Mortuous - Through Wilderness
Chronique
Mortuous Through Wilderness
Si elle est désormais plutôt bien lancée, la carrière des Américains de Mortuous semble pourtant avoir eu bien du mal à décoller. Formé en 2009 à l’initiative d’un certain Colin Tarvin, celui-ci est rejoint l’année suivante par Mike Beams (ex-Exhumed, ex-Noothgrush, ex-Repulsion), Col Jones (Dekapitator, ex-Exhumed) et Nick Sunshine. Le groupe sortira sous cette configuration deux démos, la première en 2010 et la seconde deux ans plus tard. Malheureusement, les Américains devront faire face à quelques galères de line-up suite aux départs de Nick Sunshine et Col Jones. Ces derniers seront alors remplacés par Clint Roach et Chad Gailey (Atrament, Necrot, Scolex (live), ex-Vastum, Carbonized Records). En dépit d’un line-up retrouvé, quelques années supplémentaires seront tout de même nécessaires à Mortuous pour passer enfin aux choses sérieuses, notamment avec la sortie cette année via Tankcrimes Records (et depuis peu via Dawnbreed Records pour l'Europe) de leur premier album intitulé Through Wilderness.
Paru au début de l’été, il a fallu que l’on me mette le nez dessus sans quoi je serais probablement passé complètement à côté de ce disque qui pourtant à tout pour convaincre. D’ailleurs, l’artwork signé Marald van Haasteren (Baroness, Entrapment, Necrot, Slutvomit...) aurait dû me mettre la puce à l’oreille tout comme la liste des invités venus taper l’incruste le temps de brèves participations (Chris Reifert poussant la chansonnette sur "The Dead Yet Dream" et "Anguish And Insanity", Danny Coralles se fendant d’un lead sur "The Dead Yet Dream", Derrel Houdashelt grattant lui aussi un lead sur le morceau-titre, Matt Harvey écrivant les paroles de "The Dead Yet Dream"). Bref, une fois n’est pas coutume, c’est avec un peu de retard que je viens vous parler aujourd’hui de Mortuous, groupe de Death Metal aussi classique qu’efficace.
Et oui, désolé de vous décevoir mais ce n’est pas encore aujourd’hui que nous allons aborder ensemble ce groupe capable de réinventer le genre, de dépasser les frontières et de rompre les clivages qui existe dans le Metal, cette grande famille. Et cela pour la simple et bonne raison que les Californiens n’en n’ont strictement rien à carrer de tout ça. Ce qu’ils veulent c’est jouer du Death Metal à l’ancienne, un Death Metal sombre et menaçant prenant racine du côté de ses ancêtres à commencer par Incantation avec qui Mortuous partage effectivement beaucoup de points communs (on pourrait également citer les noms de Rottrevore (pour ce côté bien gras) et Autopsy (pour ce son abrasif et l’esprit Punk qui anime cette basse frétillante) parmi d’autres).
Pourtant, avec cette introduction acoustique que l’on dirait sortie d’un album d’Alda, on a comme l’impression que le groupe cherche à brouiller les pistes. Un sentiment de courte durée puisqu’après cette première minute aux couleurs automnales et vespérales, Mortuous remet rapidement les pendules à l’heure à coup de blasts soutenus et frénétiques, de riffs particulièrement putrides et de ralentissements amenant une sacrée lourdeur à l’ensemble. Quatre petites minutes pleines de contrastes durant lesquelles Mortuous va donner le ton des morceaux à venir. Certes, l’originalité n’est assurément pas le point fort des Américains mais la qualité des compositions (du rythme, des ambiances prenantes, des riffs/leads/solos simples mais très efficaces), les nuances dont ils font preuve (accélérations, ralentissements, apports mélodiques...) ainsi que les quelques touches personnelles amenées ici et là de manière intelligente (l’introduction acoustique de "Beyond Flesh" et sa réponse en conclusion de "Screaming Headless", ces quelques notes de piano sur "Prisoner Unto Past" et "Screaming Headless" ou bien cette flûte sur "Screaming Headless") permettent d’oublier bien vite ce point de détail.
Servi par une production aux petits oignons signée Greg Wilkinson (Acephalyx, Autopsy, Brainoil, Extremity, High On Fire, Vastum, Undergang…), Through Wilderness s’impose rapidement comme un album extrêmement solide pour quiconque apprécie ce genre de Death Metal aux atmosphères épaisses et suffocantes. Il est vrai que les points de ressemblance avec la bande à McEntee sont plutôt légion (encore une fois, ces accélérations soutenues auxquelles vont venir s’opposer sans crier gare ces séquences d’une lourdeur extrême sur lesquelles vont venir se poser les growl rugueux et profonds de Colin Tarvin et Mike Beams, le tout sur fond de riffs et de leads sinistres et blasphématoires comme on les aimes) mais je ne vois aucune raison valable de m’en plaindre tellement ces quarante minutes s’enfilent sans jamais rechigner.
Si les Californiens ont déjà derrière eux une longue carrière de prêt de dix ans, la sortie récente de ce premier album fait néanmoins de Mortuous l’une des bonnes découvertes de l’année en matière de Death Metal. Certes, le groupe ne peut pas vraiment compter sur son originalité pour convaincre mais si pour vous ce genre de considérations est de l’ordre du détail anecdotique alors je vois mal les raisons qui pourraient vous pousser à ne pas apprécier leur Death Metal puisqu’au final, on retrouve chez ces garçons tout ce qui fait le sel de la scène Death US depuis déjà un paquet d’années. Rien de plus, rien de moins. A tous les amateurs d’Incantation, Funebrarum, Autopsy, Rottrevore et consort, Through Wilderness s’offre aujourd’hui à vous sans la moindre retenue.
| AxGxB 25 Octobre 2018 - 1163 lectures |
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