J’ai toujours eu de la sympathie pour les travaux de Wes Benscoter. Même si le vétéran américain ne figure pas sur la liste de mes illustrateurs préférés, on lui doit malgré tout quelques illustrations relativement iconiques comme celles qu’il a réalisées pour Autopsy, Hypocrisy, Incantation, Mortician, Nile, Sinister, Slayer ou Vader. Malheureusement, on ne peut pas dire qu’il soit toujours hyper inspiré. Aujourd’hui ce sont les Danois d’Hyperdontia qui en font les frais avec cette oeuvre des plus discutables qui orne leur troisième album. Certes, tous ces démons et autres créatures tentaculaires s’avèrent plutôt cool mais entre ces couleurs peu harmonieuses pour ne pas dire franchement dégueulasses et cet ancien gréement quelque peu hors de propos (on n’est pas chez Alestorm, faut pas déconner), il y a quand même de quoi être passablement surpris par un tel choix artistique. Car on a beau avoir reproché le caractère un poil redondant de certains travaux de Paolo Girardi, on est quand même ici très loin d’une illustration comme celle réalisée pour
Nexus Of Teeth...
Mais ne vous y trompez pas puisque si cette oeuvre n’a effectivement rien de très engageant et qu’elle risque au passage de dissuader de potentiels nouveaux auditeurs d’y poser une oreille, ce nouvel album d’Hyperdontia mérite plus que ces regards de désapprobation et autres moqueries qu’il subit (en tout cas chez nous) depuis que cette illustration a été dévoilée.
Enregistré individuellement par chaque membre du groupe puis envoyé de nouveau à Greg Wilkinson qui s’est ensuite chargé de mixer et de masteriser l’ensemble au Earhammer Studio,
Harvest Of Malevolence est un album qui n’apporte strictement rien de neuf et se contente de reprendre les choses là où les Danois les avaient laissées il y a un petit peu plus d’un an après la sortie de l’excellent
Deranged.
En effet, c’est une fois de plus pied au plancher que le groupe originaire de Copenhague entame ces retrouvailles au son d’un "Death’s Embrace" effectivement sans surprise mais d’une efficacité encore non-démentie après toutes ces écoutes. Un rythme enlevé qui caractérise une fois de plus l’essentiel de ces trente-neuf minutes menées majoritairement sur la base de fulgurances thrashisantes diablement haletantes. Certes, Hyperdontia n’a pas l’air décidé à sortir du cadre rigide dans lequel celui-ci évolue mais là chose lui ayant jusque-là plutôt réussi on comprend aisément pourquoi les Danois n’ont pas spécialement à coeur de révolutionner quoi que ce soit. En attendant, de "Death's Embrace" à "Salvation In Death" en passant par "Marking The Rite", "Irrevocable Disaster", "Defame Flesh" ou "Servant To A Cripple God" ce ne sont pas les cavalcades qui manquent. Mais au-delà de ces nombreuses accélérations héritées de la scène Thrash on trouve également pas mal de coups de boutoirs et autres courtes séances de blasts comme c’est le cas par exemple sur "Death's Embrace" à 0:19, "Salvation In Death" à 0:57, les entames musclées de "Marking The Rite" et "Irrevocable Disaster" ou bien encore "Servant To A Cripple God". Des séquences relativement discrètes qui permettent de brutaliser un petit peu le propos d’Hyperdontia en y amenant également un soupçon de variété naturellement bienvenu.
Mais ce sont surtout ces quelques passages moins tendus qui permettent aux Danois de varier leur formule (de ces transitions au groove Canniboulesque ("Death's Embrace" à 1:57, "Marking The Rite" à 1:10, "Defame Flesh" à 2:15) à ces passages tout simplement plus lourds et généralement plus tarabiscotés (les premières secondes de "Salvation In Death" puis plus loin à 2:54, "Irrevocable Disaster" à 2:04, l’entame "Defame Flesh"...) sans oublier ces quelques titres globalement moins dynamiques ou en tout cas nettement plus nuancés ("Pestering Lamentations" idéalement placé après cette entrée en matière plutôt virile ou "Pervasive Rot" et sa première partie entêtante), rien ne manque). Adeptes de morceaux relativement longs compris entre quatre et cinq minutes, ces baisses de régime sont dès lors quasi-nécessaires pour espérer éviter une certaine forme de redondance même si, on ne va pas se mentir, il y a effectivement chez Hyperdontia une évidente linéarité dans la manière dont sont construites et exécutées ces huit nouvelles compositions. C’est d’ailleurs ce qui risque d’en faire tiquer quelques-uns qui trouveront que globalement
Harvest Of Malevolence manque à la fois de variété et de véritables moments forts pour permettre au groupe de tirer significativement son épingle du jeu.
En l’état, ce troisième album est pourtant d’une efficacité incontestable grâce à des riffs nerveux et un sens de la mélodie plutôt affûté (notamment ces quelques leads et autres solos plutôt sympathiques dispensés sur "Death's Embrace" à 1:11 et 2:47, "Salvation In Death" à 4:11, "Marking The Rite" à 2:40 ou "Pestering Lamentations" à 2:44 et ainsi de suite), des structures changeantes et dynamiques parfois plus complexes qu’il n’y paraît (ou en tout cas que ces accélérations thrashisantes le supposent) et un caractère particulièrement immédiat qui permet à l’auditeur de très vite se laisser prendre au jeu. Pour autant, il semble quelque peu évident que les limites de cette formule ont ici été atteintes. Il faudra probablement qu’Hyperdontia se renouvelle par la suite et vise peut-être un petit peu plus haut (peut-être opter pour une production plus dynamique et penser à davantage varier ses compositions non pas dans leur nature profonde mais dans leur construction) s’il souhaite rester aussi pertinent qu’il ne l’a été par le passé. En attendant que ce jour arrive,
Harvest Of Malevolence s’impose comme une cuvée très plaisante même si je ne m’engagerai pas trop sur son impact sur la durée.
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