Quelques jours avant de partir tous les deux sur les routes pour une tournée d’une bonne quinzaine de dates, Hyperdontia et Septage ont eu la bonne idée de sortir un split dont voici aujourd’hui sous vos yeux ébahis la chronique en quelques lignes. Proposé tout d’abord au format cassette, celui-ci s’est vu offrir il y a peu un pressage vinyle providentiel limité cependant à 150 exemplaires, tout cela sous les couleurs du label danois Desiccated Productions tenu par messieurs Malik Çamlıca (Decaying Purity, Diabolizer, Hyperdontia, Septage…) et Mathias Friborg (Ascendency, Had, Hyperdontia, Sulphurous, Taphos...).
Cette réunion de fins et délicats esthètes est l’occasion pour les deux groupes originaires de Copenhague de nous offrir trois nouvelles compositions, une pour Hyperdontia et deux pour Septage, s’étalant (c’est un bien grand mot) sur un tout petit peu plus de neuf minutes. Évidemment, ce n’est pas avec ça que l’on ira s’étouffer mais là n’est pas l’essentiel puisque cette nouvelle sortie est surtout l’occasion de renouer avec deux groupes qui jusque-là n’ont jamais déçu. Enfin, saluons tout de même le choix de ce cadavre momifié qui en guise d’illustration ne manquera pas de faire son petit effet. Loin des oeuvres de Paolo Girardi et Wes Benscoter qui ont servi aux deux premiers albums d’Hyperdontia, cette photo à également le mérite de changer des collages pourtant très appétissants proposés par Septage. Néanmoins, le ton est malgré tout donné et ne trompera personne sur la marchandise avariée qui vous attend à la découverte de ces trois morceaux.
C’est Hyperdontia qui ouvre le bal avec "Season Of Rot". Un titre inédit de quatre minutes et trente secondes que le groupe va dérouler sans encombre en reprenant les choses là où il les avait laissé l’année dernière avec la sortie du très bon
Hideous Entity. On note tout de même que la production n’est pas en tout point identique. Moins ronde et beaucoup plus abrasive, celle-ci apporte un côté plus naturel (notamment le son de batterie assez dépouillé) et en même temps plus sale (ces guitares particulièrement rugueuses) au Death Metal des Danois. Des Danois qui n’ont rien perdu de leur inspiration et continuent de prouver qu’ils en ont sous le pied. Certes, "Season Of Rot" ne diffère en rien de ce que le groupe a pu produire par le passé mais encore une fois c’est un sans faute. Hyperdontia enchaine ainsi les riffs techniques mais pas indigestes, les accélérations tantôt entrainantes comme cette séance de tchouka-tchouka entamée dès les premières secondes, tantôt plus radicales comme ces blasts entendus à 0:38 ou 1:08, quelques breaks bien sentis histoire d’apporter encore davantage de contrastes (à 1:41 et 2:26), des lignes de basses relativement discrètes mais toujours aussi sexy (notamment à 1:43 et 2:26), quelques solos mélodiques du meilleur effet (à 0:16 et 2:44) avec par-dessus l’ensemble un growl simple mais qui remplie parfaitement son office. Bref, un exercice une fois de plus rondement mené qui ravira une fois encore les amateurs de Death Metal.
Pour une durée quasi-identique (un petit peu plus de quatre minutes), Septage nous offre quant à lui deux nouveaux morceaux, "Emetic Rites" et "Başkasının Kusmuğu". Là encore, on retrouve tout ce qui faisait déjà le charme du Goregrind des Danois. Pour commencer, ce chant délicieusement pitché qui fricote dangereusement avec le siphon mal débouché mais également tous ces riffs Death Metal bien plus travaillés et complexes que l’attribut « Goregrind » pourrait le suggérer. On va également retrouver la basse toute en rondeurs de Malik Çamlıca qui comme chez Hyperdontia n’entend pas laisser sa place au profit d’autres instruments. Dès lors, si le chant ultra saturé et bourré d’effets confère effectivement à l’attendu lorsque l’on évoque le genre (il suffit d’écouter les albums de Last Days Of Humanity, Inhume, Regurgitate et Dead Infection pour se mettre d’accord), les autres éléments (ces riffs qui tricotent à qui mieux-mieux ainsi que cette basse qui frétille) ainsi que cette variété de rythme (si les accélérations se taillent la part du lion chez Septage, les ralentissements et autres breaks ne sont pas rares) donnent à la musique de Septage toute sa saveur et sa particularité. Alors non, les Danois n’ont rien inventé et ne révolutionnerons pas le Goregrind avec leur formule mais une chose est sûre, ces derniers évitent l’écueil d’une recette poussée jusqu’à l’extrême sans autre but que celui-ci… De fait, à la manière d’Hyperdontia quelques minutes auparavant, Septage n’a une fois encore aucun mal à convaincre. Il ne reste plus maintenant au groupe qu’à passer enfin à l’étape du premier album, chose que l’on attend avec impatience.
Probablement pas indispensable mais néanmoins de très bonne facture, cette réunion entre Hyperdontia et Septage devrait répondre à n’en point douter à toutes les attentes que les amateurs de ces deux groupes pourraient avoir. En l’état, rien de neuf, juste trois morceaux parfaitement exécutés dans ces registres qui sont les leurs soit une leçon de Death Metal et de Goregrind en toute simplicité et modestie par deux groupes talentueux qui n’ont déjà plus grand chose à prouver (si ce n’est peut-être pour Septage qui, comme on l’a vu, doit encore passer l’étape du premier longue-durée). Alors oui, c’est court mais oui, c’est bon !
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