Prostitute Disfigurement - Descendants Of Depravity
Chronique
Prostitute Disfigurement Descendants Of Depravity
Prostitute Disfigurement ou l'un des noms de groupe les plus cools de l'histoire. A part son patronyme par contre, je n'ai jamais rien trouvé de bien folichon chez les Néerlandais, ça et leurs performances jouissives en concert. Bon j'exagère un peu, que ce soit Embalmed Madness, Deeds Of Derangement ou Left In Grisly Fashion, il y a du bon chez ces chirurgiens pas vraiment esthétiques. Mais il y a toujours eu quelque chose qui m'a bloqué, quelque chose qui m'a toujours fait dire que Prostitute Disfigurement aurait pu, si seulement. Si seulement il n'y avait pas cette voix porcine répétitive et ridicule, un chant qui contrastait encore plus depuis le plus mélodique Left In Grisly Fashion. Et voilà que sur un coup de génie, les Bataves ont enfin compris qu'ils avaient un sacré potentiel et qu'il serait temps de s'élever un peu de la masse. Résultat: plus de gruiks! Les fans de la première heure, eux, vont crier au scandale, le chant ultra guttural et incompréhensible de Niels Adams faisant partie intégrante de l'identité de Prostitute Disfigurement. Tant pis pour eux!
Excepté ce changement de cordes salvateur (le groupe conserve toutefois ses épanchements criards qu'il utilise même plus régulièrement) et une magnifique pochette plus éclairée que d'habitude (signée Pär Olofsson qui commence à se répéter celà dit et dont l'oeuvre ici présente n'est pas sans rappeller celle du dernier Hour Of Penance), le quintette n'a pas vraiment changé et continue sur la voie plus mélodique tracée par Left In Grisly Fashion. Enfin plus mélodique, tout est relatif, on reste dans le brutal death, paroles gores incluses. On peut juste noter des riffs plus approfondis, une ambiance plus travaillée avec de discrètes leads sombres et de bons soli chaotico-mélodiques. On a aussi parfois l'occasion d'assister à quelques séquences à la rythmique presque thrashy, très sympathiques surtout quand des soli viennent s'y greffer. Et puis les 20% du temps où les Néerlandais ne blastent pas, on peut trouver quelques mid-tempi headbangants, pas des plus convaincants d'ailleurs.
Mais là n'est pas l'attrait principal de l'album (c'est même plutôt son point faible) et lorsque le tempo ralentit, c'est avec la bave aux lèvres qu'on attend la prochaine fournée de blasts. Parce que ce sont bien les blasts (et les riffs qui vont avec) qui rendent ce Descendants Of Depravity si jouissif, notamment grâce à la production puissante et claire d'Andy Classen. Et surtout, bien sûr, grâce au jeu de Michiel van der Plicht, le blasteur fou, qui nous sort des blast-beats variés à une vitesse sidérante et une agilité impressionnante.
Descendants Of Depravity, c'est 9 titres d'un death metal brutal, inspiré, efficace, radical, sombre et blasté mais non dénué de mélodies. Descendants Of Depravity, c'est la preuve que Prostitute Disfigurement est finalement un putain de bon groupe qui n'a pas eu peur de ses ambitions et a su se détacher de la dernière chose qui le raccrochait à la "guttural brutality" sans avenir. Descendants Of Depravity, c'est malheureusement aussi le dernier témoignage de l'aménagement facial de péripatéticienne, le combo ayant décidé de ranger les scalpels. Quel dommage de se retirer ainsi sur sa plus belle victime, la toute fin en fade-out de "Sworn To Degeneracy", presque black metal avec son ambiance apocalyptique, ses hurlements et ses blasts ultra brutaux, m'ayant donné encore plus envie d'entendre la suite. Et finalement, Descendants Of Depravity, s'il n'est pas l'album de l'année, c'est au moins une des belles surprises de 2008.
| Keyser 10 Novembre 2008 - 3345 lectures |
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