Le nom d’Obtained Enslavement fera résonner pour certains l’écho de deux purs bijoux de black metal symphonique, pour d’autres, le deuxième groupe renommé de Pest (Gorgoroth). Arrivé après leur formation, le guitariste et claviériste Heks (Heine Salbu) ira complètement changer la tournure musicale des Norvégiens en imposant ses influences, bercé par les incontournables de la musique classique (Beethoven, Chopin ou Bach, merci à sa page Facebook). Le « raw black metal » de
Centuries Of Sorrow a ainsi laissé place au chef d’œuvre symphonique
Witchcraft, considéré comme l’un des meilleurs albums black de tous les temps par bon nombre (rien que ça) et pourtant encore inconnu pour quelques uns (l’artwork n’aidant pas), masqué à l’instar d’un Gehenna, par les mastodontes norvégiens Emperor, Limbonic Art et autres Dimmu Borgir. Un an après
Witchcraft, toujours au studio mythique de Grieghallen (Gorgoroth, Immortal, Emperor, Borknagar), les Scandinaves signeront chez Napalm Records. Ils useront des services de la ravissante Morrigan (Aeternus) pour le clavier ainsi que de T-Reaper (Gorgoroth) pour la basse. Un nouveau joyau du genre est né (la splendide peinture de Salvator Rosa exposée au Louvre ne pouvait pas mieux illustrer l’album). Comment justifier l’absence de
Soulblight sur le webzine alors que l’aîné
Witchcraft avait déjà été chroniqué par mon collègue Chokos ? Une paire indissociable. Voici ma modeste contribution.
Ah ce
Soulblight… Par où commencer ? Il n’est ni plus ni moins que la suite logique de
Witchcraft, un style affiné et une musique toujours aussi poignante et ravageuse. Pour ceux qui n’auraient jamais écouté la pierre angulaire de 1997, Obtained Enslavement pratique un black metal « maelstrom » de mélodies épiques baroques dans un tempo éprouvant du batteur Torquemada. Je vous laisse le soin de scruter la toile à propos de la stature de
Soulblight. Jamais un groupe n’avait su allier de façon aussi fusionnelle le black metal et la musique néoclassique, deux styles diamétralement opposés. Une production minimaliste et de simples guitares en apparence pour accoucher d’une musique furieuse touchant la magnificence et l’émotion des références classiques. Porté par le discret guitariste Heks (compositeur principal, désormais en dehors du monde du metal), Obtained Enslavement ira accoucher de compositions d’une complexité sans pareille. Peu de groupes de black metal norvégien auront autant poussé l’écriture de leurs morceaux. Le travail fourni est tout bonnement hallucinant. Les innombrables arrangements, mélodies et breaks ne pourront être domptés sans écouter en boucle le brûlot et être surpris à chaque tentative (encore à ce jour). La richesse de l’album semble sans limite.
Et quelles mélodies… La pléthore (et le mot est faible) de riffs en tremolo crucificateurs sur chaque morceau (le final en demi teinte « Charge » n’est pas épargné) ou ces légères nappes de clavier ne laisseront pas indemnes. L’ouverture imparable « The Dark Night Of Souls » (résumé parfait de l’album), le cultissime « Soulblight » (un break à classer parmi les plus beaux de ma modeste expérience « metallistique »), les mélodies mystiques et lugubres de « Nightbreed », l’explosion annihilatrice de « Voice From A Starless Domain », les arpèges majestueux et enivrants de « The Goddess’ Lake »… Les passages anthologiques sont légion. Le clavier ne viendra jamais masquer les guitares, véritables armes symphoniques des Norvégiens. Il n’est ici qu’un instrument de soutient (une surcouche légère de toute beauté), moins mis en avant et bien plus sobre que sur
Witchcraft (certainement la touche Morrigan malgré l’omniprésence de Heks dans la composition). A tort ou à raison selon la perception de chacun mais un maillon indispensable au résultat final. Au milieu, le chef d’orchestre, le monstrueux Pest. L’homme (en est-ce réellement un ?) livre tout simplement les meilleures performances vocales de sa carrière (après un mythique
Under The Sign Of Hell). La puissance et le chagrin qui s’en dégagent ne pouvaient pas mieux convenir à la musique dévastatrice et touchante d’Obtained Enslavement (« Voice From A Starless Domain » me donnera toujours autant de frissons). L’osmose est complète.
Si seulement
Witchcraft (un des mes albums de chevet) n’était pas sorti un an plus tôt,
Soulblight aurait pu voir s’attribué la note maximale… Les compositions de
Soulblight paraissent en effet mieux « maîtrisées » et l’émotion reste du même niveau que son aîné (le titre éponyme étant considéré par beaucoup comme « le » morceau du groupe et du style). On touche la perfection. Mais
Witchcraft possède cette aura indéfinissable, il demeure l’œuvre culte d’Obtained Enslavement. Quasi introuvable sans vendre un organe (une honte), il a été remasterisé et réédité (avec leur démo
Out Of The Crypts) par le label chilien Keltic Records en 2010. L’aventure d’Obtained Enslavement n’est pourtant pas terminée à cette époque, le quatrième album
The Shepherd and the Hounds of Hell clôturera bien tristement l’histoire des Norvégiens. Une curiosité à proscrire. Jetez vous plutôt sur les deux précédents albums à inscrire au panthéon du black metal. Tout simplement magnifique.
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