Defaced - Forging the Sanctuary
Chronique
Defaced Forging the Sanctuary
Les adeptes de sports américains doivent connaître la notion de MIP (Most Improved Player), trophée récompensant le joueur ayant le plus progressé d’une saison à l’autre. Figurez-vous alors que si une telle récompense était attribuée par Thrashocore, Defaced serait sans l’ombre d’un doute mon poulain de cette année. Par cette métaphore suspecte, je veux bien entendu parler des progrès hallucinants réalisés par le groupe et du fossé qui existe entre le très médiocre On the Frontline sorti en 2012 et la petite bombe de cette année, Forging the Sanctuary. Le quartet suisse a en effet su garder les fondamentaux de son premier album, tout en les peaufinant et en y incorporant de très nombreuses influences totalement bien digérées afin d’enrichir agréablement leur musique. Ce deuxième album se présente donc comme l’album de la maturité pour Defaced, qui devrait par le même coup convertir un grand nombre d’amateurs de Death Metal à leur cause.
N’attendez néanmoins rien d’innovant de la part des Suisses, le Death Metal du combo n’invente strictement rien et sa musique peut s’avérer fort classique à la première écoute. Cependant, la richesse de Forging the Sanctuary est bien réelle et le groupe ne reste pas cantonné à un Death Metal bateau et linéaire comme il en existe tant. Defaced projette par exemple, de façon alternée avec les passages purement Death, des facettes Blackened Death que n’aurait pas reniées un groupe comme God Dethroned ou PanzerChrist. Pour ce faire, Thomas Gertsch n’hésite pas à nous montrer son talent pour s’approprier une voix plus criarde et vraiment typée Black Metal, très bien appuyée la plupart du temps par des riffs qui tendent eux aussi du côté Blackned Death Metal ("I, the State, am the People", "Rapture Through Bondage"). Ces parties viennent donc agréablement varier le propos des Suisses, tout en s’incorporant à merveille dans leur composition et en ne gâchant en rien l’efficacité des parties plus Death classiques.
Concernant ces dernières, le Defaced façon 2015 s’annonce également être un bon cru. Tirant souvent sur le Brutal Death, le groupe possède tout ce qui faut pour vous coller au mur de votre chambre durant vos écoutes. Que ce soit le growl puissant de Thomas (à son paroxysme sur "Antithesis"), les Blasts de Markus Röthlisberger ou les breakdowns écrasants, le groupe transalpin peut frapper très fort. De plus, Defaced ne tombe jamais dans les pièges récurant du genre, et n’abuse en aucun cas des breaks, des saccades et ne s’adonne jamais à la course à la brutalité ou à la technicité. Pourtant le niveau technique des protagonistes est tout à fait respectable, voire même au-dessus de la moyenne du genre. Les rythmiques se donnent donc souvent le luxe de devenir plus complexes, en plus de toujours rester aussi percutantes ("I, the State, am the People"). Et tant qu’on parle de technique, comment ne pas parler des nombreux solos et leads en tous genres qui jonchent l’album ? Des guitares bienfaitrices viennent en effet régulièrement titiller nos tympans, tranchant de manière parfois surprenante avec la brutalité ambiante. En plus de ça, ces leads sont toujours les bienvenus et sont parfaitement exécutés, permettant donc de rajouter une variété supplémentaire dans le Death Metal de Defaced.
La musique du groupe jouit donc d’une variété ma foi assez remarquable pour un jeune groupe de Death Metal. Il est même cocasse de constater que les points faibles de l’album se trouvent justement lorsque le groupe joue uniquement la carte du Death/Brutal Death. Ainsi le titre éponyme peine à convaincre, même s’il est partiellement sauvé par le passage plus planant se cachant à la troisième minute et par le solo final. Cependant, le titre représentant le mieux ce paradoxe est sans conteste "You Get What you Deserve", le titre étant découpé en deux parties distinctes, séparées par des samples à 2’40’’. Si la première partie s’adonne dans du gros Brutal Death plutôt bas de gamme et pas vraiment convaincante, la deuxième elle est tout à fait surprenante. Jouant à fond toutes les cartes dont dispose le groupe, cette chanson nous dévoile donc tour à tour des passages rouleaux compresseurs, des rythmiques Blackened Death et surtout un riff monstrueux à 3’35’’. Le tout est même terminé par un lead mélodique du plus bel effet. Au final, on a l’étrange impression que si cette chanson avait été deux pistes distinctes, la première partie serait la moins bonne chanson de l’album, alors que la deuxième serait la meilleure. Vous avez dit bizarre...
Malgré des petites maladresses difficilement évitables pour un jeune groupe, Defaced fait donc mouche avec ce deuxième essai, en parvenant à totalement assimiler ses influences tout en gardant ses trouvailles personnelles. La belle pochette dessinée Dan Seagrave nous met donc bien sur la voie en nous incitant à écouter la galette, et ce même s’il s’agit certainement pas de sa plus belle œuvre.
Tout amateur de Metal Extreme devrait donc y trouver son compte, la variété de l’album permettant à ce dernier d’être accessible aux adeptes de Blackened Death comme aux amateurs de Brutal Death. Et si ce Forging the Sanctuary n’est sûrement pas une des sorties les plus originales de l’année, il y a de fortes chances pour qu’il se retrouve dans mon bilan annuel, au moins dans la catégorie découverte.
| Høsty 31 Mars 2015 - 902 lectures |
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