Que vois-je ? Un nouveau groupe français de
black metal symphonique avec deux anciens membres fondateurs de
THE GREAT OLD ONES dedans, à savoir
Jeff Grimal et
Léo Isnard (le batteur), si ça m’intéresse ? Et comment donc ! « Et comment donc qui je vous prie ? Et comment donc Houston ! » (Bon, si vous ne connaissez pas
« Derrick contre Superman », cette dernière phrase ne sert à rien.)
«
Remember your Past » est le tout premier album du quatuor et, peut-être par facilité scénaristique, j’ai envie de dire que j’y entends une voie alternative à ce qu’aurait pu devenir
TGOO après la sortie de
« Tekeli-li », c’est-à-dire un approfondissement, pour ne pas dire une descente, vers un
black plus glacial, plus âpre, plus épuré également, qui n’est d’ailleurs pas sans m’évoquer ce qui se fait de meilleur du côté du Canada.
Bien évidemment, l’artwork est signé par
Jeff Grimal qui s’éloigne ici de ses inspirations lovecraftiennes pour se rapprocher, il me semble, de ce qu’il a pu faire pour
SPECTRALE : plus ésotérique, plus psychédélique, les couleurs vives accentuant le contraste avec une musique qui peine à se réchauffer. Car oui, la citadelle est froide, pleine de courants d’air qui mordent la peau nue, les murs sont recouverts de givre… Et on s’y sent pourtant comme chez soi.
Il faut dire que cela faisait un moment que je n’avais pas entendu des compositions estampillées
black, aussi symphoniques soient-elles, toucher à une telle luminescence, nombre de mélodies étant tout simplement à couper le souffle de beauté. «
Remember your Past », c’est «
La Morte Amoureuse » de Théophile Gautier, un endroit sans soleil ni lune pourtant plongé dans une clarté parfois difficilement soutenable tant les harmonies confinent à la clairvoyance médiumnique.
Car, au-delà du chant toujours impeccable de
Jeff Grimal il faut surtout souligner l’incroyable boulot abattu par les autres musiciens. Bien sûr, une performance moyenne de
Léo Isnard était difficilement envisageable et il fait une nouvelle fois ici la démonstration de tout son savoir-faire, décuplant la puissance de chaque riff, de chaque rythmique, bonifiant en cela chaque minute, chaque seconde. Il ne faudrait pas non plus oublier la subtilité des claviers, jamais étouffants, jamais bêtement grandiloquents comme on peut l’entendre parfois dans le symphonique mal compris, utilisant des sonorités qui, alors qu’elles sont assez classiques, inscrivent totalement
CITADEL dans la modernité. La formation est attachée au passé mais fermement tournée vers l’avenir.
Au regard des productions récentes de
Jeff Grimal l’auditeur ne sera également pas surpris de retrouver de nombreux passages acoustiques, plus étoffés que dans
SPECTRALE mais proches dans l’esprit ainsi que dans les atmosphères développées. Tous ces éléments mis bout à bout font de «
Remember your Past » l’un des incontournables de 2022, un disque qui deviendra certainement essentiel à n’importe quel fondu de
black metal hautement qualitatif.
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