenance des Enfers qui, à défaut de posséder une personnalité particulièrement bien trempée (et oui, toujours le spectre d’Incantation qui plane au-dessus de chaque composition), ne se laisseront clairement pas marcher sur les pieds. Passé ainsi cette chouette introduction bien sombre probablement tirée d’un film que je n’arrive pas à trouver (j’ai bien envie de dire Batman de Tim Burton mais sans aucune certitude), Dylan et Larry vont enchaîner les riffs sombres plus ou moins rapides, les leads infernaux ainsi que les solos inquiétants au feeling délicieusement 90’s. On sent parfois pointer quelques notes plus mélodiques que les autres comme par exemple sur "When The Moment Of Death Arrives" et son côté late-Dismember mais d’une manière générale le Death Metal de Kurnugia est tout de même beaucoup plus porté sur l’attaque que sur la recherche de mélodies, aussi convaincantes soient-elles.
La plus grande faiblesse de ce premier album ? Son manque évident de personnalité. Sa plus grande force ? Être capable de dispenser la bonne parole avec autant d’efficacité. Si par chance c’est bien c’est bien ce dernier point qui prime chez vous pour l’appréciation d’un album ou d’un groupe alors Forlorn And Forsaken ne devrait certainement pas manquer de vous séduire tant chaque titre se concentre sur l’essentiel tout en étant capable d’apporter un soupçon non négligeable de nuance. Amateurs de Death Metal virile et dynamique (sans être trop brutal ni technique), voilà donc de quoi attiser votre curiosité.
| AxGxB 20 Mai 2020 - 938 lectures |
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