Phrenelith - Desolate Endscape
Chronique
Phrenelith Desolate Endscape
Et je vis une autre Bête monter de la terre ; et elle avait deux cornes semblables à celles d'un agneau, et elle parlait comme un dragon. Et tout le pouvoir de la première Bête, elle l'exerce devant elle, et elle fait que la terre et ceux qui y habitent adorent la première Bête dont la plaie mortelle a été guérie. Et elle fait de grands signes, jusqu'à faire descendre le feu du ciel sur la terre devant les hommes.
Paysages dévastés, trous noirs, renaissance dans le chaos... L'Apocalypse selon Phrenelith prend une tournure plus brutale et tortueuse avec fin alternative en sus. Un tableau sans concession que le groupe – comptant dans ses rangs des membres de Undergang (cf. la chronique de
Misantropologi), Wormridden ou encore Hyperdontia – esquisse depuis sa création en 2013 avec les sorties de courts formats (notamment le split avec Spectral Voice) et dont son premier album semble signer ici l'aboutissement. Cette montée en puissance construite sur le temps fait de
Desolate Endscape une des réalisations dans le style death metal old school gloomy les plus séduisantes écoutées depuis le début de l'année. Ni plus ni moins.
Car même avec un retour du père Incantation cette année – et en grande forme – avec
Profane Nexus,
Desolated Endscape est de ces enfants qui capitalisent si bien sur leur héritage qu'ils donnent envie d'être élus nouveaux maîtres dès leur début. De quoi contenter les déçus du dernier Father Befouled (
Desolate Gods), la méthode Phrenelith s'avérant tant réussie dans l'expression d'un certain death metal obscur – à l'odeur de soufre faisant penser aussi bien aux démons qu'aux armes en surchauffe sur le champs de bataille – qu'elle donne envie de n'écouter qu'elle, encore et encore, jusqu'à imaginer sa propre fin du monde à échelle grandiose. Que brûle la galaxie ! Que ce soit durant « Dysmorphosis » et son rythme de charnier école Bolt Thrower, le tube plus fort qu'un appel à la guerre « Deluge in Ashes » ou le tapis de bombes « Defleshed in Ecstasy », la bande à David Mikkelsen (magnifique chef, la voix aussi sinistre que hargneuse), ne montre aucun signe de faiblesse dans sa peinture d'un chaos permanent, ses riffs lisibles et salvateurs transmettant une impression continue de colère surhumaine arrivant de toute part. Aussi bien jouissance des sens que torture de l'esprit, les Danois rappellent que seul le mort metal offre ce genre de plaisir luxueux : celui du carnage, où vie du tueur et extinction de ce qui l'entoure se mélangent dans un drame aussi intense que macabre.
Un souffle brûlant vous consume dès les premières notes de « Conquering Divinity », passé le tintement sonnant le glas. Cette violence tantôt incontrôlée tantôt en mode mitraillage automatique prend sa force de la production à la fois grouillante mais parfaitement intelligible ainsi que les nombreuses variations de rythmes. Les passages mid et low tempos parsemant l’œuvre viennent renforcer le côté tueur des morceaux par des riffs lourds et marquants – vous enfonçant un peu plus dans le sol (« Eradicated » en est un bel exemple avec cette lead bien vicelarde) – ou bien donner un tour plus halluciné à l'ensemble grâce à des mélodies louvoyantes, certaines semblant toutes droit sorties d'un delirium tremens (cf. « Channeling a Seismic Eruption », meilleur titre de l'opus pour ma part, concluant l'album avec son riff d'introduction me renvoyant notamment à celui du titre « To The Other » de Saturnalia Temple). Les ralentissements opérés par le quatuor s'enchaînent sans cassures et permettent à ce dernier de développer pleinement ses ambiances aussi ténébreuses que putrescentes. Que ce soit par petites touches (voir ci-dessus) ou gros aplats de noir – comme l'enchaînement parfait entre l'outro rampante et jouissive de « Eradicated » et l'instrumentale « Desolate Endscape », imageant à elle-seule l'univers de la formation ainsi que cet artwork proche d'un Beksiński –, Phrenelith arrive à imposer sa patte et vous immerge totalement dans son univers. Une forte odeur capiteuse se dégage au fil des minutes et vous attire imperceptiblement vers le néant.
Un néant certes maintes fois rencontré, mais toujours aussi fort dans son pouvoir de suggestion. Inutile de résister ! Phrenelith, pour tout scolaire pourra-t-il paraître à ceux attendant d'un certain death metal qu'il devienne autre chose que lui-même (les idiots), offre des compositions et une atmosphère de première ordre dans lesquelles s'engouffrer avec bonheur, tête la première. Onwards !
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