Visceral Disgorge - Ingesting Putridity
Chronique
Visceral Disgorge Ingesting Putridity
Heureusement que je ne suis pas un gras bourré de préjugés et que je ne m'arrête généralement pas à la première impression sinon cette chronique n'aurait peut-être jamais vu le jour. Non sérieusement, j'en ai vu des noms bien nazes mais là franchement, Visceral Disgorge c'est abusé. Apposer deux termes parmi les plus vus et revus dans le death metal, on ne me fera pas croire qu'ils n'auraient pas pu trouver mieux. En tout cas avec un patronyme pareil on ne peut pas dire que les Américains mettent toutes les chances de leur côté car moi aussi j'ai bien failli comme beaucoup malheureusement (vu le peu d'écho récolté par l'album), à cause de ce nom moisi (et je ne parle pas du titre de l'album totalement bateau), passer à côté de l'un des opus de brutal death qui m'a le plus emballé depuis belle lurette.
Quelle erreur j'aurais commise! Derrière ce nom quelque peu faisandé se cache en fait un quatuor originaire du Maryland, formé en 2007 et qui nous propose avec « Ingesting Putridity » son premier full length sorti l'année dernière chez les japonais d'Amputated Vein Records. Même si la pochette signée Toshihiro Egawa est déjà plus engageante (mais il a fait mieux), c'est surtout lorsqu' enfin on finit par appuyer sur la touche play que Visceral Disgorge balaie en quelques secondes toutes ces mauvaises impressions. Première mandale: le son. La prod est quasi exemplaire (hormis une basse timide), puissante et d'une limpidité totale, avec un son de guitare écrasant mettant parfaitement en lumière les riffs jouissifs de Steve et Eric ainsi que la batterie de Dan même si cette dernière aurait pu bénéficier d'un traitement plus naturel. Maintenant il est bien évident qu'une prod, même parfaite, n'a jamais fait à elle seule un bon album et c'est naturellement du côté des compos qu'il faut chercher la raison de mon engouement. Reprenant une base solide de brutal death US fortement inspirée de Disgorge, y adjoignant une bonne dose de slam sans lésiner sur le groove méchamment gras, Visceral Disgorge parvient néanmoins à y apporter une petite patte personnelle grâce notamment à toutes ces petites mélodies sournoisement distillées ça et là au détour de riffs aux petits oignons. De la brutalité, ce « Ingesting Putridity » n'en manque certainement pas! Amateurs de blasts soyez rassurés, vous trouverez ici votre dose de pilonnage de tympan en règle même si l'on n'atteint jamais des vitesses supersoniques et c'est l'un des principaux défauts de cet album (on pourra également regretter le mixage un poil trop en avant de la grosse caisse masquant la snare sur lesdits blasts). Et si vous ne concevez pas un album de brutal death sans une bonne voix bien gutturale, vous vous réjouirez très probablement des renvois glaireux de Travis qui bien que peu originaux et variés n'en restent pas moins totalement en phase avec le reste et surtout ne franchissent jamais la ligne séparant le glaireux-puissant du ridicule-grenouille. Mais la bande de Baltimore puise aussi une partie de cette brutalité dans la scène slam death, ponctuant de temps à autre les passages blastés par des mosh parts très efficaces souvent bien plus intéressantes que la moyenne habituelle (« Sedated And Amputated » à 4'59, « Spastic Anal Lacerations » à 1'04, « Necrocoprophagia » à 40'' et 4'12, « Skull Fucking Neonatal Necrosis » à 4'54), ne se contentant jamais de simples saccades monocordes fadasses, et y incorporant même parfois ces mélodies qu'ils affectionnent (« Force Fed Shredded Genitalia » à 2'05) et dont l'utilisation raisonnable n'altère pas l'impact. A côté de ces véritables mosh parts Visceral Disgorge affectionne également les slow-mid-tempo bien lourds dont il use assez largement (« Sedated And Amputated » à 1'29, « Ball Gagged And Gutted » à 3'42, « Colostomy Bag Asphyxiation » à 2'15 ou « Maggot Infested Fuck Hole » à 3'08) ainsi que les passages plus groovy qui vous donneront inévitablement envie de transformer votre salon en dancefloor sanglant (« Force Fed Shredded Genitalia »» à 4'31, « Spastic Anal Lacerations» à 36'', « Necrocoprophagia » à 1'16, le début de « Skull Fucking Neonatal Necrosis »). Les neuf titres s'avèrent dès lors assez changeant rythmiquement parlant, ne s'enfermant jamais trop longtemps dans un même tempo (l'alternance blasts/groove de la première moitié de « Skull Fucking Neonatal Necrosis » me laisse toujours un gros chapiteau entre les jambes).
Revenons quelques instants sur le travail des guitares car s'il y a bien un secteur de jeu qui tire cet album vers le haut c'est celui là! Loin de se contenter des riffs chuggy habituels du slam death, Visceral Disgorge montre durant ces quarante quatre minutes comment élever ce riffing bien trop souvent stéréotypé au niveau supérieur. Comment? Tout simplement en n'ayant aucun scrupule à injecter tout ce qui pourrait lui apporter une certaine valeur ajoutée. Que ce soit de la mélodie savamment distillée (« Force Fed Shredded Genitalia » à 2'05, « Strangled And Sodomized » à 1'33 et 2'25, « Ball Gagged And Gutted » à 1'38) ou quelques touches plus techniques (le début de « Colostomy Bag Asphyxiation » puis à 4'28), on sent que le combo a voulu éviter au maximum l'éternel écueil de la redondance, utilisant qui plus est avec parcimonie les samples (le plus souvent intégrés au milieu des titres) et les harmoniques qui peuvent sinon très vite rendre l'écoute d'un album fatiguante.
Malgré tous leurs efforts et toutes ces louanges méritées, il est évident que les neuf pistes d' « Ingesting Putridity » finissent quand même par se ressembler quelque peu et il faudra plus d'une écoute pour bien se les faire rentrer dans le crâne d'autant plus qu'elles sont globalement assez longues flirtant régulièrement avec les cinq voire six minutes (quarante quatre minutes au total faut avouer que c'est assez long!). Evidemment les Américains n'apportent aucun élément réellement nouveau au style mais leur savoir faire est tel que la rondelle tourne encore très régulièrement chez moi me faisant dire qu'elle affronte assez bien l'épreuve du temps. Et même si j'aurais bien vu d'autres petites douceurs embellir encore plus la musique du quatuor (pourquoi pas quelques soli?), je le répète « Ingesting Putridity » est une bonne grosse claque de brutal death chiadé, brutal et groovy mais pas seulement. A conseiller à tous ceux qui trouvent que la plupart des groupes du genre se mordent la queue (qui a dit Kraanium?).
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