Hallux Valgus - Reflections Of Distant Dreams
Chronique
Hallux Valgus Reflections Of Distant Dreams
À tous les curieux qui d’emblée se sont posés la question, voici la définition de l’Hallux Valgus selon le site ameli.fr : « L’hallux valgus, ou "oignon" au pied, est une déviation vers l'extérieur du gros orteil. Il est favorisé par plusieurs facteurs comme l'hérédité, l’âge, ou le port de chaussures à talons hauts et à bouts étroits. L'hallux valgus est souvent douloureux lorsque la déformation devient importante. ».
Cependant, nous n’allons pas causer pédicure et orthopédie aujourd’hui puisque l’Hallux Valgus qui nous intéresse ici est un groupe chilien formé en 2013 dans lequel interviennent ou sont intervenus tout un tas de musiciens issus d’autres formations telles que Strigoi, Cavernal, Sepulcrum, Demonic Rage ou bien encore Exanimatvm. Fort d’un line-up stable depuis maintenant un petit peu plus de trois ans, la formation originaire de Puerto Montt a récemment passé un cap important avec la sortie l’année dernière d’un premier album intitulé Reflections Of Distant Dreams. Celui-ci fait suite à une première démo parue en 2016 et à laquelle a succédé deux ans plus tard un EP déjà très prometteur intitulé Death Will Prevail. Pour autant, malgré cette activité relativement chargée ces dernières années ainsi qu’une récente sortie vinyle amorcée via le label norvégien Edged Circle Productions (Inculter, Sepulcher, In Aphelion, Darkened...), la notoriété du groupe demeure encore extrêmement confidentielle (en tout cas de ce côté-ci de l’Atlantique et probablement partout ailleurs). Espérons que cette chronique puisse mettre quelques-uns d’entre vous sur le droit chemin et ainsi faire circuler comme il se doit le nom de ces Chiliens particulièrement méritants.
Car s’il avait fallu compter uniquement sur l’artwork de Reflections Of Distant Dreams pour donner envie aux gens de s’intéresser au cas d’Hallux Valgus, il n’est pas certains qu’il y ait eu beaucoup de monde à s’y pencher... En effet, que ce soit via l’illustration de la version cassette arborant un mouton marchant sur la cime d’un arbre ou via celle de cette version CD avec cette fois-ci un chat perché sur sa souche, on ne peut pas dire que le groupe ait essayé une seule seconde de nous mettre sur la piste de ce qu’il nous réserve ici tout au long de ces cinquante minutes tout en générosité et en efficacité. Mais si l’artwork à de quoi surprendre quitte à pousser même les plus audacieux vers la sortie, le contenu de ce premier album s’avère quant à lui bien moins original que le laisse supposer ce genre d’illustrations incongrues. Cependant, il est tout de même à noter un certain parti pris qui donne au groupe et à son Death Metal (parce que oui, c’est bien de Death Metal dont il est question ici) une véritable personnalité.
En effet, les Chiliens puisent l’essentiel de leur inspiration du côté d’un certain Death Breath qui lui-même lorgnait (ou « lorgne » puisque si tout va bien celui-ci devrait faire son retour d’ici peu) du côté de groupes tels que Repulsion et Autopsy… Une histoire sans fin qui ravivera à n’en point douter tous les amateurs de Death Metal sauvage et primitif aux accélérations Punk déglinguées et aux riffs simples mais ô combien redoutables d’efficacité. Cette formule vieille comme le monde, le groupe s’applique à nous la restituer avec énergie, passion et talent le temps de compositions particulièrement bien ficelées qu’Hallux Valgus va dérouler sur des formats relativement étirés puisqu’il faut compter ici une moyenne de cinq minutes par titre environ. Alors non, les Chiliens n’ont rien inventé puisque de ces riffs à trois notes ultra-bonnards ("Ghastly Fascination" à 0:53, "Sensless Vanity" à 0:39, "Hot Puke" tout droit sorti de Stinking Up The Night, "Morbid Ways" et son groove pour le moins irrésistible...) à ces accélérations thrashisantes particulièrement entrainantes ("Murderous Instinct" à 0:32, "Sensless Vanity" à 0:48, "Hot Puke" à 0:20, "Crawling Are The Dead" à 0:36...) en passant par cette production abrasive et dépouillée, ce chant arraché ou bien encore ces ambiances de séries B horrifiques, on sent ici à pleines narines l’héritage de ces quelques formations évoquées un petit peu plus haut. Néanmoins, le groupe se distingue par ses atours mélodiques prononcés (à chaque titre ses leads et autres solos) ainsi que par cette aptitude à rester - en dépit d’une formule simple et éculée - toujours extrêmement pertinent. Pour y parvenir, les Chiliens vont prendre plaisir à changer notamment de cadences puisqu’aux tchouka-tchouka de Punk à chiens se succèdent passages beaucoup plus sauvages et explosifs ("Murderous Instinct" à 1:37, "Hot Puke" à 0:10) auxquels vont venir s'opposer quelques séquences bien plus atmosphériques (le dernier tiers de « Murderous Instinct ») et pesantes ("Crawling Are The Dead » à 2:13, "Disturbed Corpse" à 1:55)...
Outre toutes ces variations dynamiques particulièrement intéressantes, le Death Metal d’Hallux Valgus se distingue également par quelques sonorités surprenantes pour le genre pratiqué ici. Ainsi sur "From The Echoes Of A Deadly Chest", "Atlas, The Hunt" et "Internal Cryptic Gathering"), le groupe va en effet la jouer (intégralement ou par bribes) Post-Punk/Goth et Death Rock alors que sur un titre comme "Disturbed Corpse" on peut y déceler des sonorités Death / Doom évoquant le Peaceville Three du début des années 90... Un choix surprenant mais qui apporte un soupçon de fraîcheur particulièrement bienvenu, notamment placé comme suis en deuxième partie d’album.
Ainsi, sans fondamentalement changer la donne avec un Death Metal ouvertement inspiré par quelques grands anciens, Hallux Valgus réussi à tirer son épingle du jeu à travers une approche plus personnelle qu’il n’y paraît de prime abord une fois la première lecture lancée. Approche qui n’en oublie pas l’essentiel, c’est à dire rester efficace en chaque occasion grâce en premier lieu à une tripotée de riffs tous plus jouissifs et imparables les uns que les autres mais également grâce à un excellent travail dynamique et plus globalement à des compositions intelligentes (pour ce genre de Death Metal primitif) et savamment ficelées. Bref, si vous ne l’avez pas encore compris, ce premier album d'Hallux Valgus constitue en effet une très bonne pioche et ne devrait pas manquer de vous faire prendre votre pied ce qui, pour un groupe avec un tel patronyme, relève d'un véritable pied de nez !
| AxGxB 31 Mai 2022 - 1311 lectures |
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