Après la disparition tragique de Ruben Elizondo en août 2021, il aurait été facile pour Dave Herrera d’en rester là et de tirer alors un trait sur une histoire débutée il y a tout de même plus de trente ans. Désormais seul membre historique encore en activité au sein d’Imprecation, le Texan a néanmoins choisi de ne pas baisser les bras, poursuivant ainsi cette aventure en compagnie de ses autres camarades restés debout. Pour se faire, les Américains ont tout de même dû mettre la main sur un nouveau batteur en la personne de Matt Heffner (Cemetarian, Cruciamentum, Oath Of Cruelty, ex-Morbosidad, ex-Blaspherian). Un cogneur de fûts particulièrement expérimenté qui pourtant n’a pas participé à l’enregistrement de ce nouvel album paru en octobre 2022 sur Dark Descent Records.
En effet, aussi étrange que cela puisse paraître en terme de chronologie, ce sont bel et bien les parties de batterie (et de synthétiseur) du regretté Ruben Elizondo que l’on peut entendre tout au long de
In Nomine Diaboli. Un troisième album produit par un certain Mike BBQ (Oath Of Cruelty, Oceans Of Slumber, P.L.F., Trenchant...) ainsi que par l’infatigable Dan Lowndes que l’on ne présente plus. Pour ce qui est de l’illustration, les Américains ont choisi de faire appel aux services du talentueux José Gabriel Alegría Sabogal à qui l’on doit notamment tout un tas de travaux particulièrement convaincants pour des formations telles que Whoredom Rife, Beheaded, Slægt, Sinmara, Mosaic, Cult Of Fire, Blasphemer et j’en passe. L’Allemand aux origines latines évidentes signe pour l’occasion une oeuvre qui, à l’image du Death Metal des Texans, transpire le blasphème par tous les pores est laisse évidemment peu de doutes planer sur ce que l’on va y trouver.
Pour ce retour aux affaires, Imprecation n’a pas spécialement choisi de revoir sa copie même si
In Nomine Diaboli s’impose rapidement comme un successeur nettement plus musculeux et brutal. En effet, si sur le fond les Texans n’ont rien changé à cette formule qui est la leur et qui dans les faits se traduit par un Death Metal particulièrement sombre et malveillant largement influencé par le Incantation de la grande époque, le dosage entre parties plombées et séquences nettement plus soutenues a quant à lui été revu en faveur d’une approche désormais bien plus virulente et agressive. Un constat qui devrait ravir à n’en point douter tous ceux qui jusque-là envisageaient la formation de Houston comme un groupe à la brutalité beaucoup trop bridée et parcimonieuse.
De fait, si on trouve toujours quelques séquences sensiblement plus lourdes et pesantes tout au long de ces trente-neuf minutes, on sera tout de même quelque peu surpris par ce souffle de brutalité qui domine aujourd’hui sur ce troisième album et sur ces compositions également un poil plus courtes qu’auparavant (à l’exception de "Stigmata Wounds" et "No Kingdom Awaits (Let Us Prey)", chaque titre oscille ici entre deux et quatre minutes). Bref, vous l’aurez compris, Imprecation entend bien s’imposer et c’est à coups de blasts et autres parties menées le couteau entre les dents qu’il va le faire ici. De "Reborn In Fire" à 0:36 à "Agnus Dei (Spill The Blood)" à 0:08 en passant par "Ars Goetia" à 1:03, "Bringer Of Sickness" à 0:25, "Black Communion" à 0:48, "Devil's Furnace" à 0:05 ou "Forward The Spears" et ses premières secondes pour le moins explosives, les démonstrations de force ne manquent pas tout au long de ce troisième album décidément bien plus corsé que son prédécesseur qui pourtant ne manquait pas de ce genre de moments.
Néanmoins, comme évoqué brièvement plus haut, quelques instants plus pesants font encore partie du décorum. C’est le cas par exemple sur "Black Communion", "Devil's Furnace", "Thorns Of Hate", "Stigmata Wounds" ou bien encore sur "No Kingdom Awaits (Let Us Prey)". Des séquences nombreuses mais qui ne s’étirent jamais sur plus d’une minute (et quelques secondes) et qui vont naturellement permettre d’amener du relief et de la nuance à des compositions pouvant sinon paraître un poil trop linéaires. Ces moments permettent également le développement de ces atmosphères morbides et blasphématoires qui enveloppent de leur étreinte chacune de ces nouvelles compositions. Des ambiances prenantes entretues également par ces nappes relativement discrètes de synthétiseur signées du regretté Ruben Elizondo et que l’on peut retrouver un petit peu partout tout au long de l’album sans qu’elles soient pour autant envahissantes.
Plus de trois ans après un
Damnatio Ad Bestias qui chez moi avait récolté bonne presse, Imprecation revient faire parler la poudre et cela d’une manière particulièrement énervée. En effet, si le Death Metal des Texans reste à peu de chose près le même, soit une musique sombre et fuligineuse profondément anti-chrétienne, le groupe a estimé qu’il était temps de corser sérieusement le ton et de revoir l’équilibre entre séquences plombées et passages particulièrement plus soutenus. Certains trouveront peut-être que les Américains ont perdu un petit peu de ce qui faisait leur charme, notamment en terme d’atmosphères, mais il faut bien avouer que cela est largement compensé par le gain de brutalité et d’efficacité découlant de tous ces moments menés avec la furieuse envie d’en découdre. Bref, Imprecation ne réinvente absolument rien avec son Death Metal mais ce virage nettement plus viril fait aujourd’hui de ce troisième album un disque particulièrement réussi sur lequel on ne manquera pas de revenir avec grand plaisir.
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