Alors que certains groupes peinent à trouver l’inspiration nécessaire pour accoucher d’un successeur digne de leurs précédentes réalisations, quelle qu’elles soient, d’autres ont par contre beaucoup plus de facilités et ne se privent pas de nous le faire savoir. C’est le cas des Américains d’Horrendous qui un an seulement après l’excellent
Ecdysis viennent nous présenter en cette fin octobre leur troisième album. Celui-ci s’intitule
Anareta et sort bien évidemment sur Dark Descent Records. A cette occasion le groupe de Philadelphie à pour la seconde fois consécutive fait appel aux services de Brian Smith qui nous propose un artwork toujours particulièrement réussi mais à l’atmosphère bien plus sombre et explicite que celle d’
Ecdysis.
Et il y a une explication très simple à cela. Vous la trouverez dans le titre même de ce troisième album:
Anareta. Enfin ça c’est seulement si vous vous y connaissez en astrologie. Pour les autres, vous devrez faire comme moi et vous rendre sur Internet pour en savoir davantage sur la signification de ce mot étrange dont je vous synthétise ici la définition :
Dans l’astrologie, l’Anérète est synonyme de "planète qui tue" ou "destructeur". Il s’agit de l'astre le plus mauvais d’un thème astral. Souvent ce rôle néfaste échoit à Mars et Saturne parce que ces planètes sont, dans tous les thèmes, des "significateurs de mort". Ce rôle peut, cependant, être attribué à n'importe quelle planète. En général, les mauvaises directions entre l'anérète et les "significateurs de la vie" marquent la fin de l'existence. Voilà, vous savez plus ou moins de quoi il retourne même si, comme moi, tout cela doit vous paraître encore bien abstrait…
Mais peu importe la signification de ce titre, une chose est sûre c’est que le risque était grand pour Horrendous de revenir vers ses auditeurs dans un délai aussi court. D’autant qu’il y a fort à parier que la moitié des gens qui ont posé leurs oreilles sur
Ecdysis ne l’ont probablement pas encore complètement assimilé tant celui-ci fourmille d’éléments à se mettre sous la dent. Un risque que le groupe semble pourtant prêt à assumer quitte à susciter peut-être moins d’excitation et d’enthousiasme auprès de son propre auditoire. A cela je plaide d’ailleurs coupable puis-qu’effectivement, passé le sentiment de surprise lié à l’annonce de ce troisième album, je n’ai pas forcément fait preuve d’un engouement débordant à l’encontre d’
Anareta, notamment après la première écoute qui m’a semblé déjà bien familière.
En effet,
Anareta se retrouve "pénalisé" par un effet de surprise réduit désormais à peau de chagrin. Là où
Ecdysis faisait s’interroger/s’extasier/enrager l’auditeur en le confrontant à une musique qu’il n’attendait pas et en le contraignant à se plonger dans un univers quelque peu réarrangé, ce nouvel album emprunte tout naturellement le chemin tracé par Horrendous sur son prédécesseur sorti il y a un tout petit plus d’un an. Sachant cette fois-ci à quoi s’attendre, on se laisse alors moins facilement bousculer, cherchant plutôt à mesurer d’entrée de jeu l’efficacité de chacune de ces huit nouvelles compositions. Et si cet album se montre naturellement moins surprenant, il est aussi un petit peu moins "bon". Entendons-nous bien, quand je dis moins "bon", je veux seulement dire qu’il n’est pas tout à fait du niveau d’
Ecdysis. Cela ne veut donc absolument pas dire qu’
Anerata ne vaille pas la peine d’être écouté/acheté.
Bien au contraire, celui-ci recèle une fois de plus de moments saisissants lors desquels l’atmosphère, la technique et le feeling délivrés par le trio américain se mélangent pour donner vie à un Death Metal mélodique et progressif toujours aussi homogène. Un jeu d’équilibriste mis en valeur par la production irréprochable d’un Damian Herring qui contribue à rendre l’ambiance d’
Anareta toujours aussi contrastée. Comme sur
Ecdysis, son travail permet à cet album de bénéficier des avantages d’une production moderne (lisibilité, équilibre, puissance...) tout en y apportant ce qui fait encore aujourd’hui le charme d’un album du début des années 90 (feeling, grain, réverb’...). Une tâche ardue mais néanmoins maîtrisée qui assure une fois de plus à ce troisième album de solides bases pour convaincre.
Des bases sur lesquelles vient s’appuyer un travail mélodique toujours aussi remarquable. Aussi, les leads et soli délivrés par le duo Damian Herring/Matt Knox continuent de nous faire voyager dans cet univers étrange et fantastique à l’atmosphère tantôt épique, tantôt éblouissante. Car hormis la voix rugueuse de Damian dont le timbre se veut toujours très proche de celui de Martin Van Drunen, il n’y a plus trace d’agressivité dans les mélodies développées par le duo. Ces dernières ne sont là que pour envelopper l’auditeur et l’amener à ressentir cette liberté de composition qui anime désormais Horrendous. Une position déjà prise par le trio sur
Ecdysis et confirmée ici grâce à un résultat toujours aussi exemplaire.
Anareta conserve également ces fameuses structures plus complexes et saccadées qui marquaient déjà son prédécesseur. Une mise en forme exigeante qui écarte tout sentiment d’immédiateté au profit d’une richesse toujours aussi débordante. Bien sûr, cela implique également que l’auditeur soit disposé à faire l’effort de multiplier ses écoutes pour se laisser séduire et attraper par ce Death Metal progressif. Une gageure évidente à l’époque où les gens consomment de la musique comme ils zappent à la télévision. Pour autant, Horrendous sait prendre les choses avec plus de légèreté, proposant régulièrement des séquences bien plus frontales. Ces moments sont vécus comme de véritables appels d’air qui permettent de varier le rythme et de donner un coup de fouet à des titres plus souvent mélodiques et progressifs.
Malgré toutes ces qualités, ce troisième album n’est pas tout à fait à la hauteur de l’excellent
Ecdysis. Effet de surprise mis à part, la prise de risque semble moins audacieuse que sur son prédécesseur. Pire, le groupe donne le sentiment de faire machine arrière sur des petites choses jugées pourtant intéressantes. Où sont en effet passés ces incartades en chant clair? Pourquoi n’y a-t-il plus de titres de la trempe de "The Vermillon" (cette ballade acoustique sentant bon les années 80)? Alors non, rien de bien significatif dans l’absolu mais de quoi me faire préférer tout de même
Ecdysis à
Anareta.
Vous l’aurez probablement compris, difficile de départager ces deux pierres angulaires de la discographie des Américains. Pour ma part, sans être franche, ma préférence va tout de même à son prédécesseur que je trouve moins « facile » et plus aventureux. Pour autant,
Anareta reste une démonstration de talent et surtout un album débordant de personnalité malgré des références évidentes à des groupes tels que Death, Pestilence ou Atheist. Passé ce lien de parenté, on tient une fois de plus un album original et presque rafraîchissant s’il ne s’agissait pas de Death Metal. Par contre, malgré tout l’intérêt que je porte à Horrendous, il serait bien que le groupe prenne désormais le temps de se poser et ne pas revenir à la charge d’ici un an sous peine de lasser son public. Que voulez-vous, le désir ça s’entretient.
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