The Kryptik - A Journey To The Darkest Kingdom
Chronique
The Kryptik A Journey To The Darkest Kingdom
S’il s’était jusqu’à présent toujours montré productif dans ses sorties publiées à intervalles réguliers le duo Brésilien a cette fois-ci pris beaucoup plus son temps pour publier son nouvel album, qui intervient presque trois ans après l’Ep
« Behold Fortress Inferno » et le Split en compagnie de ses compatriotes de LUTEMKRAT et UTU. Depuis silence radio ou presque du côté du binôme mais cela était pour la bonne cause, tant celui-ci a mûrement réfléchi pour composer et mettre en boîte ce « Darkness Kingdom » qui doit lui permettre de passer un cap musical, vu que celui-ci ne s’est montré jamais si ambitieux en termes d’écriture comme de durée. Car avec presque une heure dix de musique au compteur - et des morceaux qui ne descendent jamais sous les huit minutes, il a rallongé son propos comme son écriture qui se montre plus travaillée mais toujours aussi réussie, et qui continue à lorgner dans la grandiloquence symphonique de la Norvège des années 90. Sans changer son fusil d’épaule il faut reconnaître qu’il fallait oser aller vers ce résultat, même s’il est indéniable pour le combo que pour gagner en visibilité il lui fallait clairement aller plus loin au risque pour lui de rester cantonné dans des limbes minuscules et visibles uniquement d’une poignée de fans. Si on sait que les compères ont du talent et en gardaient sous la semelle il leur fallait encore montrer de quoi ils étaient capables, tant leurs précédents opus bien que réussis restaient très scolaires et parfois gentillet... et à l’heure où la concurrence dans ce registre est de plus en plus importante avec des noms qui remportent les suffrages (VARGRAV, WARMOON LORD...), nul doute qu’avec ce nouveau long-format THE KRYPTIK va se mêler à la lutte pour la suprématie dans le genre.
Cependant s’il veut pouvoir rester dans le haut du panier de ce style qui retrouve une seconde jeunesse il va falloir clairement qu’il raccourcisse à l’avenir son propos, car finalement le défaut majeur de cette galette est cette longueur largement excessive qui fait qu’il est très difficile de rester concentré en permanence, et de se l’enfiler d’une seule traite. Pour le reste en effet il n’y a pas grand-chose à lui reprocher surtout que l’intensité va aller crescendo une fois la doublette d’ouverture passée (« A Journey To The Darkest Kingdom » / « Into The Blasphemy Ritual »), qui va dévoiler de façon très classique tout l’attirail typique des mecs entre explosions de vitesse et passages au ralenti d’où émergent des synthés inquiétants et chœurs religieux, portés par une guitare coupante à l’ambiance autant nocturne que pluvieuse. Si tout cela s’écoute facilement ça aurait nettement gagné en allant plus à l’essentiel (oui toujours !) vu que ça s’étire à n’en plus finir et on finit par ne remarquer plus que ça, surtout que l’exécution bien qu’étant parfaitement redoutable se montre assez quelconque pour captiver en permanence, et ce même si on est immédiatement embarqué au sein d’une météo capricieuse et d’un occultisme intégral. Néanmoins cela servait d’entrée en matière idéale avant que la suite n’arrive et que le cerveau se mette moins en dilettante, vu que le venteux et sombre « The Rotten Wounds Of The Blessed » va réclamer plus d’attention tant ça sonne moins pilotage-automatique, et ce même si ça reste ultra-convenu et balisé. Offrant un grand-écart plus conséquent au milieu d’ambiances sombres et tempétueuses les gars y dévoilent aussi leur composition la plus "courte" (si on peut dire...) qui confirme qu’ils sont plus efficaces quand les choses se font plus sobres temporellement, surtout que l’attractivité y grimpe en flèche de façon générale et ça n’est pas le magnétique et addictif « Unhallowed » qui nous fera dire le contraire.
Si la première partie de cette galette passait facilement la seconde va l’être tout autant tout en voyant des ambiances guerrières comme mortifères apparaître, et cette réalisation en est un des meilleurs exemples tant on a l’impression que le Malin comme la grande faucheuse y sont en permanence invoqués, tant ça pue la mort de partout notamment via ces accents guerriers et épiques mis clairement en avant parfaits pour secouer la tête et faire venir plus rapidement les combattants vers le Valhalla. Cependant comme le paradis des guerriers vikings est lumineux on y entend ici des éclairs solaires parfaits pour amener une dose d’espoir, et ainsi confirmer que le défunt est dans de bonnes mains dans l’au-delà. Rempli de noirceur et de désespérance le rendu est également rythmé en permanence et sert de parfaite transition avec l’excellent « Bloodthirsty The Mighty Bestiary » qui va être le point d’orgue de ce disque. Nous ramenant purement et simplement aux débuts d’EMPEROR cette compo riche en atmosphères va nous offrir un côté grandiloquent et grandiose de par ses claviers proéminents, mêlés à un tempo qui ne cesse d’évoluer et d’où émerge un solo mélodique de toute beauté qui permet d’aérer et magnifier l’ensemble. Magnétique et inspirée par le cultissime « In The Nightside Eclipse » celle-ci montre autant la facette violente et radicale de la bande que celle plus éthérée où la batterie et la guitare savent s’effacer pour mieux revenir ensuite et créer un résultat oppressant et prenant, dont on a du mal à ressortir indemne après ce voyage tumultueux mais si agréable.
Terminant les débats par le classique et impeccable « The Sovereign Whore » (où la vitesse prend ici le dessus au sein d’une écriture standard mais jamais linéaire) et la (trop) longue conclusion instrumentale et horrifique intitulée « Opus Lucifero » (encore un clin d’œil au Diable et ses légions), cette galette à la pochette s’inspirant de celle d’Ihsahn et ses compagnons (tiens donc !) offre de vrais moments de gloire malgré les couloirs instrumentaux excessifs, et une batterie qui manque clairement de puissance et qui est parfois noyée dans le mixage final. Si l’on ne peut que conseiller aux sud-Américains de faire dans la sobriété la prochaine fois on ne peut néanmoins pas leur reprocher d’avoir essayé de gravir un échelon supplémentaire, et si le rendu n’est pas totalement une réussite ça reste quand même particulièrement prenant et surtout largement positif. Glacial et humide, clair et sombre mais jamais pompeux ce troisième volet est clairement le meilleur jamais sorti par leurs soins, qui se démarque du rendu scolaire et balisé de leurs précédentes livraisons (mais qui contenaient déjà de belles choses prometteuses) et a tout ce qu’il faut pour les faire grimper plus haut dans la hiérarchie... à condition de rééquilibrer certains points déjà largement évoqués plus haut. Nul doute en tout cas que ceux-ci seront corrigés et que la prochaine sortie sera encore supérieure à tout ça tant le potentiel dévoilé est impressionnant, et il suffira juste de quelques rafistolages pour que ça grimpe encore plus fort et fasse ainsi des Cariocas une des attractions majeures de son pays dans ce style si Européen mais qui a fait des émules partout sur la planète... la preuve ici malgré les plus de 10.000 kilomètres qui les séparent de la patrie Norvégienne mais qui ne semblent pas si loin à l’écoute.
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