Obtained Enslavement - Witchcraft
Chronique
Obtained Enslavement Witchcraft
Il arrive parfois que les mots vous manquent pour décrire vos sentiments, vos émotions, tout ce qui vous rend admiratif d'un bel objet ou d'une belle chose. En essayant de chroniquer Witchcraft, c'est face à ce genre de situation que je me retrouve confronté. Comment introduire l'un des meilleurs, sinon le meilleur, album de black symphonique ; style parmi les plus raffinés qui soit au sein du metal extrême ? Là est tout le paradoxe pour le pauvre chroniqueur qui, victime de son amour débordant pour une oeuvre, mesure toute la faiblesse de ses mots, incapables de retranscrire toute l'intensité de l'oeuvre musicale vénérée. Les écoutes se succèdent, et l'issue est inévitable : on tombe immanquablement sous le charme de cette ode à la nuit et à la magie noire, thèmes il est vrai relativement communs pour un album de black metal, mais qui n'auront certainement jamais été traités de manière aussi touchante et raffinée.
Il est donc assez triste de voir qu'aujourd'hui, le combo reste encore si méconnu d'une bonne partie du publique alors que l'on touche certainement à ce qui se fait de mieux ne la matière, seul groupe capable de rivaliser avec Emperor sur son propre terrain (et je pèse mes mots !), ce qui rend la démarche encore plus noble dans un certain sens..., jouer de la musique uniquement pour l'art et non pour la reconnaissance, de manière désintéressée, quoi de plus magnifique et respectable ? D'autant plus que nos artistes étaient totalement inconnus, à l'exception du chanteur Pest, officiant à cette époque dans Gorgoroth (et qui n'ont jamais vraiment récolté le succès à la hauteur de leur musique)
Mais au delà de ces considérations futiles, l'élément vraiment remarquable de la musique d'Obtained Enslavement est la simplicité avec laquelle celle-ci mélange harmonie et puissance, mélodie et noirceur. Pas besoin d'orchestre philharmonique ou d'arrangements électroniques dignes de studios Hollywoodiens pour jouer de la musique symphonique, non, une simple guitare et un clavier suffisent pour vous transporter loin en dehors de notre époque, aux temps sombres et tourmentés du moyen-âge, temps des superstitions et de l'occulte. Et là où certains groupes s'enlisent dans des élucubrations techniques et soporifiques, Obtained Enslavement vous touche droit au coeur dès la première écoute. Impossible de ne pas se sentir émerveillé au moins une fois pendant ces quelques 51 min où se mêlent les différentes lignes mélodiques de guitares en fusion et de cascade de claviers, légères et limpides, percussions endiablées, le tout travaillé dans le soucis du détail.
A l'image de ce chef d'oeuvre, je vais essayer de faire simple et efficace. La seule chose à retenir de ce « Witchcraft » est que c'est un joyau. Après, je pourrais aussi argumenter mon point de vue, m'efforcer à contrer les critiques rébarbatives et arriérées de certaines personnes au goût lacté ou chercher une tonne d'adjectifs pompeux et de formulations lourdes pour vous convaincre du sublime de cet album, mais je me dis que ce serait une perte de temps, que l'on ne paraphrase pas la beauté, et que l'élite saura de toute façon apprécier « Witchcraft ».
Alors certes, sur Thrasho on est Black Metal, et je pourrais vous laissez là en vous disant de vous faire votre propre opinion en écoutant cet opus, mais je sais également qu'on est gentil sur Thrasho, alors je vais quand même vous aider (un petit peu au moins). Si à l'écoute de titres comme « Veils Of Wintersorrow », « Witchcraft », « Warlock » et son passage épique au piano, « Torned Winds From A Past Star » (la partie du morceau à partir de 2m16 est vraiment divine) ou « Carnal Lust » vous ne vous sentez pas voyager, partir au loin dans la nuit au pays des sorciers (non, cet album n'est pas kitsch) ou que vous ne ressentez pas l'envie irrésistible de vous grimmer la gueule et de prendre des poses à la Abbath, au clair de lune dans le bosquet près de chez vous, c'est que vous n'avez probablement pas de cœur. Maintenant, à ceux qui ne se sentent pas visés par la réflexion ci-dessus : écoutez, appréciez, et achetez. Et si vous arriviez éventuellement à vous en lasser, vous pourrez toujours vous vanter auprès de vos amis d'avoir ce petit bijou au sein de votre discothèque, ça leur prouvera que vous êtes quelqu'un de bon goût. Par contre, ne leur montrez pas la pochette, s'il vous plaît.
| ChoKos 27 Juillet 2008 - 4635 lectures |
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