Ils en auront mis du temps! Six ans qu'il leur a fallu pour pondre un successeur à
Funeral For The Sane, les Grecs! Pas qu'on les attendait non plus la bave aux lèvres, leur death old-school bien que très bon restait ultra classique, mais ils avaient démontré suffisamment de talent pour que l'on surveille la suite. Il y a bien eu la compilation de vieilleries
Crypt Of The Unembalmed Cadavers (2013), le
Promo 2013 la même année avec deux titres qui seront repris ici ("Eternal Soulmates" et "The Noose Tightens") ainsi que le split single avec Anatomia ("Eternal Soulmates" encore) toujours en 2013, mais cela faisait peu, surtout ce silence de quatre ans jusqu'à la rentrée 2017. Il faut dire que les membres du trio athénien avaient de quoi faire dans leurs différents projets, entre autres Embrace Of Thorns, Sacral Rage et Burial Hordes. Mais voilà, Necrovorous est enfin de retour avec un deuxième full-length,
Plains Of Decay, sur un des labels du moment, Dark Descent Records, et avec une pochette super cool.
De quoi faire saliver en attendant de poser les oreilles dessus. J'ai toutefois vite compris que
Plains Of Decay, malgré des qualités évidentes, n'allait pas atteindre le niveau de
Funeral For The Sane auquel j'avais accroché dès la première écoute. Si leurs compatriotes de Resurgency sont revenus en force après une longue absence, Necrovorous n'a en effet pas réussi à retrouver la magie de l'opus précédent. Question d'inspiration uniquement. Car le combo méditerranéen n'a pas modifié sa formule et n'a changé que son bassiste qui s'occupe aussi de la seconde guitare. On reste dans le revival death, le death metal old-school pur et dur. Le groupe pioche toujours dans différentes scènes des années 1990, américaine (Autopsy), suédoise (Grave, Entombed), anglaise (Bolt Thrower), néerlandaise (Asphyx) et un peu finlandaise pour concocter sa mixture. Je dirais juste que l'influence Autopsy s'y fait davantage présente, notamment en ce qui concerne le chant qui a évolué vers quelque chose de plus vomitif et dégénéré à la Chris Reifert. Pas pour me déplaire. Sauf que rayon inspiration, on est plutôt dans les sorties récentes des Américains que dans les classiques. Classique,
Plains Of Decay l'est toutefois. Riffs en tremolo, solos et leads mélodiques sinistres, alternance de rythmiques sauvages (tchouka-tchouka thrashy, blastouille) et de ralentissements plombés, groove de fond de cave, atmosphère sombre et poussiéreuse, la checklist retro death est bien complète. Et ce n'est pas deux-trois dissonances peu passionnantes ("Eternal Soulmates" à partir de 4'13, dernière partie de "Misery Loves Dead Company"), un peu de son clair en arpèges même si pas du tout désagréable (intro de "Faces Of Addiction", fin de "Lost In A Burning Charnel Ground") ou quelques riffs plus rock 'n roll et punky ("The Sun Has Risen In A Land I No Longer See" à 0'52, "Faces Of Addiction" à 1'22, 1'54 et 3'45, "Red Moon Rabies" à 0'22) qui vont aider les Hellènes à se démarquer. Car il y a une différence entre classique, qui ne me dérange pas, bien au contraire, lorsque c'est bien fait, et générique qui respecte la tradition sans grand génie. Necrovorous navigue ici entre les deux. D'un côté des morceaux et passages bien fichus avec une très bonne ambiance sombre prouvant que les Grecs ont du talent ("The Sun Has Risen In A Land I No Longer See" qui lance plutôt bien les affaires, "Eternal Soulmates", "Psychedelic Tribe Of Doom", "Faces Of Addiction", l'instrumental "Lost In A Burning Charnel Ground" bien construit) et de l'autre des compositions plus banales pas mauvaises mais sans grand intérêt comme "Cherish The Sepulture" trop mollasson, "Plains Of Decay" pas très folichon, "Red Moon Babies" vite expédié en moins d'une minute, "Misery Loves Dead Company" et "The Noose Tightens" dont les deuxièmes moitiés plus efficaces relèvent heureusement un peu le niveau.
Malgré mon affection pour la scène grecque, je n'ai donc pas d'autre choix que de parler de déception ici. Une petite déception certes car je ne voyais pas non plus Necrovorous comme le messie, plutôt comme un acteur talentueux dont j'étais curieux d'entendre le nouveau travail. Ce
Plains Of Decay offre aussi pas mal de bonnes choses. Le disque passe facile, sans que l'on fasse la grimace même sur les séquences les moins prenantes. Il n'est ainsi pas du tout mauvais, que ce soit clair. Les mecs connaissent leurs gammes et savent y faire en matière d'ambiance mortifère. Et les passages burnés blastés et thrashy s'avèrent des plus efficaces. Mais une déception quand même. Il manque quelque chose, ce qui fait que l'on ne retient pas grand chose et que l'on oublie vite l'album. Ce quelque chose qui faisait de
Funeral For The Sane une réussite et de Necrovorous un groupe à suivre malgré la profusion de formations évoluant dans les mêmes zones souterraines. Si le trio de l'Attique avait sorti
Plains Of Decay avant, je n'aurais ainsi pas fait plus attention que ça à lui. Les riffs y sont moins inspirés, l'ensemble plus banal. Le groupe peine à se démarquer de la masse en dépit de quelques éclairs. On réservera donc ce
Plains Of Decay aux inconditionnels du death old-school qui s'en enquillent à longueur de journée sans trop se soucier de sélection. En death metal grec à l'ancienne, les plus exigeants iront plutôt cette année vers Resurgency et son triomphal album comeback ou War Possession qui a passé le cap du premier album à grands coups de lattes dans la tronche. Quant à Necrovorous, qui n'est pas non plus à foutre à la poubelle, j'espère qu'ils se feront davantage convaincants sur un prochain opus. Et si possible avant 2023.
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