Sentient Horror - In Service Of The Dead
Chronique
Sentient Horror In Service Of The Dead
Toujours aussi métronomique dans ses sorties et désormais reconnu comme un acteur incontournable de la nouvelle scène américaine le combo mené par Matt Moliti revient aujourd’hui aux affaires avec son quatrième album, continuant à appliquer à la lettre une formule qui a fait ses preuves et qui lui sied parfaitement. Si le bassiste Tyler Butkovski a mis les voiles depuis la sortie de l’excellent
« Rites Of Gore » (et remplacé par le jeune inconnu TJ Coon), pour le reste rien n’a changé et c’est tout ce qu’on demande au quatuor que de continuer à faire vivre une certaine vision du Death à l’ancienne où les harmonies et la mélodie savent se faire entendre pour être au service du collectif. Du coup on ne sera pas étonné que ce nouveau chapitre ressemble comme deux gouttes d’eau aux précédents, mais vu que la qualité est encore une fois au rendez-vous cela fera parfaitement l’affaire... même si quelques subtiles différences vont apparaître ici au grand jour. En effet si on avait l’habitude que le groupe nous fasse des disques relativement longs il a ici sacrément réduit la voilure, en offrant dix titres pour au final seulement trente-sept minutes de gros son exécuté la majeure partie du temps à fond la caisse... ce qui est également l’autre point qui saute aux oreilles, vu qu’il s’agit sans doute de l’enregistrement le plus radical et expéditif depuis ses débuts il y a désormais presque dix ans.
Si heureusement l’entité n’a pas oublié de ralentir la cadence et d’offrir ainsi des plans groovesques délicieux dont elle a le secret elle va cependant commencer ce long-format par sa facette la plus furibarde et débridée, et en premier lieu avec le primitif et halluciné « The Way Of Decay » qui est sans doute parmi ce que son leader a composé de plus violent. En effet ici ça joue à deux cent à l’heure en continu tout en ayant l’ajout de blasts déchaînés, faisant ici qu’on est pris dans un tourbillon de folie où émerge quelques légers accents Thrash sans que jamais l’allure ne ralentisse tant l’énergie déployée ici est folle. Aidée en cela par un batteur boosté aux amphétamines (tant il ne baisse jamais du côté de la cadence) et une production granuleuse cette ouverture n’est que le début d’une série à la brutalité affolante, où vont suivre dans la foulée « Undead Mutation » et « Mutilation Day » qui vont garder les mêmes bases tout en proposant un soupçon de lourdeur et de ralentissements pour ne pas être un vulgaire copier-coller. Si en effet tout cela a tendance à se ressembler les légères variations permettent ainsi d’éviter cet écueil, avant d’entamer la suite de cet opus qui va partir sur des bases plus équilibrées et denses (hormis le très court et orageux « Born In A Morgue » qui conserve la furia et l’énervement de la plage d’ouverture), comme cela va s’entendre sur « Cadaverous Hordes » où l’on va retrouver les traditionnels plans mid-tempo qui donnent l’envie de headbanguer comme un fou. Ajoutant en plus un côté massif et lent cette composition signe le démarrage d’une série plus équilibrée qui va conserver tout son côté addictif immédiat, que ce soit via le remuant « The Tombcrusher » à l’homogénéité imparable et surtout avec l’obscur et massif « Out Of Sanity » où les accents mélodiques sont mis à l’honneur tout comme un bridage imposant, histoire de faire à nouveau bien mal aux cervicales (sans pour autant renoncer à la pédale d’accélération).
Celui-ci va d’ailleurs atteindre son paroxysme sur l’étouffant « Glory To The Rotten » où l’équilibre des forces est de mise, porté notamment par une majorité du temps consacrée aux éléments remuants comme écrasants, d’où ressortent quelques explosions pour éviter de tomber dans la linéarité ainsi qu’un sens du groove implacable donnant immédiatement envie d’en découdre, tant l’envie de taper du pied comme de partir au combat y est forte, prouvant que même en alourdissant son propos la bande reste une redoutable machine de guerre. Et ça n’est pas « Feeding On Fear » qui prouvera le contraire vu qu’elle reprend les mêmes bases qu’expliquées juste avant, tout en y ajoutant de légers accents Punk qui font ainsi de cette composition une offrande hyper enlevée et entraînante, où la virulence du pogo côtoie aisément le secouage de nuque en règle typiquement Metal.
Terminant les débats par l’équilibré et impeccable « In Service Of The Dead » cette galette donne un sentiment d’urgence dans son exécution comme son enregistrement, un ressenti que l’on n’avait jamais vu auparavant chez sa tête-pensante... et l’on peut se demander s’il a voulu volontairement grimper d’un cran du côté de la radicalité pour nous faire son « Reign In Blood » à lui. Si ce parti-pris bas du front pourra faire tiquer néanmoins la subtilité et diversité sont suffisamment présentes tout du long pour qu’on se laisse facilement happer dans cet orage furieux et impénétrable, qui finit par s’équilibrer au fur et à mesure de l’avancée de l’écoute. Et même si au final ça sera un soupçon en-dessous de ce qu’on a pu entendre précédemment chez les Américains le résultat reste quand même largement au-dessus de ce qui se pratique habituellement, et c’est amplement suffisant. A voir désormais si cette vision plus extrême perdurera dans le futur ou si les choses rentreront dans l’ordre en revenant à un plus grand équilibre... l’avenir le dira mais pour le moment les gars du New-Jersey restent bien placés dans leur registre, très largement au-dessus de la mêlée et de la concurrence locale comme internationale.
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