The Kryptik - When The Shadows Rise
Chronique
The Kryptik When The Shadows Rise
Il y’a une vingtaine d’années le Black Symphonique connaissait son âge d’or grâce à une flopée de musiciens venus principalement de Norvège, si depuis le genre s’est quelque peu tari il connait en revanche un certain regain d’intérêt à la fois quantitatif et surtout qualitatif. Car pendant un bon moment il était tombé pratiquement en désuétude et ne voyait plus qu’une poignée d’obscures formations continuer à le pratiquer mais malheureusement surtout pour le pire, tant leur musique sonnait creuse et franchement ridicule. Pourtant on a pu voir grâce à quelques nouveaux venus qu’il y’avait encore des choses à dire, et ce via notamment PROFANE BURIAL ou encore FORMICARIUS, qui sans rien révolutionner confirmaient qu’un certain standing pouvait encore exister, et cela même au-delà des frontières de la vieille Europe. Car aussi surprenant que cela puisse paraître le Brésil a vu émerger cette nostalgie, et a réussi à en faire quelquechose d’intéressant bien que son climat ne soit guère propice aux longues balades sous la neige. Originaire de Rio de Janeiro THE KRYPTIK n’est pourtant pas un novice au sein d’une pléthorique scène locale et nationale, car il est la suite logique de CRYPTIC LORN un combo underground actif de 1998 à 2010 et qui après trois ans d’arrêt est revenu d’entre les morts pour prendre son nom actuel, mais avec un line-up réduit presque au minimum. Car évoluant désormais sous la forme d’un duo le groupe n’en a pas moins conservé un univers à la fois grandiose et grandiloquent, au classicisme sobre et assumé riche en influences nordiques, tant il semble avoir écouté en boucle les premiers méfaits de LIMBONIC ART, EMPEROR, DIMMU BORGIR et MACTÄTUS.
Désormais signé chez les Allemands de Purity Through Fire (qui n’aura pas arrêté de découvrir d’excellentes pépites en 2019) le binôme signe une œuvre à la fois brutale et mélancolique, où violence et tristesse s’entremêlent sans jamais tomber dans le pathos. Démarrant par une introduction où l’orgue et les chœurs féminins sont mis à l’honneur, (afin de créer une sentiment pieux propice au recueillement), « Damned » déboule dans la foulée une fois celle-ci terminée afin de dévoiler toute la panoplie musicale des deux acolytes. Car ici on va avoir droit à des éléments certes très convenus mais qui arrivent à sonner juste, preuve en sont ces longs moments blastés où le clavier sonne telle la tempête, avant qu’il ne montre une facette plus inquiétante et sombre lors des passages plus lents. Tout cela étant également complété par un break doux et apaisant qui succède à un long solo tout en mélodie, que n’aurait sans doute pas renié Astennu sur le mythique « Spiritual Black Dimensions ». Ce voyage entre ambiances guerrières et cotonneuses se poursuit avec le très bon « Flames Of Revenge » séparé en deux parties distinctes, si la première laisse place à la brutalité la plus affirmée (via de longues périodes de blasts et parties rapides enlevées), la deuxième elle se montre plus éthérée via un rythme global plus faible porté par une guitare plus apaisante, donnant ainsi une impression presque fantasmagorique à l’ensemble. Cette sensation va d’ailleurs se retrouver sur « When The Shadows Rise » particulièrement épique et remuant, aidé en cela par un mid-tempo basique mais ultra-efficace (et à l’entrain communicatif) qui sert de connexion avec les moments où le tabassage se fait plus intense, créant de fait un double sentiment fait de questionnement sur l’existence et sur ce qui suit après la vie.
Si le court et doux interlude (« Fall ») permet de reprendre ses esprits, il reste de par son côté léger et spatial propice à la réflexion philosophique et métaphysique, avant que le synthétique « The Last Breath Of Sadness » ne retentisse juste après. Ce terme est sans doute celui qui correspond le mieux ici, car ça se montre plus pompeux et majestueux que tout ce qu’on a pu entendre jusque-là, vu que le synthé a malheureusement tendance à dominer tout l’espace au détriment du reste. En effet les autres instruments présents en arrière-plan passent au second plan, finissant du coup par être totalement bouffés et donc oubliés, et l’on croirait ici être en présence des dernières réalisations en date de Shagrath et ses compagnons de route. Si ça n’est pas mauvais en soi ça s’oublie dès qu’on en est arrivé au bout, d’autant plus qu’avec « Ungodly » qui clôt les débats on retrouve tout de suite ce qui fait le charme de ce disque. Pendant presque neuf minutes les Sud-Américains vont offrir un vrai récital d’influences et de variations, jouant ainsi sur les vitesses et le headbanging ponctués de cassures et d’une conclusion où le clavier (toujours lui) triste à souhait se fait entendre, faisant ainsi penser que la cérémonie envers le défunt est terminée et qu’il peut désormais reposer en paix.
Si l’on pourra toujours reprocher aux Brésiliens de répéter un peu trop fréquemment certains plans (qui finissent par en devenir interchangeables), et de posséder une voix écorchée des plus génériques, le résultat reste cependant parfaitement crédible et des plus agréables. A la fois propre dans son écriture et dans sa façon de mettre en valeur la musique présente, ce long-format procurera un bon moment de plaisir qui enverra l’auditeur quelquepart vers un endroit indescriptible et inconnu, à la fois onirique et orageux (notamment grâce aux leads impeccables qui amènent un vrai supplément d’âme). Avec en prime une durée globale qui ne s’éternise pas inutilement, cette découverte prometteuse et intéressante (malgré ses quelques erreurs de jeunesse) mérite incontestablement le détour et qu’on s’y penche attentivement. Et même si elle ne changera pas l’ordre établi elle a suffisamment d’atouts pour nous faire replonger deux décennies en arrière, époque que les plus anciens d’entre nous ont connu (et qu’ils apprécieront de redécouvrir), et que les plus jeunes seront ravis de perfectionner afin de vivre une expérience sensorielle et spirituelle des plus plaisantes.
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