Analepsy - Atrocities From Beyond
Chronique
Analepsy Atrocities From Beyond
Le brutal slam death c’est comme le chocolat ou les bonbons Haribo, c’est bon à petite dose mais faut pas en abuser sinon on frôle vite l’indigestion. Si c’est un style que j’écoute malgré tout assez régulièrement, il est vrai que rares sont les albums, sur cette scène aujourd’hui sursaturée, m’accrochant réellement l’oreille et méritant vraiment que l’on s’y attarde plus de trois ou quatre écoutes. Ce genre d’albums dignes d’intérêt se comptent chaque année sur les doigts des deux mains et l’an passé Analepsy a fait partie de ceux-là, aux côtés par exemple du « Unhuman Forms Prevail » de Purefilth ou du « Reign Of Terror » d’Acranius. C’est donc avec un degré d’exigence tout aussi élevé que pour n’importe quel autre style que j’aborde ce genre d’albums, aussi basiques puissent-ils paraitre sur le fond comme sur la forme.
Et c’est bien pour cela que rares sont ceux qui sortent du lot à mes yeux ou mes oreilles plutôt, car si c’est pour se farcir quarante minutes de riffs chuggy monocordes plombés à l’envi, de blasts pataud, de ralentissements sans intérêt le tout couvert par une vidange d’évier sans aucune variation et dans le pire des cas servi par une prod famélique parce que ces gamins de quinze ans n’ont pas pu se payer mieux, non merci je préfère passer mon chemin (et Satan sait qu’il y en a des comme ça !). Il me faut quelques petits trucs en plus, je ne pense pas trop en demander : un minimum de variation, des riffs un peu plus élaborés, un brin de mélodie pour enrober le tout et pourquoi pas quelques samples bien menés afin d’épaissir l’ambiance (mais faut que c’est bien mené). Par chance Analepsy parvient à remplir bon nombre de ces critères. On sentait dès « Dehumanization By Supremacy » que les Portugais avaient réellement quelque chose à dire et cela se confirme sur ce premier effort qui élève même encore un peu le niveau.
Evidemment on parle tout de même ici de brutal slam death donc le fond de jeu d’Analepsy reste le même que la majeure partie de la scène à savoir une brutalité exacerbée et de tous les instants où le riffing ultra lourd et catchy s’appuiera sur une rythmique privilégiant elle aussi l’efficacité, sans faire de fioritures. Les séquences blastées donneront donc la réplique aux ralentissements pachydermiques. C’est évidemment assez binaire et inévitablement redondant sur la longueur mais le propos n’est pas ici d’en mettre plein la vue ou de faire étalage d’une palette technique éblouissante mais bel et bien de vous enfoncer le crâne dans la terre et d’appuyer bien méchamment jusqu’à ce que vous bouffiez les pissenlits par la racine. C’est bien sûr ultra basique et répétitif, Analepsy ne fait pas exception à la règle mais parvient à rendre son propos bien plus intéressant que la moyenne. Comment ? Essentiellement par la qualité intrinsèque de son riffing qui, à défaut de se contenter comme certains d’un jeu de guitare digne d’un enfant de six an et évitant (Satan soit loué) les harmoniques à tout va, agrémente le tout de séquences plus travaillées et intéressantes allant de riffs en tremolo ou de brins de mélodies bien senties qui permettent d’élargir la palette d’un genre trop souvent bien monotone. Diogo Santana nous gratifiera même de quelques leads fort appréciables dans un style où c’est loin d’être la règle. Derrière ses fûts, Tiago Correia ne se contente pas lui non plus du strict minimum brutal, enjolivant son jeu de breaks bienvenus et de patterns rafraîchissants. Quant aux vociférations du sieur Santana, on n’évitera pas le bon vieux growl des familles bien caverneux et glaireux à souhait mais le gus parvient à y insuffler un soupçon de variations (jusqu’à parfois devenir presque compréhensible, j’ai dit presque…) et puis il est de toute façon difficile d’imaginer un album de ce style avec un autre type de voix.
Ne pouvant éviter tous les écueils inhérents au brutal slam death (ce côté redondant qui finit inévitablement par lasser au bout d’un moment), « Atrocities From Beyond » parvient toutefois à tirer son épingle du jeu par un niveau de composition bien plus étoffé et travaillé que la moyenne (le riffing, les quelques solos, les patterns de batterie) et aidé en cela par une production béton évitant de tomber dans l’excès. Au final ces trente minutes passent comme papa dans maman et même si l’album restera essentiellement réservé aux férus du style, il ne fera pas tache dans la discothèque de n’importe quel amateur de musiques extrêmes.
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