Contrairement à certains de ses anciens camarades de chez Maggot Stomp Records (je pense à Frozen Soul, Sanguisugabogg et Vomit Forth), il aura fallu un petit peu plus de temps aux Américains de 200 Stab Wounds pour que ces derniers parviennent à obtenir un contrat avec l’un de ces gros labels qui règnent sur le monde de la musique dite "extrême". En l’occurence c’est sur Metal Blade Records que le groupe originaire de Cleveland a trouvé refuge en 2023. Une signature rapidement actée par la sortie d’un single deux titres (ne me demandez pas de vous expliquer la logique là-dedans) intitulé
Masters Of Morbidity que je n’ai d’ailleurs jamais eu l’idée de chroniquer en ces pages... Deux titres sympathiques qui d’ailleurs ne figurent pas sur ce nouvel album paru la semaine dernière.
Intitulé
Manual Manic Procedures, ce deuxième longue-durée marque ainsi pour 200 Stab Wounds une étape importante dans sa carrière puisque cela pourrait bien être le début d’une certaine reconnaissance au moins aussi retentissante que celles des rigolos décérébrés de Sanguisagabogg ou des gros nounours amoureux de Bolt Thrower de Frozen Soul. Deux groupes pour qui les choses marchent effectivement plutôt bien depuis leurs signatures chez Century Media Records. Bref, au tour de Steve Bull et ses petits copains (parmi lesquels Raymond Macdonald du groupe Kombat arrivé dans les rangs de la formation l’année dernière en tant que second guitariste) de tenter leurs chances. Pour l’occasion, 200 Stab Wounds ne s’est pas trop mis en danger en sollicitant une fois de plus l’expertise du producteur Andy Nelson ainsi que celle de monsieur Brad Boatright à qui l’on doit de nouveau le mastering de ces neuf nouvelles compositions.
Parmi les premières choses encourageantes à l’égard de
Manual Manic Procedures, notons le soin apporté (toute proportion gardée) à cette nouvelle illustration qui certes pue toujours autant la tripaille et l’hémoglobine (en plus de lorgner du côté de celle de
Mondo Medicale d’Impaled) mais qui s’avère tout de même un poil plus engageante que celle de son prédécesseur qui à l’époque avait dû en refroidir plus d’un (moi le premier)... Certes, on ne parlera toujours pas d’œuvre d’art pour qualifier cette illustration sanguinolente mais on peut tout de même s’accorder sur le fait qu’il y a du mieux non ?
Pour ce qui nous intéresse véritablement ici, soyez certains que ce n’est pas encore aujourd’hui que la révolution aura lieu puisque sans surprise 200 Stab Wounds reprend le chemin de ce Death Metal bas du front dont il s’est fait une spécialité depuis maintenant quelques années. Pour autant,
Manual Manic Procedures compte bel et bien quelques petites nouveautés. Rien qui ne soit capable de véritablement changer la donne mais de petites choses bien senties qui vont amener un soupçon de fraîcheur à une recette autrement plus limitée. De cette introduction aux sonorités thrashisantes de "Hands Of Eternity" au titre instrumental plutôt bien troussé (et judicieusement placé) qu’est "Led To The Chamber / Liquified" en passant par ce solo mélodique et cette conclusion électro-acoustique sur "Flesh From Within", ces arpèges crystalins sur les premières mesures de "Defiled Gestation" ou encore ce featuring de Jami Morgan de Code Orange sur "Ride The Flatline", on ne peut pas dire que les Américains se soient bêtement contentés d’appliquer la même formule.
Pourtant,
Manual Manic Procedures s’inscrit bel et bien comme la suite logique du sympathique
Slave To The Scalpel avec une fois de plus les mêmes ingrédients distillés avec toujours autant de finesse et de subtilité. Une recette à base de riffs bien épais jamais très compliqués (les exemples sont inutiles puisqu’il s’agit d’un constat global), d’accélérations aussi jouissives qu’efficaces exécutées à l’aide de bourre-pifs thrashisants ("Hands Of Eternity" à 2:48, "Manual Manic Procedures" à 1:17, "Flesh From Within" à 0:13 puis 0:39, "Parricide" à 0:21...) et autres coups boutoirs un poil plus plus soutenus et musclés ("Hands Of Eternity" à 3:02, "Release The Stench" 0:41, "Defiled Gestation" à 1:04, "Ride The Flatline" à 1:21...), de quelques touches mélodiques bien senties chargées d’aérer le propos ("Manual Manic Procedures" à 1:41, "Release The Stench" à 1:09, "Led To The Chamber / Liquified" à 1:48, "Flesh From Within" à 1:33...) et de ralentissements bien épais très justement taillés pour briser des nuques grâce à un groove chaloupé particulièrement irrésistible ("Hands Of Eternity" à 1:28, l’essentiel de "Gross Abuse", "Manual Manic Procedures" à 0:26, "Release The Stench" à 0:29 et 1:43, « Defiled Gestation » à 0:32, "Ride The Flatline" à 1:41 et j’en passe). Bref, de quoi faire de cette petite demi-heure un moment particulièrement réjouissant à défaut de quoi que ce soit d’autre.
Une fois de plus, le Death Metal de 200 Stab Wounds ne brille clairement pas par son originalité et ses prises de risques. Cependant, il faudrait quand même être de mauvaise foi pour ne pas voir que le groupe originaire de l’Ohio a ici cherché à injecter quelques éléments nouveaux à sa formule histoire d’étoffer son propos et de varier un petit peu plus les plaisirs. Certes,
Manual Manic Procedures ne révolutionnera pas le genre qui de base n’est déjà pas parmi les plus futés mais au petit jeu des comparaisons, il me paraît peu présomptueux d’affirmer que ce dernier né se hisse finalement un poil au-dessus de son pourtant déjà sympathique prédécesseur.
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