Je vous préviens, plus je vieillis et plus je vais vous faire chier avec le temps qui passe. Ça fait donc déjà cinq ans que Gorephilia a surpris tout le monde avec son premier full-length nucléaire
Embodiment Of Death après l'EP
Ascend To Chaos pas vraiment folichon. Cinq ans!? Un putain de quinquennat!? Moi qui pensais que cela faisait deux voire trois années tout au plus, quel n'a pas été mon étonnement quand j'ai vu la date de sortie du premier album des Finlandais pour me plonger dans celle du deuxième! Mais peu importe. Ce qui compte, c'est que l'on est toujours là à écouter du death metal et à en parler sur notre cher webzine!
Gorephilia, épaulé par deux nouveaux membres (le batteur Kauko Kuusisalo et le second guitariste Pauli Gurko), est donc revenu début mars, toujours chez Dark Descent Records, pour donner une suite à
Embodiment Of Death.
Severed Monolith qu'elle s'appelle. Je vais d'emblée me faire le défenseur de sa pochette, mise à mal sur la toile. Moi, je l'aime bien. C'est dans l'espace, il y a des éclairs et un gros monstre qui se fait couper en deux. Si c'est pas death metal ça!? Les traits de Raúl González s'avèrent en plus assez originaux et le dessin me fait penser à celle de
Unfold Chaos Supreme de Cambion, grosse boucherie brutal death de 2015 que je vous invite à écouter au plus vite si vous l'avez loupée à l'époque. Non franchement elle est cool. Comme la musique. Parce que oui, Gorephilia ne s'est pas vautré pour donner un successeur digne de ce nom à l'excellent
Embodiment Of Death.
Severed Monolith se révèle certes un ton en-dessous mais le niveau affiché reste tout à fait satisfaisant. Pas de surprise cette fois, par contre.
Severed Monolith est dans la continuité de
Embodiment Of Death. Peut-être moins brutal et plus axé sur les ambiances avec des morceaux un peu plus longs et développés, à l'image de ce
Crushed Under The Weight Of God final qui clôture l'opus, ou de ces interludes calmes, le dissonant "Words That Solve Problems" et le cosmique "Eternity". La différence reste néanmoins légère. Gorephilia a voulu poursuivre dans la veine du dernier et on ne va pas s'en plaindre. Encore plus que sur
Embodiment Of Death, c'est surtout à Morbid Angel que l'on pense à l'écoute de
Severed Monolith. Ce riffing en tremolo à la fois dark et groovy soutenu par un tapis de double. Inquiétant et impérial tout en nous donnant une envie irrésistible de bouger la tête. Les exemples sont légions sur ce nouvel opus à la gloire de la bande d'Azagthoth. Le début d"Interplanar" qui a le mérite de ne pas se cacher d'entrée de jeu, l'intro de "Hellfire" avec qui plus est une lead spatiale, "Black Horns" un peu partout ou encore le démarrage de "Return To Dark Space" qu'on croirait repris de
Covenant. Vous l'avez compris, ce n'est pas sur
Severed Monolith qu'on cherchera de l'originalité ou de la personnalité. Gorephilia n'en a pas. Mais il fait les choses bien voire très bien sur les meilleurs passages, ce qui m'a toujours suffi. Le riffing, le plus important, se montre solide, des tremolos bien noirs parfois vraiment jouissifs ("Interplanar" à 2'45 limite black metal, "Hellfire" à 1'05, "Harmageddon Of Souls" vers 3', "Black Horns" à 1'30, "The Ravenous Storm" à 1' peut-être bien le meilleur, "Return To Dark Space" à 2'43, etc.). De bonnes parties de guitare complétées par quelques leads et solos pas mal fichus ("Hellfire" à 0'13, "Harmageddon Of Souls" à 1'10 et 3'33, "Black Horns" à 3'04 et 4'22, "The Ravenous Storm" à 2'25, "Crushed Under The Weight Of God" à 3'54...) même si on les aurait souhaités plus nombreux et développés. Ça riffe bien donc, et ça bourre aussi grâce à beaucoup de blast-beats. Et moi, vous savez que le combo riffs sombres plus gros blasts ça me rend tout chose. J'apprécie également quand ça varie un minimum, ce que sait aussi faire le quatuor de Vantaa qui groove et fait dans le mid-tempo (le down même sur le dernier titre qui rappelle Incantation vers 6'35) pour aérer ses compositions intelligemment écrites. Bref, ce
Severed Monolith ne manque pas d'efficacité.
De quoi manque-t-il alors puisque j'ai indiqué que ce nouvel album des Finlandais, bien que de qualité, restait tout de même un ton en-dessous de son prédécesseur? Quelques détails font la différence. Déjà, il n'y a plus l'effet de surprise du premier album qui arrivait sans crier gare alors que les débuts de la formation ne laissaient pas présager une telle claque. Gorephilia est désormais attendu et
Severed Monolith ressemble plus à
Embodiment Of Death que celui-ci à
Ascend To Chaos. Ensuite, si ce nouvel opus brille par son homogénéité, aucun titre ne sort vraiment du lot comme les énormes "Pantheon In Flames" ou "7 Gates, 7 Spheres". Le chant de Henri Kuula alias "Nemesis" se fait aussi moins puissant et imposant, le bonhomme manquant ici clairement de coffre alors qu'il s'agissait d'une des forces du combo sur ses réalisations précédentes. Comme si cela ne suffisait pas, la voix subit un effet distordu assez naze sur "Hellfire" vers 2' et à la fin de "Return To Dark Space". Il n'apparaît que sur deux courts passages mais les vocaux manquant déjà d'impact et de conviction, cela s'ajoute au cahier des doléances. Je trouve également le morceau de fin "Crushed Under The Weight Of God" trop long (dix minutes!) car peu captivant et mollasson malgré une atmosphère noire et pesante bien retranscrite. Pas fan non plus du court interlude "Eternity" à base de bip bip électroniques. On pourra aussi reprocher une influence Morbid Angel parfois trop criante comme sur un "Return To Dark Space" à la limite du pompage. Dernier grief, la batterie légèrement sous-mixée, surtout en comparaison avec
Embodiment Of Death où elle nous plaquait contre le mur.
Voilà pourquoi ma préférence ira vers
Embodiment Of Death. Cela ne veut pas dire que
Severed Monolith n'a rien à proposer, au contraire. Ceux qui ont aimé
Embodiment Of Death aimeront aussi celui-là car très proche. Quant aux autres qui découvriraient le groupe, ce nouveau disque se montre suffisamment convaincant pour qu'il leur donne envie de s'y mettre. Riffing sinistre, groove efficace, ambiance soufrée, blast-beats véhéments, parfum Morbid Angel enivrant, il y a de quoi faire sur ce nouveau Gorephilia qui, s'il n'atteint pas tout à fait le niveau de son grand frère, vient tout de même compléter un premier trimestre 2017 décidément très riche en sortie death metal de qualité.
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