C'est pas trop tôt! Enfin Chaos Inception donne un successeur au très bon
Collision With Oblivion sorti en 2009. Un laps de temps de trois ans, on a vu pire, mais depuis le temps qu'il était annoncé (juste après la sortie du premier), je commençais à désespérer! C'est finalement sur Lavadome Productions que sort le deuxième album des Américains baptisé
The Abrogation. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le jeune label tchèque a fait une bien belle prise!
Car si
Collision With Oblivion était une démonstration très convaincante de death metal tourmenté, il restait inférieur à ce que proposait Fleshtized, l'ancien groupe du batteur Gary White et du guitariste Matt Barnes, dont le magistral
Here Among Thorns reste le meilleur hommage à Morbid Angel jamais enregistré. Mais sur
The Abrogation, Chaos Inception s'approche furieusement du niveau de son grand frère, tout en restant moins dépendant de la bande de Trey Azagthoth comme l'avait déjà su le faire le combo de l'Alabama sur son premier essai. Mieux produit, plus intense, plus technique, plus sombre,
The Abrogation prend la même direction que
Collision With Oblivion tout en le surpassant dans tous les domaines. Vous voyez la pochette signée Paolo Girardi, l'Italien qui s'était déjà illustré l'année dernière sur le dernier album de Blasphemophagher? Non seulement elle est magnifique (j'attends déjà les t-shirts en septembre!) mais elle illustre aussi à la perfection l'ambiance de
The Abrogation. Cette impression jubilatoire d'être pris dans une tornade, un vortex qui ne laisse que mort et désolation sur son passage. La musique du quatuor n'accorde en effet que peu de répit à l'auditeur (la fin de "Lunatic Necromancy", le riff mid-tempo à 2' de "Black Blod Vortex", le riff lourd et gras sur "Ancient Ways Prevail" vers 2'10, celui à 1'10 sur "The Exterminati" qui rappelle Nile suivi d'un break posé à la batterie martiale sur lequel vient se poser un joli solo ou encore le final du dernier titre "Scald Command") et prend un malin plaisir à aller vite. Les blast-beats, vous aimez? Tant mieux, parce que Chaos Inception en propose à la pelle, rendant ce
The Abrogation des plus violent et intense. Une brutalité décuplée qu'on accueille à bras ouverts tant elle rend la bête addictive, malgré une batterie un peu trop synthétique légèrement sur-mixée.
Évidemment, ce n'est pas tout. Les blasts de Gary White portent des riffs de qualité supérieure, véloces, chaotiques et très sombres (mon Satan celui de "The Abrogation" à 0'18, quel titre d'ouverture!) dans l'esprit d'un Morbid Angel mais avec la touche personnelle du groupe qui lui permet de se démarquer. Et quand ça ne blaste pas, c'est un groove dark entraînant qui prend la place. Je ne compte plus les bons riffs qui s'accumulent au fil des neuf morceaux qui n'ont comme défaut que de s'achever trop rapidement. Le tourbillon s'éteint après tout juste une demi-heure et un titre tel "Hammer Of Infidel" et ses 2'19 frustre quelque peu. Mais c'est le prix à payer pour un déluge efficace et sans concession de blasts radicaux et de riffs dévastateurs aux mélodies tourmentées. Cerise sur le gâteau, les compositions se trouvent régulièrement sublimées par d'excellents leads/solos à la fois mélodieux et frénétiques, d'autant plus savoureux qu'ils sont souvent placés sur des passages blastés. "The Abrogation" à 2'05, le tremolo d'entrée sur "Phalanx (The Tip Of The Spear)" puis le solo à 2'28 sur un riff rapide et groovy soutenu par une double imposante, "Lunatic Necromancy" à 2'27, "Pazuzu Eternal" à 1'30 et à 1'58, "Hammer Of Infidel" à 1'58, "Black Blood Vortex" à 2'32, le break à 1'53 de "The Exterminati" déjà évoqué, "Scald Command" à 2'35 pour la plus chaotique des leads: la liste est longue, tous les morceaux possédant leurs moments de bravoure niveau leads. Celles-ci ne sont peut-être pas aussi virtuoses et cosmiques que les solos de Beyond Mortal Dreams mais le feeling et la maîtrise instrumentale sont là. À noter que le groupe donne à la plupart de ses solos un titre dans le beau livret accompagnant le CD. Des titres qui claquent et qui me font dire que Chaos Inception a décidément grave la classe comme
Tendrils Flicker and Dance. Just Before The Darkness Agglomerates and Overwhelms. All Shall Fall sur "The Abrogation",
The Final Clash of Swords Echoes Like Peals Of Laughter pour l'outro de "Phalanx (The Tip Of The Spear)",
Pazuzu Soars Above and Blacks the Sun. Heralding the Rise of the Scorpion Hordes sur "Pazuzu Eternal",
Heroes Return to the Hall to Commence the Orgiastic Revelry of the Conquerors chez "Hammer Of Infidel",
Materialization of the Spawn of Shub Niggurath sur "Ancient Ways Prevail" ou encore
Initiation into The Mysteries of The Progenitors dans "The Exterminati". Ça donne un petit côté mystico-occulte pas désagréable.
Matt Barnes s'impose du coup comme l'un des meilleurs compositeurs de death à l'heure actuelle et son sens du riffing porte la marque des grands, faisant sans peine la nique aux dernières livraisons des Azagthoth et autres Rutan. Étonnant par contre de le voir dans deux groupes chrétiens (Temple of Blood et Lisiya Gori) alors que
The Abrogation prône plutôt l'annihilation de toute chose et que ses deux autres groupes (Monstrosity et Quinta Essentia) ne sont pas non plus du genre à prier. Ici en tout cas, le bonhomme impressionne, lui qui a composé l'intégralité de l'opus. Seul "Ancient Ways Prevail" et ses légers accents black metal (riff à 1'34 plus froid que les autres) est co-écrit avec Cam Pinkerton dont la basse fait d'ailleurs de l'excellent boulot elle-aussi. Autre membre à saluer, le chanteur Chris White qui, sans réinventer la façon de chanter dans le death metal, utilise un growl suffisamment personnel et intéressant pour le reconnaître parmi les autres, chose trop rare pour ne pas être souligné. Quelques shrieks viennent également enrichir une performance remarquable.
Inutile d'en dire plus. Chaos Inception confirme son potentiel haut la main en nous offrant avec
The Abrogation une des sorties death metal marquantes de l'année. Peut-être même la meilleure avec Spawn Of Possession et l'EP de Beyond Mortal Dreams. L'album a ce qu'il y a de bien que, malgré une certaine densité et intensité, son impact sur l'auditeur est immédiat. Il devient dès lors impossible de lâcher le disque et tout le travail guitaristique se découvre au fur et à mesure des écoutes qui ne lassent pas mais rendent au contraire l'album encore plus savoureux. Bon, c'est pas tout ça mais moi j'y retourne!
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