Uttertomb - Nebulas Of Self-Desecration
Chronique
Uttertomb Nebulas Of Self-Desecration
Parmi la pléthorique et qualitative scène extrême venue du Chili UTTERTOMB avait clairement marqué les esprits il y a déjà sept ans avec l’Ep
« Necrocentrism: The Necrocentrist », aux accents funèbres fortement prononcés et à la violence d’une folle intensité... qui finissaient de convaincre qu’on était une fois encore en présence d’un gros potentiel du côté de Santiago. Depuis cette sortie le groupe s’était fait particulièrement discret, et hormis le Split réalisé avec les péruviens d’EVIL SPELCRUM en 2019 rien n’était venu nous prouver que les chiliens étaient encore actifs... chose dont on a la certitude aujourd’hui avec ce premier album, qui a vu l’arrivée de nouvelles recrues à la basse comme à la batterie et qui bénéficie toujours du soutien de Pulverised Records. Si effectivement l’attente a été longue concernant le passage au format supérieur on peut dire que cela en valait la peine car à l’instar de ses compatriotes de COFFIN CURSE le combo signe une œuvre de toute beauté à la noirceur impressionnante, et à la virulence constante où la finesse n’est pas à l’ordre du jour. Portée par une production naturelle et dissonante cette galette va démarrer en trombe avec le poisseux et vicelard « Exhumation Of The Womb’s Splendour » qui va nous embarquer immédiatement dans un univers oppressant où la saleté, l’humidité et le nihilisme vont suinter par tous les pores.
Proposant immédiatement un mélange classique entre tabassage intensif, pointes de vitesse débridées et gros ralentissements rampants... ce morceau dévoile toute la palette de jeu favorite de l’entité, qui n’est pas là pour faire dans la dentelle et prouve que malgré les mouvements internes elle reste particulièrement attractive et talentueuse. Car sans jamais donner l’impression de se forcer ni d’en faire des tonnes au niveau technique celle-ci va offrir un rendu homogène sur la durée et sans fautes de goût, malgré des plans éculés et repris par bribes sur les autres compositions de façon régulière... néanmoins tout ceci est tellement sincère et authentique qu’on n’en tiendra pas rigueur, bien que ça sonne très classique et sans surprises... mais exécuté ici de façon tonitruante. En effet même quand les gars alourdissent leur propos comme sur les étouffants « Graceless Thaumaturgy » et « Opisthotonic Funerals » - qui proposent des accents presque Doom et où la noirceur en ressort ainsi renforcée (pour un rendu encore plus glauque où l’humidité est à son paroxysme), tout cela est absolument jouissif au possible. Si ça n’oublie pas d’accélérer comme il faut l’ensemble reste glacial et inquiétant, notamment porté par une relative simplicité du côté de l’écriture qui démontre que même quand elle se bride elle reste convaincante et en raccord avec l’explosivité massive qui ressort. Cette dernière reste effectivement majoritaire et voit même l’ajout d’un supplément de froideur sur « Aurora Cruoris », via des arpèges joués à son début et à sa fin qui se font coupants et bien calés entre les rasades de brutalité et d’alourdissement généralisé, où l’envie de secouer la tête se fait sentir. D’ailleurs cela est à signaler tant l’ensemble de l’enregistrement possède un vrai sens du riff comme du headbanging qui est présent largement, et ce même quand les mecs simplifient leur rendu pour revenir à quelque chose de plus bas de plafond où la variété est de mise. Cela s’entend effectivement sur l’excellent « Seraphobia » comme sur le court et énergique « Ominous Flesh Relinquishment », qui trouve le moyen de tout caser en minimum de temps et sans que cela ne tombe comme un cheveu sur la soupe.
Et histoire de finir dignement les hostilités celles-ci s’achèvent avec le long (presque neuf minutes) et ténébreux « Nebulas Of Self-Desecration » qui va offrir un léger soupçon de lumière au milieu de ces nuages opaques et impénétrables, sans pour autant que la nuit intégrale ne s’efface totalement. Ici elle a décidé de nous prendre par surprise en nous faisant croire qu’elle allait s’effacer pour ainsi laisser un espoir d’émergence et de renouveau, avant de finalement resserrer son étreinte étouffante en jouant sur les changements rythmiques récurrents où ça ralentit fortement et fermement à de nombreuses reprises. Voyant une ultime fois l’explosivité apparaître au grand jour celle-ci est annihilée régulièrement au profit de moments pachydermiques où le retour en mode nocturne crée ainsi la fin des courtes illusions qui espéraient un apaisement général. Car là tout se termine comme cela a commencé... sans aucune chance d’échapper à la faucheuse comme à Hadès, Pluton ou encore Anubis, selon les croyances auxquelles on veut s’attacher.
On aura donc compris qu’il n’y a rien à jeter ici et que malgré sa facilité de prime abord cet enregistrement se révèle être bien plus dense et profond qu’il n’en a l’air, et confirme que l’entité est clairement dans le haut du panier de sa nation où pourtant la concurrence est rude et très relevée. Légèrement occulte sur les bords sans jamais tomber dans le côté orthodoxe et cliché celle-ci a su se faire désirer de la meilleure des façons, tout en mettant la barre très haut au sein des sorties Death de cette année pourtant nombreuses et qualitatives... et ce quelle que soit leur provenance. Tout cela mérite clairement qu’on se penche dessus avec attention, tant le potentiel dévoilé ici est impressionnant et a de quoi captiver de longues heures sans jamais lasser vu que ces tornades et chemins sinueux se dévoilent avec parcimonie à chaque écoute, pour mieux être assimilés de façon progressive. Rien de plus donc à ajouter hormis que la bande est grande et qu’elle a de quoi tout exploser encore un peu plus fort lors de sa prochaine livraison, c’est tout ce qu’on lui souhaite et pour l’instant on se satisfera volontiers de ces nébuleuses hermétiques au départ, mais où l’on appréciera se plonger dedans avec délectation sans vouloir en sortir.
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