Si j’ai fait l’impasse (en tout cas pour le moment) sur
Encircling Darkness, court EP deux titres paru en mars dernier sur le label Me Saco Un Ojo, il était évidemment hors de question de faire la même en ce qui concerne ce deuxième album sorti fin octobre sur Dark Descent Records (CD), Me Saco Un Ojo (vinyle) et Desiccated Productions (cassette). Intitulé
The Black Mouth Of Sepulchre, ce nouveau longue durée marque de manière un peu plus concrète le retour aux affaires des Danois après un
Dolorous Death Knell fort concluant paru il y a déjà trois ans. Celui-ci marque également la première collaboration du groupe de Copenhague avec le peintre italien Paolo Girardi qui pour l’occasion nous ressort l’une de ses fameuses spirales infernales déjà largement vues et revues ailleurs (Blasphemophagher, Burial, Hyperdontia, Bufihimat, Dalkhu…). Dommage car au-delà d’une certaine redite évidente, on sent surtout une certaine facilité dans une oeuvre certes sympathique mais finalement bien peu marquante.
Heureusement, passé la déception relative engendrée par cette illustration, on a tout de même la bonne surprise de constater que Sulphurous à eu l’idée judicieuse de ne pas y inclure les deux titres du EP
Encircling Darkness. Alors effectivement, cela vous obligera à dépenser quelques euros supplémentaires si vous souhaitez coûte que coûte voir ces titres trôner sur vos étagères mais au moins les Danois évitent ici de se répéter et surtout de tomber dans ce piège qui consiste à alourdir inutilement son propos. Affiché ainsi à trente-sept minutes,
The Black Mouth Of Sepulchre fait de cette intensité quasi-perpétuelle un véritable atout plutôt qu’un élément pouvant finir par lui être préjudiciable comme cela arrive parfois sur certains albums qui ont malheureusement tendance à s’éterniser.
Même si trois années séparent ce nouvel album de son prédécesseur, il était évident que Mathias Friborg et Paweł Tunkiewicz (ici aidé à la basse par leur copain Malik Çamlıca de Decaying Purity, Diabolizer, Hyperdontia et Septage) n’iraient pas changer leur fusil d’épaule. C’est donc sans surprise aucune que le duo reprend ici le chemin de ce Death Metal sombre et infernal aux influences toujours aussi évidentes (Dead Congregation, Incantation et Morbid Angel). Pour autant, et c’est là la véritable bonne surprise de
The Black Mouth Of Sepulchre, on sent que Sulphurous a cherché ici à franchir un cap. D’entité convaincante mais néanmoins reléguée au second plan face à une concurrence locale absolument impitoyable (Undergang, Hyperdontia, Phrenelith et Taphos en tête), le groupe danois semble désormais prêt à tirer véritablement son épingle du jeu et à jouer des coudes avec davantage de panache et de conviction. C’est en tout cas l’effet que me font ces écoutes successives qu’à titre personnel je trouve un poil plus convaincantes qu’à l’époque de
Dolorous Death Knell.
Pourtant, rien n’a véritablement changé du côté de chez Sulphurous qui, comme on vient de le préciser, reprend les choses là où il les avait laissé trois ans auparavant. On va donc tout naturellement retrouver un riffing à l’identique, particulièrement sombre et malfaisant, qui va permettre une fois de plus aux Danois de délivrer durant ces trente-sept minutes ces ambiances de mort aux très fortes odeurs de souffres. Alors effectivement, les influences de Dead Congregation (notamment tout au long de ces nombreux leads mélodiques particulièrement intéressants et autres accélérations soutenues à base de blasts et autres joyeusetés tout aussi explosives), Incantation (cette profondeur et cette densité qui nous tombent dessus comme une chape de plomb) et Morbid Angel (pour cette intensité mais également pour le caractère à la fois dense et relativement complexe de ce riffing tortueux) demeurent toujours évidentes. Pour autant, celles-ci paraissent également mieux digérées tout au long de l’album. Est-ce à cela qu’il faut imputer cette efficacité et cette mémorabilité exacerbées ? Difficile à dire mais je trouve en effet
The Black Mouth Of Sepulchre plus convaincant que son prédécesseur auquel il ressemble pourtant presque trait pour trait.
Tout comme
Dolorous Death Knell, ce deuxième album est également marqué par un jeu de nuances (ralentissements et autres séquences mid-tempo au groove écrasant) toujours aussi bien amené qui va permettre d’apporter ce relief nécessaire tout en nourrissant également certaines de ces ambiances à travers quelques arrangements bien sentis comme c’est le cas lors des introductions menaçantes de "Emanated Trepidation" et "Shadows Writhing Like Black Wings" ou de la conclusion tout aussi sournoise de "Gazing Into The Patch Of Darkness". Néanmoins, au-delà de ces quelques notes de piano et autres instruments à cordes aux sonorités résolument malveillantes, ce sont surtout ces moments beaucoup plus pesants ("Emanated Trepidation" à 2:22 et 4:51, l’entame de "Dry Breath Of The Tomb" ainsi qu’un petit peu plus loin à 2:26, la première minute de "Shadows Writhing Like Black Wings" ainsi qu’à 2:21 et 4:04, la première minute également de "Eyes Glaring Black Fury", "The Black Mouth Of Sepulchre" à 0:54, etc) qui vont offrir aux auditeurs la possibilité de sortir la tête hors de l’eau quelques instants et d’y voir un petit peu plus clair entre ces nombreuses soufflantes particulièrement indélicates balancées avec virulence et passion tout au long de ces quarante minutes extrêmement musclées.
De fait, si la formule déroulée par Sulphurous demeure en tout point identique à celle de son premier album,
The Black Mouth Of Sepulchre s’avère à mon avis un poil plus abouti. Car là où
Dolorous Death Knell faisait déjà bonne figure sans pour autant réussir à convaincre pleinement, ce nouvel album impressionne bien davantage. Alors c’est vrai, il n’y a rien de bien nouveau dans ce que nous propose une fois de plus le duo danois mais pour autant on ne peut manquer de s’enthousiasmer face à ces nouvelles compositions toutes plus redoutables les unes que les autres. Avec cette seconde offrande, Sulphurous grimpe donc d’une marche et vient se placer aisément au niveau des leaders de la scène danoise. Certes, il aura fort à faire pour prétendre y rester mais c’est ici du très bon boulot sur lequel on prendra un véritable plaisir à revenir.
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