Je ne sais pas si avec l’âge ma mémoire commence à me jouer des tours mais j’en étais bêtement resté à
Death Ordinance paru en 2017 et basta... Sauf qu’entre temps les Néo-Zélandais ne se sont pas particulièrement tournés les pouces. En effet, on leur doit depuis plusieurs autres sorties comme un single paru peu de temps après ce premier album, une compilation de démos et de EPs sortie en 2019 sous l’égide du label français Krucyator Productions, un split en compagnie de Serpent Athirst, Genocide Shrines et Trepanation (2019) puis un autre avec Antediluvian (2020). Bref, j’ai donc encore largement de quoi faire si je souhaite un jour céder à mes manies complétistes…
En attendant, on va s’intéresser aujourd’hui à
Edifice, deuxième album d’Heresiarch paru le mois dernier chez les artificiers d’Iron Bonehead Productions. Pour le coup (et même si c’est déjà le cas depuis belle lurette), c’est un groupe quelque peu remanié que l’on va retrouver puisque depuis 2017, J.B. (ex-Diocletian, basse) et Nick Oakes (Stälker, batterie) ont tous les deux quitté le navire au profit de W.B. (basse) et H.G. (batterie). Enregistré et mixé par Amrtharaj Singarajah (Exordium Mors) et Cameron James Sinclair (ex-Diocletian, ex-Witchrist, ex-Heresiarch...) puis masterisé par Luke Finlay, ce nouvel album a été illustré par Stefan Todorović plus connu sous le pseudonyme de Khaos Diktator Design. Le Serbe livre pour l’occasion une oeuvre sobre mais absolument impitoyable à l’image de son patronyme mais aussi et surtout de ce Black / Death sombre et belliqueux dispensé tout au long de ces quarante et une minutes.
Car si sept longues années ont effectivement passé depuis ma dernière chronique d’Heresiarch et qu’entre temps le groupe a également vu une partie de ses effectifs se faire la malle, il n’en reste pas moins ce monstre terrifiant et imposant qu’il était déjà à l’époque. En effet, on s’en doutait, mais les Néo-Zélandais ne se sont clairement pas assagis avec le temps. D’ailleurs, contrairement à son prédécesseur qui prenait le temps de monter en pression avant de prendre les armes, c’est ici sans attendre que le groupe mène son premier assaut. Une entrée en matière particulièrement redoutable qui ne laisse aucun doute planer sur les intentions bellicistes d’Heresiarch durant ces quarante et une minutes.
Porté par une production massive qui une fois de plus offre aux auditeurs une parfaite lisibilité de l’ensemble,
Edifice voit les Néo-Zélandais naviguer entre séquences particulièrement soutenues menées pour l’essentiel à coups de riffs parpaings monolithiques et de blasts punitifs ("Forged Doctrine", "Noose Above The Abyss", la première partie de "Gloryless Execution", "Swarming Blight", le surprenant "Mystic And Chaos" exécuté en moins d’une minute, l’intransigeant "Militate Pyrrhic Collapse" qui clôture l’album de manière bien viril) et à l’inverse des passages beaucoup plus lourds et pesants desquels émanent des ambiances martiales pour le moins suffocantes ("Manifest Odium", "Noose Above The Abyss" à 2:12, la deuxième moitié de "Gloryless Execution", la première partie de "A World Lit Only By Fire" puis plus loin à 3:16 et 4:50, l’instrumental "Hubris And Decline"...). Un goût pour la nuance qui permet ainsi à l’auditeur de garder la tête hors de l’eau et à Heresiarch de cultiver un semblant de relief. Une approche peut-être moins frontale et exigeante que d’autres groupes auxquels celui-ci reste assimilé (on pense notamment à Diocletian, Revenge, Conqueror et toute la clique) mais dont la diversité demeure pourtant l’un des gros points forts.
Au-delà de cette dualité dynamique et malgré le caractère particulièrement massif de ce nouvel album, Heresiarch continue également d’entretenir certaines petites subtilités qui le caractérisent et qui participent à renforcer le sentiment d’intensité qui se dégage de ce Black / Death belliqueux. À l’instar des quelques formations évoquées un petit peu plus haut, les quelques apports mélodiques amenés ici par les Néo-Zélandais se traduisent essentiellement par des solos chaotiques et bruyants ("Forged Doctrine" à 2:13, "Tides Of Regression" à 5:54, "Swarming Blight" à 0:24, "Militate Pyrrhic Collapse" à 4:24), par quelques coups de vibrato sinistres et menaçants ("Gloryless Execution" à 1:30, "Tides Of Regression" à 3:17...) et, plus surprenant, par des leads presque contemplatifs évoquant avec une certaine amertume la mort et la désolation (l’instrumental "Hubris And Decline"). Enfin, comme c’était déjà le cas précédemment, on appréciera également ces voix multiples qui se font entendre tout au long de ces dix nouvelles compositions. Growl, cris et éructations diverses et variées… Un panel vocal bigarré et complémentaire qui participe à l’hystérie collective et au chaos qui règne tout au long de ce nouvel album...
Bref, vous l’aurez compris, si ce retour d’Heresiarch s’est fait particulièrement attendre, nul doute qu’il devrait satisfaire la plupart des énergumènes adeptes de ce genre de Black / Death pas fin ni original pour un sou mais alors diablement efficace. Certes, cette formule s’avère toujours aussi limitée mais les Néo-Zélandais continuent d’aborder la chose d’une manière relativement personnelle avec notamment beaucoup de changements dynamiques et un intérêt reconduit et surtout sincère pour ces parties bien plus lourdes et pesantes. Parfaitement lisible, plutôt varié et particulièrement imposant et belliqueux,
Edifice est une nouvelle réussite à ajouter à la liste d’Heresiarch. Un disque dur et viril qui par la force, la domination et la peur impose respect et déférence.
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