Même les groupes de Brutal Death subissent le poids des années. 15 ans en arrière, Deranged sortait
" Deranged", son album éponyme, qui reste l’une des pierres angulaires de mon itinéraire personnel au sein des terres de la brutalité, suivi 2 ans plus tard de
« Plainfield Cemetary », d’une égale efficacité, et marquant la dernière sortie qualifiable d’excellente du combo Suédois. En effet, les 3 albums suivants ont sombré ensuite dans une certaine médiocrité, amenant même Rikard, batteur et tête pensante du groupe, à quitter le groupe en 2008 pour le reformer une année plus tard : la faute à des compos moins inspirées, des productions souvent faiblardes, et le départ de Johan Axelsson après
« Obscenities in B-Flat » a pour moi beaucoup compté dans cette situation, car le gaillard était l’auteur des riffs les plus assassins de la carrière du groupe.
Mais ragaillardi par un line-up rajeuni et un deal avec Agonia Records, après avoir écumé les labels (Listenable, Regain Records et Severed) sur 3 albums, les Suédois m’ont demandé de leur redonner une chance avec ce « Struck by a Murderous Siege », qui perpétue l’imagerie gore / assassine chère aux dérangés de l’esprit. Comme je l’évoquais en préambule, Deranged accuse malgré sa volonté de brutaliser encore son auditoire une certaine fatigue, les titres brutaux (5 sur 8, en synthèse) n’ayant qu’une pâle férocité si comparé à l’ensemble des
« High on Blood »,
« Deranged » et autres
« Plainfield Cemetary » qui les ont précédés. A l’exception du titre éponyme et de « Cold Icy Hands », je ne prends plus de grosse mandale comme par le passé, l’envie de se donner un peu de profondeur en jouant des titres plus longs et plus variés, là où 15 ans plus tôt on décapitait l’auditeur avec un « Malebolgia » de 2mn37. Egalement, la production a une espèce de son étouffé au niveau des percus qui ne rend pas hommage aux blasts « so typical » de Rikard, alors même que le groupe est retourné au studio de ses premiers amours, les Berno Studios.
Mais en mettant les attentes d’un passé désormais révolu de côté, on a tout de même affaire à un album de qualité, qui m’a pris par surprise sur des mid tempos très agréablement groovy (« Hello from the Gutters », « Shivers Down your Broken Spine », « Toy Box Torture Chamber ») et d’excellente facture. Egalement, ne croyez pas que les titres rapides soient mauvais pour autant, simplement ils font redescendre Deranged du podium des bouchers les plus sanguinaires du Brutal Death Metal dans la fosse commune ou se côtoient d’innombrables groupes jouant peu ou prou le même style, à la Canniboule mais en moins technique. Le chanteur est interchangeable avec les précédents, un growl restant un growl, mais assure ses parties correctement, même s’il lui manque la ferveur de mon préféré, Calle Fäldt, resté ma référence sur « Plainfield », pour la violence de son growl égale à celle des lyrics (« I spit on the ruins of what my life became » sur le dantesque « God is Dead »).
Prenons cet album pour une honnête sortie de Death Metal (j’omets volontairement le « Brutal », cela ne l’est plus tant que ça et la concurrence à la férocité est bien plus élevée de nos jours) d’un combo culte en son temps, et qui remonte la barre après quelques errances qu’on s’efforcera d’oublier. Mais le vrai bienfait de « Struck… » restera de m’avoir fait remettre en boucle dans ma playlist le trio sanguinaire « III / Deranged / Plainfield Cemetary ».. on en fait plus des comme ça, ou alors donnez-moi des noms…car j’écouterai sans hésiter.
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