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Horrendous - Idol

Chronique

Horrendous Idol
Si les groupes qui ont quitté Dark Descent Records se comptent sur les doigts d’une main, c’est très certainement parce que le label de Colorado Springs est actuellement l’une des structures les plus solides et les plus respectées du circuit. Un roster de qualité (même si on ne peut pas plaire à tout le monde), un patron avec la tête sur les épaules qui sait ce qu’il veut et où il va, l’appui de clients fidèles qui soutiennent l’activité du label, une communication parfaitement maîtrisée qui ont ainsi apporté au label cette renommée qui aujourd’hui n’est plus à faire.
Du coup, lorsque Horrendous a annoncé son départ de Dark Descent Records (label qui les a lancé avec la sortie de leur premier album en 2012) pour aller rejoindre les rangs des Marseillais de Season Of Mist, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander pourquoi. Si je ne puis rien affirmer avec certitudes, j’imagine néanmoins que les raisons qui ont poussé les Américains à rejoindre le label français sont finalement assez simples :
- De plus gros moyens pour tout ce qui concerne la promotion.
- Un nom et une réputation qui va bien au-delà des frontières de l’underground.
- L’opportunité de pouvoir participer à de grosses tournées aux Etats-Unis mais aussi et surtout en Europe où le groupe n’a, je crois, encore jamais posé les pieds.

Moins pressé qu’il ne l’a été, Horrendous revient aux affaires après trois ans d’absence et un Anareta qui m’avait laissé un excellent souvenir même si je lui préférais son prédécesseur. Pour ce quatrième album intitulé Idol, le groupe originaire de Philadelphie renoue avec l’artiste Brian Smith pour un artwork toujours très réussi, sobre et plein de mystères à la fois (même si la thématique du crâne ne semble pas vouloir le quitter). Côté production, là non plus ça ne change pas puisque l’album a été enregistré pour la quatrième fois consécutive aux Subterranean Watchtower Studios par Damian Herring, une des quatre têtes évoluant au sein d’Horrendous. Une production toujours aussi impeccable alliant puissance et clarté qui laisse ainsi à chaque instrument l’opportunité de s’exprimer sans prendre le pas sur les autres.

Si Horrendous a débuté sa carrière comme un groupe de Death Metal relativement classique, empruntant autant à Autopsy qu’à Pestilence ou à Asphyx, les Américains ont très vite cherché à s’émanciper des standards du genre afin de prendre davantage de hauteur. Un pari qui comme toujours s’avère relativement risqué dans un milieu où la nouveauté n’est jamais vraiment bien perçue mais qui au final va s’avérer pour le moins payant. Si le groupe peaufine ainsi sa recette depuis déjà deux albums, Idol est à mon sens leur disque le plus équilibré et finalement peut-être le plus réussi même si Ecdysis et Anareta avaient tous les deux placé la barre assez haut. Comme toujours, Horrendous a le bon goût de ne jamais trop en faire. Les morceaux ne sont ainsi ni trop longs ni trop courts et surtout l’album ne s’éternise pas, évitant de faire de ces quarante minutes et deux secondes un moment toujours difficile.
Au contraire, on est même rapidement séduit par l’aisance dont fait preuve Horrendous dans l’exécution de ces huit nouvelles compositions qui lorgnent désormais bien plus ouvertement vers un Death Metal technique à l’ancienne. Et si vous aviez encore quelques doutes quant à la direction empruntée par les Américains depuis deux albums, la présence de cette basse absolument délicieuse saura vous rappeler ce qu’il en est exactement (on pense forcément aux bonnes heures d’Atheist ou de Cynic). Arrivé dans les rangs de la formation il y a deux ans, Alex Kulick n’a semble-t-il eu aucun souci à trouver sa place, apportant avec son instrument une dynamique supplémentaire. C’est d’ailleurs lui qui ouvre l’album le temps d’une très chouette introduction où hormis quelques samples et autres notes de synthétiseur il est le seul à s’exprimer. Son apport sur le reste de l’album se mesure ainsi à chaque seconde avec des accords tout en rondeurs qui semblent suivre leurs propres chemins ainsi que des séquences parfois plus contemplatives comme par exemple sur l’introduction de "The Idolater". Un véritable plus pour la musique d’Horrendous où la basse n’avait auparavant jamais été aussi expressive.

C’est finalement la seule véritable nouveauté que va apporter Horrendous sur ce nouvel album même si pour l’occasion, le groupe renoue sur quelques passages choisis avec soin avec le chant clair qu’il avait abandonné depuis Ecdysis ("The Idolater" et "Golgothan Tongues" sous formes de nappes, "Devotion (Blood For Ink)" ainsi que sur "Obulus" dans une attitude un peu plus grandiloquente). Mais même si fondamentalement le groupe ne surprend plus, je reste malgré tout émerveillé par l’aisance dont il fait preuve à chaque nouvelle sortie. Plus direct et peut-être mieux construit, Idol réussit à faire mouche dès les premières écoutes là où il fallait s’attarder davantage avec ses deux prédécesseurs. C’est en tout cas le sentiment que me donne ce nouvel album où tout semble couler de source, avec une facilité vraiment déconcertante. On sent qu’Horrendous s’est affranchit de schémas de compositions pas forcément toujours très naturels et aborde désormais les choses de manière plus coulée sans pour autant simplifier ni sa recette ni la manière dont il l’exécute. En tout cas, ce nouvel album éblouit par la qualité et la richesse de ses compositions (encore une fois, l’arrivée d’Alex Kulick n’y est pas étrangère), par ces enchevêtrements de séquences toutes différentes et pourtant si cohérentes, par ces riffs hyper efficaces et ces solos à vous hérisser le poil, par ce travail mélodique toujours aussi profond et constant et par cette aisance qui s’en dégage. Un régal pour tous les amateurs de Tech Death old school pleurant l’époque aujourd’hui révolue des premiers albums d’Atheist ou de Cynic (voir le Spheres de Pestilence).

En l’espace de quatre albums, Horrendous n’a eu de cesse de progresser, d’innover, de peaufiner son identité, accouchant aujourd’hui de ce qui est très certainement son meilleur album. Un condensé de Death Metal technique où tout est à sa place et où rien n’est en trop. Une harmonie globale qui fait d’Idol un disque extrêmement efficace et sur lequel on se plait à revenir encore et encore. Certes, ce disque n’aura probablement jamais la portée de ces quelques albums dont il s’inspire mais il y a quand même matière à prendre beaucoup de plaisir à l’écoute de ces huit nouvelles compositions rondement menées.

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Horrendous
Death Metal
2018 - Season Of Mist
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (6)  8.83/10
Webzines : (7)  7.66/10

plus d'infos sur
Horrendous
Horrendous
Death Metal - 2009 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Prescience  (01:18)
02.   Soothsayer  (04:53)
03.   The Idolater  (05:12)
04.   Golgothan Tongues  (06:15)
05.   Divine Anhedonia  (05:03)
06.   Devotion (Blood For Ink)  (06:25)
07.   Threnody  (02:19)
08.   Obolus  (08:37)

Durée : 40:02

line up
parution
28 Septembre 2018

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