Genre … Adam et Eve gambadaient nus et imberbes dans l'équivalent biblique de l'Ile de la Tentation… N'importe quoi! Et Eve aurait craqué pour le seul et unique tentateur en lice, un pauvre reptile au sang froid, tout ça pour une bête pomme? Non mais de qui se moque-t-on?! Tous poilus et tous sales qu'ils étaient les tourtereaux, et loin d'être seuls: il y en avait du monde dans la caverne, et ça sentait plutôt la vieille sueur rancie et la pisse que la fleur d'oranger! Et quand Adam était à la chasse au mammouth et que Eve cédait à l'appel de la fourrée (
hum…), le seul serpent qu'elle fréquentait ne restait pas longtemps lové dans son repère, mais se transformait bien vite en l'une des branches de l'arbre de la connaissance.
Heureusement qu'Hemerah est là pour nous rappeler que les origines de l'homme ne coïncident pas avec l'apogée du règne des Bisounours sur Terre! Mais qui sont donc ces spécialistes en démystification de la Genèse? Hemerah est un groupe de death metal from Lyon qui rassemble des têtes bien connues de la scène parmi lesquelles Younes « OYC » Chraibi (
Zvoyn, Nerv), Jérome et Vince de
Whisper-X et Thomas de Jumping Jack Riot. Avec « Adam's Eve And The Mammoth Of Eden », le groupe propose un premier EP enregistré au Studio Laforge par Cédric Lergès (
ah ouais?) et passé entre les mains de Alan Douches pour le mastering (
ah ouais!!). Si l'on en croit leur déclaration d'intention, le groupe s'efforce de proposer un brutal death franc du collier, mais élevé sur un terreau fertile d'influences allant du black metal au jazz, en passant par les musiques du pourtour méditerranéen. Cet EP offre l'occasion au groupe de mettre le doigt sur divers passages de la Bible afin d'en gratter les absurdités et autres paradoxes, oui c'est ça, un peu comme on gratte un morpion.
Que captent nos récepteurs quand l'EP prend confortablement ses aises dans la chaîne Hifi familiale? Eh bien au commencement était une intro, toute de piano habillée en longs rubans sombres et véloces, les 2 mains du couturier s'affairant avec agilité et une maestria indéniable de long en large sur son plan de travail. Puis vint une charge frontale mammouthesque (
profitons du thème en vigueur dans cette chro) d'un death metal fortement burné. Nos oreilles constatant le flot de violence déversé se réjouirent, et jugèrent que celui-ci était bon. Mais abandonnons un instant cet exercice stylistique ampoulé pour revenir à l'essentiel: les influences ici à l'œuvre semblent partagées entre les US de l'
Ange Morbide – pour les parties chaotiques et autres leads tourmentés –, et la Pologne, sa dynamique guerrière, sa puissance de feu et sa grosse prod bien carrée sans la moindre petite faille. A première vue, pas de révolution en marche, juste un bon gros char d'assaut supplémentaire dans le régiment des machines de guerre death métalliques. Et puis petit à petit on capte des détails, les plus évidents sautant assez vite aux oreilles. C'est tout d'abord la basse de Younes qui émerge au-dessus du bouillonnant flot de lave, celui-ci se payant même le luxe d'un lead à 1:40 sur « Arch Of Disappointment ». C'est ensuite une voix féminine qui vient en support des growls sur le refrain de « Five, Three Sixes, Seven And All The Sevens ». Et là on se dit que cet EP semble bien ne pas se contenter de donner dans le brutal death bête et méchant.
En effet, plus on l'écoute, plus on se rend compte de la richesse de la musique proposée. Du decrescendo rythmique progressif de « Paradox of Logic » aux touches légèrement orientales démarrant « Arch Of Disappointment », de ces courtes narrations en voix claire disséminées ci et là à ce tempo lourdement moshy à 3:56 sur « Forty years of Numbers », ce sont de multiples – mais discrets – éléments qui apportent un peu de piment dans un metal qui a sinon déjà pour lui d'être fortement testostéroné et poli comme une hache de guerre accoutumée au contact du bouclier adverse. Personnellement, n'étant plus un fan inconditionnel de gros death brutal hyper léché à grosse prod' – à moins que les compos proposées ne soient très fortement accrocheuses ou qu'une personnalité singulière s'y manifeste –, je ne ferai pas de cet EP ma découverte de l'année 2009, mais je sais voir dans ces quelques compos l'égal des grosses légumes du genre, le tout rehaussé de subtilités de bon goût.
Bref, « Adam's Eve And The Mammoth Of Eden » c'est de la musique pour brutasses qui boivent leur bière à même le crâne de leurs ennemis, MAIS qui, ce faisant, lèvent le petit doigt, et s'excusent après l'incontournable rot suivant cette séance d'humidification de la glotte. Les morceaux proposés en écoute vous en diront plus long que moi, qui plus est sans vous pourrir la vie avec une prose exagérément zébulonesque; qu'est-ce que vous attendez pour vous enfourner tout ça dans les écoutilles?
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