Chaos Inception - Collision With Oblivion

Je vous avais parlé il n'y a pas très longtemps de Fleshtized et de son magistral Here Among Thorns, l'une des meilleures sorties death metal des années 2000. Je vous avais également indiqué qu'après le split du groupe, deux ex-membres (Matt Barnes et Gary White) étaient allés former Chaos Inception. Il était donc temps de s'intéresser au combo qui nous a offert l'année dernière le fort appréciable Collision With Oblivion, album qui aurait très bien pu figurer dans mon bilan. Mais 2009 était tellement riche en matière morte qu'il fallait bien faire des choix!

Après sa formation en 2008, le combo d'Huntsville sort donc directement un premier full-length sur Brutalized Records, sans passer par la case démo. Fort de l'expérience engrangée tout le long de l'aventure Fleshtized, Chaos Inception, avec ses autres membres Chris White (Bloodstained Dusk) et Cam Pinkerton (Spinecast), ne devait sans doute pas en ressentir le besoin. Si vous vous attendiez à du pur Fleshtized ceci dit, vous allez être déçus car même si le lien reste évident, notamment par l'influence de Morbid Angel (les monstres de la pochette me font d'ailleurs penser à Altars Of Madness), la musique de Chaos Inception s'en détache un peu plus. Le quatuor nous propose ainsi des morceaux assez courts, entre 3 et 4 minutes, d'une efficacité exemplaire. Ca joue vite, préparez-vous à beaucoup de blasts, et l'atmosphère se fait ici sombre et chaotique. Cette impression jouissive de se retrouver pris dans une tempête, un tourbillon est toujours présente. Et ce grâce à de très bons riffs notamment. C'est d'ailleurs dans ce domaine que Chaos Inception fait toute la différence. On sent qu'un gros travail a été fait de ce côté et ça fait plaisir d'entendre un groupe qui n'a pas oublié que le metal, extrême ou non, c'est d'abord une question de riffs. Si Chaos Inception se veut toujours positionné du côté obscur de la Force, les riffs ne sont en tout cas jamais dépourvus d'une certaine forme de mélodie, facilitant l'assimilation et la mémorabilité des compositions. De la mélodie, on en trouvera également dans les excellents soli rapides ("Collision With Oblivion", "The Scourge Infinitum", "Hand Of Defamation", "Pig Flesh Decimator", "Tyrant Denied"...) qui parsèment ce Collision With Oblivion et subliment des morceaux déjà plein d'intérêt. Le clou du spectacle étant le magnifique instrumental "Desolate Beyond", sombre, lent, mélodique et presque mélancolique, qui montre en 2 minutes tout le talent en lead du guitariste Matt Barnes qui vaudrait presque son prédécesseur chez Fleshtized, Casey Robertson. Et oui Chaos Inception ne fait pas que blaster et sait aussi varier le tempo! Le bassiste lui non plus ne fait pas de la figuration avec quelques apparitions bien senties ("Black Vapor Of Corruption Rise", "The Scourge Infinitum", "Tyrant Denied"). Mais si Chaos Inception marque bien la différence avec Fleshtized, c'est aussi et logiquement grâce au chanteur Chris White dont les vocaux growlés mais à l'intonation caractéristique apportent une certaine personnalité, sans oublier quelques shrieks (auxquels participe aussi Cam Pinkerton) qui se mêlent parfois aux growls pour un rendu qui fait toujours son petit effet.

Dix morceaux à la fois brutaux, mélodiques, sombres, rapides et inspirés, pour plus d'une demi-heure d'un death métal de grande classe, voilà ce que nous proposent les Américains de Chaos Inception. La mise en valeur est faite sur les riffs, un des grands atouts de la formation, mais aussi sur les leads/soli mélodiques. L'influence de Morbid Angel se fait toujours sentir mais Chaos Inception arrive à s'en détacher pour nous offrir une musique suffisamment personnelle. Là-dessus, le combo de l'Alabama est meilleur que Fleshtized. C'est toutefois sur ce seul point que Chaos Inception se montre supérieur. Car il faut bien l'avouer, malgré la grande qualité de ce Collision With Oblivion, il n'est pas aussi jouissif que Here Among Thorns. Peut-être cette production assez spéciale, trop polie et qui manque de mordant ou quelques passages moins percutants, difficile d'expliquer. Mais bon, arrêtons de comparer les deux entités et ne boudons pas notre plaisir. Car dans une scène sclérosée par des groupes modernes sans âme et d'autres ultra brutaux mais qui ne dégagent rien, Chaos Inception tire largement son épingle du jeu. Et rien que le fait de savoir qu'un deuxième album est en préparation, j'en ai déjà l'eau à la bouche!

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