Chez Thrashocore, on aime bien la scène death revival, notamment la Swedish. La preuve avec toutes ces chroniques de death suédois à l'ancienne qui fleurissent dans nos pages, entre Tribulation, Tormented, Brutally Deceased, Undead Creep, Entrails, Cryptborn, Morbus Chron et j'en passe. Tout n'est pas bon à prendre mais une fois la sélection obligatoire effectuée, il reste tout de même un bon paquet de formations intéressantes pour les nostalgiques et autres passéistes. Mais la plupart de ces combos, si talentueux soient-ils, n'ont fait que prendre le train en marche il y a quelques années. Une petite poignée, au contraire, peut se targuer d'être à l'origine du phénomène. Et je ne parle pas des célèbres Bloodbath ou Death Breath que tout le monde connaît. Il est désormais temps de se pencher sur le cas d'un groupe moins connu mais ô combien recommandable qui manquait ici, surtout que son unique album est sans doute une des meilleures sorties de toute cette scène retro. Ce groupe, c'est Repugnant et cet album,
Epitome Of Darkness.
Sorti en 2006 sur Soulseller Records à titre posthume puisque Repugnant a splité en 2004,
Epitome Of Darkness et sa pochette bordélique rappelant le
Scum de Napalm Death a en fait été enregistré dès 2002, quatre ans après la formation des Suédois déjà auteurs de quelques démos/splits/EPs ayant fait sensation. À cette époque, le death sortait de sa léthargie post-mid 90s et commençait à prendre une direction plus technique et synthétique. Repugnant lui, fait machine arrière en arborant maquillage et thématiques de vieux films d'horreur et en vomissant un death metal raw, punk et thrashy aux forts accents fin 1980/début 1990. Mais à la différence de la nouvelle vague ne jurant que par Entombed et Dismember et le son Sunlight, le quatuor de Stockholm prend sa source ailleurs (même si Nihilist fait bien sûr partie de ses modèles). Toujours dans son ancienne scène nationale mais plutôt la frange davantage crade et evil comme les démos de Merciless ou Morbid, dont le groupe reprend d'ailleurs le titre "Another Vision". Grosse claque, comme tous les autres morceaux de toute façon! Loin de se limiter à son pays, Repugnant emprunte également beaucoup à la scène américaine, du côté du early Morbid Angel, Possessed, Necrovore, Repulsion ou Autopsy. L'ombre de Celtic Frost plane aussi régulièrement. Tout en étant redevables de pas mal de combos, les Scandinaves évitent cependant de passer pour un simple tribute band, ce à quoi beaucoup de jeunes groupes d'aujourd'hui échouent, en y ajoutant de la personnalité. Et une putain de conviction communicative! Comment résister à ce déferlement primaire et chaotique incarnée par une production agressive sans artifice particulièrement savoureuse, des solos torturés et le débit vocal impressionnant de l'illuminé Mary Goore (a.k.a. Tobias de Ghoul) et son chant râpeux jubilatoire parfois distordus par quelques effets dont l'"aquatique" sur
"Premature Burial" à 2'36? Ou encore par le rythme très souvent soutenu proche du thrash. Le batteur Tom Bones (que l'on a aussi croisé chez Insision ou plus récemment Dismember) blaste même un peu sur "Hungry Are The Damned", morceau d'ouverture à l'intro rampante qui part ensuite en sucette pour tout emporter sur son passage, sans oublier la ligne de chant traumatisante de Goore qui vous hante pour toujours (
Nosferatu, inside of you), et le début d'un "Spawn Of Pure Malevolence" orgasmique marqué à nouveau par les vocaux catchy du frontman sur le refrain (à ce petit jeu, "Voices of the Dead" n'est pas mal non plus). C'est ce qu'il y a de bien avec
Epitome Of Darkness. On ressent une vraie sensation de vitesse contrairement à beaucoup de groupes modernes plastique soit-disant brutaux. Une agressivité contagieuse au feeling punk/thrash, couplé à un côté catchy ultra efficace, non seulement grâce au chant génial de Mary Goore mais aussi à quelques mid-tempos irrésistibles disséminés intelligemment ("Hungry Are The Damned" à 2'22 puis à partir de 3'20 limite rock 'n roll,
"Premature Burial" à 1'44, "Draped In Cerecloth" à 0'56, "Spawn Of Pure Malevolence" à 1'52, "From Beyond The Grave" à 2'50 sur un bon petit solo, "Sacred Blasphemy" à 0'37, "Eating From A Coffin" à 2'33, "Another Vision" à 1'42...). Comme quoi Repugnant ne fait pas que bourrer. On a même le droit à 2-3 passages plus lourds comme au début de "Hungry Are The Damned" ou au milieu de "Mutilated Remains" sur une lead sombre typiquement suédoise.
Mais c'est vrai que la plupart du temps, Repugnant ne fait pas de quartier. Et c'est pour ça qu'on l'aime tant ce
Epitome Of Darkness. Qu'est-ce que c'est bon! Dire que j'aurais dû les voir au Black Mass Ritual Fest III à Helsinki pour un concert de reformation si ces cons n'avaient pas annulé! Même s'il n'y a plus que Mary Goore comme membre originel, j'aurais bien aimé assister au carnage en live. Je me console en écoutant toujours la bête de temps en temps car elle a le don de me mettre dans un état second. Il faut dire que l'album a tout ce qu'il faut, des riffs mortels sombres et acérés de la paire Mary Goore/Sid E. Burns (ex-General Surgery) aux rythmiques tapageuses, en passant par un chant prenant, une basse bien présente de Carlos Sathanas et une efficacité sans faille. Pas de temps mort, on s'en prend plein les oreilles pendant près de trois quarts d'heure et on en redemande! Entre parenthèses, c'est assez marrant de se dire que trois des membres ont formé au même moment le combo heavy/glam 80s Crashdïet, là aussi avant tout le monde! Comme les autres, Repugnant n'a rien inventé mais il fait partie des premiers à donner dans le rétro. Le tout sans sonner comme une bête copie grâce à des influences diverses et variées et une vraie personnalité. Mais surtout, Repugnant reste un des rares à faire aussi bien que les anciens, si ce n'est mieux!
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