Les décès prématurés touchent souvent le monde du metal. Extreme music for extreme people comme le disait une ancienne gloire et effectivement, la vie tumultueuse souvent faite de drogues et d'alcool de bon nombre de musiciens n'est pas sans conséquence. On vient encore de le voir avec Alexi Laiho. D'autres à l'esprit encore plus tourmenté choisissent de ne plus souffrir en mettant fin à leurs jours. Ce fut le cas de Henu, chanteur de Gorephilia qui s'est suicidé fin 2018 à l'âge de 29 ans, engendrant son lot habituel de "RIP" d'une scène à nouveau endeuillée. Les Finlandais décidèrent alors de continuer entre eux sous la forme d'un quatuor, le guitariste Jukka Aho (ex-Krypts) prenant désormais aussi le micro. C'est ainsi à l'automne dernier sur Dark Descent (CD) et Me Saco Un Ojo (LP) que débarque le troisième album du combo,
In the Eye of Nothing, illustré par le prolifique Raúl González. Et je ne sais toujours pas si j'aime bien ou pas cette pochette !
Ce que je sais en revanche, c'est que
In the Eye of Nothing n'a pas eu l'effet que m'avaient procuré l'excellent
Embodiment of Death (2012) et à un degré moindre
Severed Monolith (2017). Pas que ce nouvel opus soit mauvais, il s'avère même très correct, dans un style death metal bourru avec toujours cette grosse influence Morbid Angel dans le riffing et le groove sombre. Ce n'est pas non plus la faute de Jukka Aho qui fait bien le job grâce à son chant proche de celui de Henu en un poil plus varié (les intonations plus intelligibles et vomitives un peu à la Autopsy à la fin de "Simplicity of Decay", miam !). Gorephilia a en fait eu la mauvaise idée de ralentir fortement la cadence. C'était déjà le cas sur
Severed Monolith, ça l'est encore davantage ici. Niveau brutalité, intensité et impact, on reste alors clairement sur notre faim même si le combo de Vantaa blaste toujours de temps en temps. C'est même d'ailleurs plutôt frustrant car ces passages se révèlent de loin les meilleurs, là où les riffs en tremolo se font les plus inspirés et les plus percutants avec un Kauko Kuusisalo qui se lâche enfin derrière les fûts. On le voit bien sur "Ouroboran Labyrinth", morceau le plus court et le plus direct avec ses gros blast-beats et ses rythmiques thrashies. Bien plus prenant ! Dès que Gorephilia lève le pied sur du mid-tempo voire plus lent, soit la majorité du temps, nous voilà bien moins séduits. Le riffing s'avère plus générique, ça traîne la patte. On s'ennuie car ça ne dégage pas grand chose si ce n'est quand le groupe daigne mettre un peu de poil autour, par l'ajout d'une ligne de lead notamment, comme sur "Devotion Upon the Worm" à 4'49, la fin de "Not for the Weak" ou "Ark of the Undecipherable" en plusieurs occasions. En parlant de lead, les quelques solos s'avèrent d'ailleurs plaisants, on aurait bien voulu du rab. On sera aussi ravi d'entendre le surprenant interlude "Death Dream", acoustique et aérien, presque hard rock bluesy, auréolé d'une bonne basse. Plus intéressant que l'autre intermède "Consensus" fait de bruitages et autres samples inutiles qui casse encore plus le rythme après un "Devotion Upon the Worm" insipide et longuet malgré une dernière partie qui nous sort un peu de notre torpeur. Les Finlandais ont en effet cette fâcheuse tendance à étirer leurs morceaux au-delà des cinq minutes, rendant la chose encore moins passionnante. "Perpetual Procession" en deuxième position montrait déjà de gros signes de fatigue sur plus de six minutes. Non, clairement, Gorephilia n'est pas très doué pour les tempos modérés !
Alors pourquoi bâtir
In the Eye of Nothing là-dessus ?! Je n'ai rien contre les mid-tempos et pas besoin de blaster à tout va pour sortir un bon album de death metal mais encore faut-il faire preuve de feeling dans le riffing et les atmosphères pour captiver son auditoire. Gorephilia n'en a pas ou trop peu souvent. D'autres groupes font bien mieux dans le genre. C'est d'autant plus frustrant quand on compare avec les séquences blastées encore présentes et qui démontent tout, permettant à l'opus de rester au-dessus de la moyenne. À ce titre, le morceau d'ouverture "Walls of Weeping Eyes" qui propose un équilibre entre blasts et mid-tempos illustre parfaitement mon propos. Du coup, malgré des qualités certaines, difficile de voir
In the Eye of Nothing autrement que comme une régression, lui qui aurait eu plus sa place entre l'EP
Ascend to Chaos, assez pataud, et le premier long-format
Embodiment of Death, orgie jouissive de brutalité. Sachant que
Severed Monolith marquait déjà une petite baisse de régime, on peut en conclure que les Finlandais sont bel et bien sur la pente descendante. Allez, remontez-la s'il vous plaît les gars !
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