Hyperdontia - Nexus Of Teeth
Chronique
Hyperdontia Nexus Of Teeth
Je n’ai jamais été très copain avec le dentiste en général. Comme tout le monde, je m’y rends une fois par an pour un détartrage remboursé par la mutuelle mais moins je le vois et mieux je me porte. Il faut dire que j’y ai passé du temps allongé sur ces fichus sièges à regarder ces fichues lampes pendant que l’on m’arrachait les dents de sagesse, que l’on me soignait mes caries ou que l’on me posait un appareil dentaire pour corriger quelques défauts de jeunesse. Du coup, cette pochette imaginée par Paolo Girardi n’est ni plus ni moins pour moi qu’une vision de l’Enfer, purement et simplement. Des dents partout, dans tous les sens, une spirale infernale de chicots enracinés dans un amas de gencives gangrenées et purulentes. Et comme l’hyperdontie existe bel et bien, je vous invite à regarder quelques photos sur Google pour une vue plus complète de l’horreur que cela peut être.
Formé en 2015, Hyperdontia est un projet Turco-Danois réunissant d’un côté David Mikkelsen au chant (Undergang, Phrenelith, Wormridden…) et Paweł Tunkiewicz à la batterie (Apparatus, Phrenelith, Sulfurous...) et de l’autre Mustafa Gürcalioğlu à la guitare (Decaying Purity, Engulfed, Diabolizer...) et Malik Çamlica à la basse (Decaying Purity, ex-Burial Invocation...). Un line-up complété il y a peu par l’arrivée d’un nouveau guitariste en la personne de Mathias Friborg (Taphos, Sulfurous...). Après un premier EP sorti l’année dernière sur Night Shroud Records et Extremely Rotten Productions sur lequel je me pencherai prochainement, le groupe revient aujourd’hui faire parler de lui avec la sortie de son tout premier album intitulé Nexus Of Teeth. Un disque paru chez Dark Descent Records (CD), Me Saco Un Ojo (vinyle) et Extremely Rotten Productions (cassette).
Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne fait pas semblant. Si Abhorrence Veil fût à l’époque de sa sortie une bonne surprise, donnant aux scènes turcs et danoises encore un peu plus de visibilité, Nexus Of Teeth vient se placer aujourd’hui un sérieux cran au-dessus à l’aide d’une formule pourtant relativement identique. Car le groupe n’a pas spécialement changé son fusil d’épaule mais plutôt haussé le ton. Un rythme effectivement beaucoup plus soutenu à en juger par l’excellent "Purging Through Flesh" qui ouvre l’album sur les chapeaux de roue. Une tendance que ne feront d’ailleurs que confirmer les autres morceaux de l’album. Aidé par une production à l’ancienne où guitares ultra nerveuses et abrasives vont venir se mêler à une batterie au son extrêmement naturel (cette caisse claire qui claque bien comme il faut), le groupe va s’appliquer à aller à l’essentiel en laissant toute idées superflues de côté. Ça blast donc le plus clair du temps même si Paweł Tunkiewicz aka Tuna n’est pas sans varier les plaisirs à coups de semi-blasts et autres séquences de tchouka-tchouka bien bas du front. Mais ce sont surtout les riffs infernaux de Mustafa Gürcalioğlu qui vont insuffler à l’album cette atmosphère à la fois dense et particulièrement sauvage qui règne tout au long de ces trente-quatre minutes ("Purging Through Flesh" à 0:33, ce moment où je casse toujours absolument tout sur "Of Spire And Thorn" à 1:46, "Teeth And Nails" à 0:37, "Aura Of Flies" à 0:21, le début d’"Existence Denied" et ainsi de suite pendant tout l’album). Des riffs qui empruntent beaucoup à Incantation (en plus du chant toujours aussi caverneux de monsieur Mikkelsen qui rivalise ici aisément avec ceux de Craig Pillard et John McEntee) ainsi qu’à Morbid Angel dans ce qu’ils ont de plus vicieux et de sournois (et je ne parle même pas de tous ces leads sinistres et autres solos chaotiques et inquiétants qui viennent se glisser systématiquement sur les huit morceaux de l’album ou de ces quelques harmoniques sifflées). Non, il règne bel et bien à l’écoute de Nexus Of Teeth une ambiance absolument diabolique. Une avalanche de riffs qui s’enchevêtrent, de blasts et de cris venus des profondeurs de la Terre et que rien ne semble pouvoir arrêter.
Mais loin d’être un simple album bourre-pif, Nexus Of Teeth se plait également à ralentir la cadence à de maintes reprises. Un moyen pour Hyperdontia de calmer le jeu sans pour autant sacrifier à l’ambiance générale. C’est même d’ailleurs tout l’inverse puisque ces séquences, nombreuses mais certainement pas envahissantes ("Purging Through Flesh" à 1:14, "Of Spire And Thorn" à 1:24 ainsi qu’à 2:59, "Teeth And Nails" à 1:40, "Aura Of Flies" à 1:40, "Majesty", etc), viennent renforcer l’aspect particulièrement imposant de ces compositions absolument redoutables. Si vous n’aviez ainsi pas suffisamment dégustez lors de ces successions de passages rapides, Hyperdontia viendra terminer ce qu’il a commencé en vous écrasant la tête à coup de riffs plaqués avec la force d’un titan et de frappes lourdingues à faire trembler la Terre toute entière, le tout servi par un growl aussi profond qu’effrayant. Paradoxalement, ces mêmes moments viennent aérer une musique très dense en rompant avec ces avalanches de blasts et autres riffs tourmentés. Un bon moyen pour apporter un peu plus de saveur et de relief à un Death Metal aussi brutal qu’intransigeant.
Longtemps absent du paysage Death Metal international, le Danemark et la Turquie sont en train petit à petit de gagner du terrain et de s’imposer comme deux scènes particulièrement valables et intéressantes. Si d’autres groupes avant Hyperdontia l’ont déjà prouvé, Nexus Of Teeth n’en demeure pas moins une très grosse surprise. Certes, les deux titres d’Abhorrence Veil (trois pour la version cassette) avaient de quoi susciter un certain intérêt mais il est clair que le groupe à ici franchit un véritable cap. Nettement plus brutale et directe, la formule dispensée par Hyperdontia convainc dès les premières écoutes, notamment grâce à la qualité de ces riffs et de ces ambiances particulièrement monstrueuses et torturées. Alors oui, les noms d’Incantation et Morbid Angel planent au-dessus du groupe mais la formation a su s’approprier ces références pour un résultat aussi efficace que redoutable. Pour terminer en beauté, je conclurai juste par une petite phrase volée sur le Facebook de Matt Calvert, patron du label Dark Descent : "Don't make your death metal album of the year lists until you hear this one". Sages paroles ma foi...
| AxGxB 21 Septembre 2018 - 2428 lectures |
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