Voilà un retour qui fait plaisir ! Les bouchers néerlandais s'étaient déjà séparés en 2008 après le pourtant génial
Descendants of Depravity avant de revenir en 2010 et d'accoucher quatre ans plus tard de
From Crotch to Crown, très plaisant quoiqu'un cran en-dessous de son prédécesseur. Pas de séparation cette fois mais tout de même cinq années d'absence pour sortir ce sixième album éponyme. Un long laps de temps pendant lequel le line-up a encore subi pas mal de bouleversements puisque les deux guitaristes ont été remplacés par Bob Sneijers des excellents Fungus et l'Allemand Alexander Przepiorka (ex-Brutal Unrest). Quant à la mitrailleuse Michiel van der Plicht, elle ne fait plus non plus partie du groupe. C'est le Teuton Dennis Thiele (Resurrected, ex-Brutal Unrest) qui prend sa place derrière les fûts. Cela ne laisse plus que Patrick Oosterveen (basse) et bien sûr Niels Adams comme membres d'origine. Prostitute Disfigurement adopte ainsi des couleurs germaniques pour ce nouvel opus. Opus dont la sortie a également été repoussée à cause de problèmes de label. Willowtip Records, qui avait pris en charge
From Crotch to Crown, a en effet refusé de s'occuper du disque pour d'obscures raisons éthiques. Sans doute pas assez "forward-thinking" pour eux. On n'en saura pas plus mais on restera étonné que la maison de disque ait fermé la porte ce coup-ci alors qu'elle l'avait laissée ouverte pour un "Dismember the Transgender". S'il faut faire attention à ce que l'on dit même dans le metal extrême maintenant ... Mais merde, c'est du brutal death, pas de la pop ! Qu'ils aillent bien se faire enculer !
Du coup, c'est le label d'outre-Rhin en pleine ascension Rising Nemesis Records qui a mis la main à la pâte. Et qu'ils ont bien fait les Allemands, ce
Prostitute Disfigurement s'ajoutant aux albums de Gorezone et Orphalis (dont on parlera un de ces quatre quand j'aurai le temps) au rayon des très bonnes sorties brutal death 2019 du label. Pourtant, si les membres ont changé, aucune surprise ne vous attend sur le disque. Prostitute Disfigurement fait du Prostitute Disfigurement, du moins celui depuis
Descendants of Depravity et le changement (payant pour moi) de style de chant du gruik yaourt au growl plus classique. Et comme d'habitude, les femmes en prennent pour leur grade, à l'image de la pochette en mode Jack l'Éventreur de Toshihiro Egawa et de titres de morceaux tels que "Fight a Transvestite", "Dead Before She Hits the Ground" ou encore "Every Woman Lives in Fear". Pas très Charlie tout ça ! Peut-être pour ça que Willowtip n'a pas voulu s'en mêler, pas envie de voir débarquer des Femens en furie aux seins dégueulasses ou des associations LGBTFLGJFGSPVZ dans leurs bureaux, ou de se farcir des #MeToo ou #BalanceTonPorc sur les réseaux sociaux.
Mais parlons musique. Pas de révolution donc, on reste sur le même style que les deux réalisations précédentes. Du brutal death au riffing classique à l'américaine plutôt old-school et sombre qui cogne dur avec quelques morceaux de gras entre Vomitory, Severe Torture, Gorgasm, Morbid Angel et Aborted. Petite nouveauté toutefois que je n'avais pas notée auparavant, certains riffs les plus rapides et nerveux font penser à du Centurian (début de "Force-Fed Dead", "Penile Tumescence" à 2'02 ...). Alors là, je dis oui ! Je dis oui à tout
Prostitute Disfigurement de toute façon, qui s'avère une réussite de A à Z. La production est parfaite, ni trop propre ni trop dégueulasse. Le growl de Niels Adams, certes moins original que ses gruiks d'antan, porte la musique de toute sa puissance, souvent secondé par des shrieks en backing vocals qui viennent même régulièrement s'y superposer. Certaines rythmiques vocales dégagent aussi beaucoup de groove, en particulier sur quelques refrains qu'on pourrait presque chanter sous la douche ("Fight a Transvestite", "Dead Before She Hits the Ground"). On retrouve également pas mal de groove rapide à la Morbid Angel, de quoi rendre l'opus encore plus efficace.
Car efficace, putain qu'il l'est cet album ! Autant qu'une bonne tarte dans la gueule d'une femme qui aurait fait trop cuire les pâtes ou oublié le repassage. Les neuf morceaux de trois minutes vont tous à l'essentiel, faisant passer la demi-heure de musique aussi vite que le compteur de "féminicides". Pas de chichi, pas d'intro interminable, pas de samples si ce n'est celui de Carl Panzram à la fin de "Happily to the Gallows" qui conclut on ne peut mieux ce deuxième titre ou celui qui ouvre l'excellentissime "Kinderfresser" par des rires d'enfants sur un fond sonore glauque. On tape d'abord on discute après. Non, même pas on discute en fait. Comme son prédécesseur, le nouveau batteur ne lésine pas sur les blast-beats qui sonnent du feu de Satan. Il s'adonne aussi pas mal aux rythmiques thrashies bien entraînantes. On lui pardonnera donc volontiers les quelques semi-blasts plus plan-plan. Et puis ces riffs nom d'un foutre ! Citez-moi un album de brutal death qui riffe aussi bien cette année que
Prostitute Disfigurement ? Alors oui c'est du grand classique, la plupart du temps du tremolo plus ou moins sombre, souvent blasté. Mais bordel de couilles à pute que c'est bien foutu et que ça fait du bien ! "Fight a Transvestite", "Force-Fed Dead", "The Way of All Excrement", "Penile Tumescence", "Hell Libertine", c'est du tout bon sur toutes les pistes, avec un coup de cœur pour le fabuleux "Kinderfresser", véritable orgasme auditif. Et quand les Bataves lèvent un peu le pied, c'est pour rajouter du gras à la brutal death US par des riffs huileux à souhait tout aussi destructeurs. Dernier bon point pour les guitares, quelques solos plus ou moins mélodiques et construits parsèment l'opus.
Oui, mélodique ! Car si Prostitute Disfigurement ne paraît pas le groupe le plus finaud à première vue, il n'en reste pas moins que derrière les blasts, les lipides et les paroles outrancières, il y a de la vraie musique, de vrais riffs et de vraies compositions. On est loin de certains groupes de brutal death neuneus sans intérêt musical. Les Néerlandais ne réinventent rien, ne se renouvellent pas non plus mais ce nouvel album éponyme reste foutrement bien fichu et toujours aussi jouissif écoutes après écoutes. Classique mais inspiré, tout ce que j'aime. À tel point qu'il s'avère peut être bien la meilleure réalisation de la bande, match serré avec
Descendants of Depravity. Étonnant dès lors de ne pas voir un enthousiasme débordant pour une sortie qui se place sans problème dans le haut du panier cette année. Il s'agit d'ailleurs, avec le Devourment, de mon disque de brutal death préféré en 2019 (ah ce "Kinderfresser" !). Des blasts qui décoiffent, du riffing haut de gamme, du groove catchy, de la puissance, de la technique, de la mélodie, du sombre, de la provocation, c'est ça le brutal death et Prostitute Disfigurement l'a bien compris en continuant de se placer comme l'un de ses plus dignes représentants. Et si en plus on peut faire chier cette tête à claques de Marlène Schiappa, on ne va pas se priver !
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