Poursuivant son petit bout de chemin sans rien demander à personne, Leprophiliac a sorti il y a bientôt un an (juin 2020) son tout premier album. Intitulé
Necrosis, celui-ci fait suite à une démo abordée ici même en début d’année dernière (
Caskets Of Flesh) et pour laquelle je m’étais montré relativement enthousiaste sans pour autant manquer d’évoquer certaines de ses limites à commencer par son manque total d’originalité et la simplicité de son propos. Sans surprise,
Necrosis s’inscrit dans la continuité de ces quelques titres avec un Death Metal toujours aussi abrasif et rudimentaire. Les amateurs de production léchées, de riffs soignés et de structures complexes et tarabiscotées sont donc naturellement invités à passer leur chemin sans plus attendre.
Pour illustrer ce premier album, Leprophiliac a choisi de rester dans les mêmes thématiques avec néanmoins une photo un petit peu plus tangible qu’auparavant, celle d’un suicide par pendaison qui s’est vraisemblablement déroulé à l’abris des regards à en juger par l’état de décomposition particulièrement avancé de ce pauvre monsieur... Une photographie bien crade et sans filtre à l’image de ce que l’on va pouvoir trouver tout au long de ces trente-sept minutes bien juteuses. D’ailleurs côté production, les Espagnols ont sans trop de surprise repris le chemin du studio Treboada sous la houlette là encore du producteur Francisco Liaño (Machetazo, Looking For An Answer, Dishammer, Bokluk...). Le résultat, sans équivoque, est naturellement toujours aussi rugueux et primitif.
Mélange d’Autopsy, de Machetazo et de Celtic Frost, le Death Metal de Leprophiliac se caractérise on l’a vu par sa très grande simplicité, son groove pataud et baveux, son énergie de vieux Punks fatigués par la vie et ses atmosphères toujours aussi dégueulasses et putrides. On va ainsi retrouver les mêmes limites que précédemment à commencer par un riffing très simple, parfois même assez générique sur certaines séquences (le riff entêtant de "Infesting The Intruder" par exemple ou bien encore celui de "Insision Of Exsanguination"), une technique des plus rudimentaires et une certaine répétitivité du propos. Alors oui, dis comme ça, on n’a pas forcément très envie de se plonger dans l’univers de Leprophiliac. Pour autant, je ne boude jamais mon plaisir à l’écoute de
Necrosis et cela pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que l’absence d’originalité ne m’a jamais posé aucun souci. Ensuite parce que malgré une formule qui en effet à plutôt tendance à se répéter d’un titre à l’autre, on trouve tout de même un semblant de diversité dans la musique de Leprophiliac. Aux passages caractérisés par ce groove fiévreux et pataud ("To The Abyss And Back" à 1:16, "Decomposition In Vitro", les premières mesures de "Jigoku Shoujo", "Insision Of Exsanguination" à 2:04, "Monolith"...) se succèdent systématiquement tout un tas d’accélérations Punk aussi fatiguées que bienvenues ("To The Abyss And Back" à 2:50, "Infesting The Intruder" à 1:00, "Fatal Frame" à 1:04, "Jigoku Shoujo" à 55...). Un titre comme « Monolith » va également explorer d’autres contrées en abordant ainsi des sonorités bien plus Doom qu’à l’accoutumé. Enfin, l’apport de Suici en charge de la seconde voix n’est pas à oublier non plus même si son soutien à Dopi est loin d’être systématique. Enfin parce qu’il y a quelque chose d’effroyablement attirant dans ces compositions et les atmosphères qu’elles dégagent. Un sentiment de malaise mélangé à une nature cradingue que l’on pourrait presque sentir et toucher du bout des doigts…
C’est donc sans surprise que
Necrosis s’inscrit à la suite de cette précédente démo avec évidemment les mêmes défauts mais également les mêmes qualités. Si ce genre de formule peu paraître des plus limitées, elle n’en possède pas moins suffisamment d’atouts pour compenser ses défauts apparents et autres limites avérées. C’est certain, personne n’ira crier au génie à l’écoute de ce Death Metal dont les influences, notamment celle d’Autopsy, semblent si évidentes. Pour autant, ces trente-sept minutes s’enfilent sans sourciller et avec suffisamment de plaisir pour avoir envie d’y revenir sans broncher.
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