Masacre - Reqviem
Chronique
Masacre Reqviem
Non, non, rassurez-vous, il n’y a pas de faute de frappe, il s'agit bien ici du Masacre colombien. Je ne suis pas encore sénile (quoique, diraient certains...). Ceci étant dit, il convient d'apporter une précision au nom du groupe dont il va être question ici même : il ne s'agit pas non plus du groupe péruvien MASACRE (tout en majuscules, donc), qui en plus joue du thrash et dont tout le monde se fout à peu près. Non, il est bel et bien question du Masacre colombien (from Medellin siouplait, l'autre pays de la farine pas-faite-pour-les-gâteaux et des gens pas-du-tout-morts-au-fond-de-leur-lit-après-une-bonne-soirée), et de son culte premier album, "Reqviem". Vous noterez que le titre de celui-ci correspond tout à fait au caractère idoine de sa ville d'origine, la douce et touristique Medellin…
Créé en 1988, Masacre sortira coup sur coup deux démos. La première, en '89 ("Imperio Del Terror"), contient notamment trois titres qui nous intéresseront un peu plus loin : "Sepulcros En Ruinas", "Escoria", et "Tiempos De Guerra". La seconde, un an plus tard ("Cancer De Nuestros Dias"), renferme quant à elle "Justicia Ramera, "Brutales Masacres" ainsi que "Conflicto De Paz", qui feront également écho au fil de cette chro. D'entrée de jeu, on se doute que cette cadence peut annoncer un groupe prolifique, ce qui est relativement vrai. Depuis 1991, et la sortie de ce fameux "Requiem", Masacre aura sorti cinq albums, le dernier en 2005, deux démos (dont il est fait état plus haut - suivez un peu !!!), ainsi qu'un live (le mal nommé "Evil Death Live", titre déjà utilisé par the mighty Vital Remains), ainsi qu'un ou deux splits, trois compils (la première rassemblant les fameuses deux démos, une seconde regroupant des répés, et une troisième dont je ne sais absolument riiiiiiien). D'aucuns prétendent que leur disco est de qualité inégale, ce qui n’est pas totalement faux, et que les mouvements de line-up n'auront pas favorisé la progression du combo (par exemple trois guitaristes seront passés dans leurs rangs), mais tout le monde ne peut se targuer de sortir un aussi bon premier album, (avec ses forces mais aussi ses faiblesses - comme d’ailleurs tout bon premier skeud qui se respecte).
Après une intro à la guitare sèche arrive "Cortejo Funebre" qui porte lui bien son nom. Mid-tempo varié et menaçant, il donne tout de suite le ton : l'album sera noir et sinistre, et même s'il est osé d'entamer les hostilités par un titre lent, il faut avouer qu'il est judicieux d'installer d'emblée l'ambiance générale. Car sinistre, ce "Requiem" l'est assurément, à l'image je pense de leur vie quotidienne. La violence n'est jamais loin, et des morceaux tels que "Justicia Ramera" ou "Brutales Masacres" dont on a parlé précédemment sont-là pour nous le rappeler. À ces titres déjà évoqués, le groupe aura donc ajouté "Cortejo Funebre", et "Conflicto De Paz", afin d'obtenir une durée suffisante pour un premier full. La version que je possède propose itou "Cancer" et "Blasfemias", en tant que bonus qui ne déméritent absolument pas à coté des autres chansons.
Oui, ce groupe sait de quoi il parle quand il traite d'une vie dure, d'une ville violente, tiraillés entre le désir de survivre, la lutte quotidienne et l'envie de dénoncer ce qui n'existe que pour mieux les empoisonner (et je ne parle pas que des cartels et de la drogue), mais bel et bien aussi de la religion. Normal me direz-vous, dans un pays à majorité catholique. Seulement, les gars ont eu l’intelligence de ne pas capitaliser sur un discours anti-chrétien basique, mais de mêler en un même maelstrom nauséabond tous les poisons de leur pays, Djizeuss y compris, et ceci sans qu'un thème ne prenne le pas sur l'autre. Mais, si le fond est 100 % réussi, la forme elle, ne suit pas toujours. Je ne parle pas ici des petites et rares imperfections au niveau de l'interprétation, qui font tout le charme des albums old-school, mais bien de la façon dont ces thèmes morbides, ce chant possédé, et ces riffs à la fois barbares et glaçants sont traités. En effet, même pour du old-school, le son est à peine aussi bon que celui d'une démo, ce qui est parfois frustrant au vu des idées exploitées. Dans un autre registre, le son m'a souvent fait penser à l'américain Devastation (celui de "Total Fucking Ripping Death" entre '86 et '87, à l'époque de leurs...démos, justement.
Ne nous méprenons pas : même s'il s'agit d'un groupe sud-américain, on est loin de la fureur d'un Ravager ou de la brutalité d'un Krisiun. Le propos est plutôt à chercher du coté des Infamy, Demonized ou Embalmed, ou la froideur règne en maître, ou les Ténèbres viennent vous prendre par la main, ou la technique cède la place à l'ambiance.
Partant de ce postulat, et en faisant fi de ce souci de son – en effet ici pas de potards à 11 !!! -, on obtient un album qui, hurlé du début à la fin en espagnol, captive et passionne. En somme, le cocktail détonant du Soleil et des Ténèbres. Et sans alcool, pour une fois !
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