Mortuous - Upon Desolation
Chronique
Mortuous Upon Desolation
L’influence d’Incantation sur la scène Death Metal n’est pas un sujet à débat. Ce point est avéré depuis déjà belle lurette et si vous pensez pouvoir argumenter du contraire, je vous souhaite bien du courage pour ne pas vous ridiculiser et vous heurter à une levée de boucliers... De la même manière, l’aura du groupe est encore aujourd’hui particulièrement solide, que ce soit parmi les vieux de la vieille (qui parfois manquent peut-être un petit peu de discernement sur le sujet) où chez les plus jeunes qui trainent leurs guêtres dans le milieu depuis quelques années seulement. Que vous le vouliez ou non, Incantation a en effet contribué indiscutablement à la construction de ce genre et cela ne changera pas. C’est certain.
Cependant, malgré tout l’amour et le respect que je porte au groupe de John McEntee, il n’en reste pas moins que la formation américaine est en perte de vitesse constante depuis maintenant une petite dizaine d’années. Une décennie marquée par des albums certes sympathiques mais cependant bien loin du niveau d’antan. Alors oui, c’est vrai qu’être encore là à s’agiter après trente ans de carrière relève en quelque sorte de l’exploit (surtout après tant de mouvements en interne) mais encore une fois, ne pas voir que la jeune garde ne s’est pas contenter que de reprendre simplement le flambeau relève de la politique de l’autruche. Évidemment, tout cela reste assez subjectif mais quand même, sortez-vous les doigts des oreilles si vous pensez encore le contraire ! Bref, tout ça pour vous dire que Mortuous, groupe formé en 2009 à San Jose, Californie, marche à grandes enjambées dans les pas d’Incantation et qu’avec son deuxième album paru en septembre dernier chez Carbonized Records (Chthonic Deity, Moribund Dawn, Socioclast, Steel Bearing Hand...) et Extremely Rotten Productions (Cerebral Rot, Deiquisitor, Hyperdontia, Undergang...), celui-ci prouve encore une fois que les élèves ont dépassés le maitre...
Intitulé Upon Desolation, ce nouvel album est illustré une fois de plus par l’artiste néerlandais Marald Van Haasteren (16, Baroness, Kylesa, Necrot...) qui à cette occasion signe une oeuvre plutôt sympathique mais qui selon moi manque tout de même un petit peu de contrastes pour réussir à véritablement convaincre. Au rang des collaborateurs avec lequel Mortuous a déjà travaillé, on retrouve également monsieur Greg Wilkinson qui n’en finit pas de s’inviter sur les productions les plus en vue de cette année 2022. Comme à l’accoutumé, ce dernier livre un travail exempt de véritables défauts et qui surtout colle à merveille à Mortuous et à son Death Metal des cavernes.
Alors naturellement, lorsque l’on s’inspire d’Incantation aussi ouvertement, la marge de manoeuvre s’avère relativement étroite et ne laisse pas beaucoup de place à la nouveauté ou à l’expérimentation. Mortuous l’a très bien compris et reste ainsi durant ces trente-sept minutes particulièrement fidèle à la recette de son ainé. Pour autant, cela n’empêche pas les Californiens’y amener une fois de plus quelques sonorités relativement surprenantes (étant donné le contexte) histoire d’apporter tout de même un brin de fraîcheur et de personnalité à une formule qui, pour le reste, ne réserve effectivement aucune surprise. Ces sonorités sont celles d’un violon (tenu cette fois-ci par Andrea Morgan du groupe Exulansis) que l’on va retrouver sur "Nothing" à 2:48 et "Defiled By Fire" à 2:58 ainsi que celle d’un piano sur "Ash And Dismay" à 2:35 et "Graveyard Rain" à 2:07. Des arrangements jamais trop encombrants (mais cependant davantage mis en avant ici) et qui permettent à la formation de changer quelque peu de registre durant ces quelques instants en laissant planer des atmosphères toujours très sombres mais également beaucoup plus mélancoliques.
Pour le reste, la formule demeure donc cousue de fil blanc (et ce n’est certainement pas un problème) avec tous ces éléments qui ont fait la particularité d’Incantation. Mortuous va ainsi se « contenter » de distiller son savoir-faire et même davantage à travers des compositions particulièrement efficaces et assurément plus convaincantes que celles offertes ces quelques dernières années par John McEntee et sa bande. Album relativement varié, Upon Desolation se plaît à changer de dynamique en faisant ainsi se succéder séquences fuligineuses et blasphématoires menées pied au plancher ("Carve" à 2:18, "Nothing" à 0:47, "Metamorphosis" à 0:28, "Days Of Grey" à 0:34, l’essentiel de "Defiled By Fire" et j’en passe...), accélérations moins tendues exécutées sur la base de tchouka-tchouka toujours aussi imparables et passages évidemment beaucoup plus lourds dont émanent ces atmosphères particulièrement chargées et pesantes ("Nothing" à 1:03 et 3:40, "Metamorphosis" à 1:37, "Days Of Grey" à 3:11, "Ash And Dismay" à 1:46, "Graveyard Rain" à 2:07...). Les Californiens n’en oublient pas également d’y apporter un soupçon de groove histoire de rendre le tout encore un petit peu plus convaincant (trop nombreuses sont ses séquences chaloupées pour les énumérer une à une) ni même quelques touches mélodiques bien senties, quelles soient sous la forme de solos plus ou moins chaotiques ("Carve" à 2:55, "Metamorphosis" à 2:46, "Days Of Grey" à 0:51 ou 1:31, "Burning Still..." à 0:43 et 1:35, "Ash And Dismay" à 2:21, "Graveyard Rain" à 4:08...), de mélodies sinistres (les dernières secondes de "Carve" et de "Graveyard Rain", "Nothing" et cette séquence façon Peaceville Three entamée dès 3:40, ces petites notes lointaines façon Spectral Voice et compagnie sur "Days Of Grey" à partir de 3:11 ou "Graveyard Rain" à compter de 2:07...) et même de petites harmoniques sifflées si chères à vous savez qui…
Si Upon Desolation reprend donc à l’identique les mêmes gimmicks qu’il y a quatre ans, force est néanmoins de constater que le groupe de San Jose a pris soin de laisser davantage de place à ceux lui permettant de se distinguer de tous les autres clones plus ou moins talentueux d’Incantation qui pullulent aujourd’hui (je pense notamment à l’usage de ce violon et de ce piano que l’on retrouve sur près de la moitié des titres de l’album). Certes, la recette formulée par les Californiens n’a toujours rien de très originale mais une chose est sûre, l’efficacité est ici au rendez-vous et surtout, signe qui ne trompe pas, l’irrésistible envie d’y revenir à l’issue de chaque nouvelle écoute.
| AxGxB 13 Décembre 2022 - 1088 lectures |
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