Après un retour fracassant sur l'énorme
Imperium en 2014, on se demandait si les vétérans de Internal Bleeding allaient pouvoir continuer à ce niveau. Il est vrai que la régularité n'a jamais été le fort du combo new-yorkais. Cette fois, c'est un coup du sort qui a mis à mal le groupe : le décès en 2017 du batteur originel, Bill Tolley, laissant Chris Pervelis seul membre originel de la formation créée en 1991 puisque l'autre guitariste d'époque, Brian Hobbie, avait déjà quitté le navire en 2015. Le line-up a en fait été totalement renouvelé par rapport à l'opus précédent. Autour de Pervelis sont ainsi venus se greffer un nouveau guitariste du nom de Chris McCarthy (Without Remorse), un nouveau bassiste, Shaun Kennedy (Pyrexia, Revenance, Without Remorse), un nouveau chanteur, Joe Marchese (Mother Brain, Revenance) et donc un nouveau batteur, Kyle Eddy (Foaming at The Mouth, ex-Mucopus). Que de changements pour ce sixième album baptisé
Corrupting Influence et sorti en octobre dernier sur Unique Leader... Jusqu'à se demander si tout cela était encore pertinent !
Ce n'est en tout cas pas cette pochette hideuse qui nous a rassurés. Internal Bleeding n'a de toute façon jamais brillé par la beauté de ses artworks, celui d'
Imperium, pourtant loin d'être une référence, restant sans doute le moins dégueulasse. Il n'y a qu'une façon de savoir si Internal Bleeding est encore Internal Bleeding. C'est de s'envoyer ce
Corrupting Influence dans les cages à miel. Et il ne faudra pas longtemps pour trouver une réponse aux interrogations.
Corrupting Influence, c'est du pur Internal Bleeding ! En fait, tant qu'il y aura Chris Pervelis, rien ne changera ! Internal Bleeding nous balancera toujours son death metal de rue aux influences hardcore, son NYDM de mauvais garçon, son deathcore old-school, son slam death sans qui un groupe comme Devourment n'aurait jamais existé. Malgré les années et les remaniements de personnel, Pervelis garde la foi. Et le talent, ce nouvel album ne montrant pas vraiment de signe de faiblesse tant il transpire la testostérone et donne envie de tout casser. On notera néanmoins quelques différences par rapport à
Imperium qui me feront préférer ce dernier, tout éprouvant beaucoup de joie à écouter ce nouveau brûlot. Clairement, les Américains ont choisi de mettre l'accent sur l'aspect slam/mosh malgré le chant moins hardcore et plus guttural du nouveau venu, assez proche du légendaire Frank Rini qui fait à nouveau quelques apparitions ici. C'est presque du beatdown tellement le combo enchaîne les gros breaks de tough guys en marcel. Ça racaille sévère sur des slams bien gras, un groove de porc et une grosse production qui ne sonne pas plastique pour autant. Sans compter les backing vocals et les chœurs typés HxC. Alors oui c'est plutôt limité. Assez répétitif même. Disons-le carrément, c'est ultra con et mono-neuronal. Mais putain que c'est bon ! J'adore ! Ce groupe a le don de me foutre une sacrée pêche et de réveiller en moi mes plus bas instincts. Jouissif à mort !
Comment quelqu'un qui passe son temps à râler sur le death moderne et à sauter au plafond au moindre passage syncopé peut s'éclater en écoutant ce qui s'apparente tout bonnement à du deathcore qui slamme et saccade à tout va ?! Eh bien bonne question ! J'ai presque envie de vous faire le sketch du bon et du mauvais deathcore d'ailleurs ! Difficile à dire pourquoi Internal Bleeding et son
Corrupting Influence me foutent la banane quand tant d'autres à l'appellation deathcore me font vomir. Peut-être que les Américains savent de quoi ils parlent. Ces vieux de la vieille connaissent le death metal. Ils connaissent le HxC. Long Island, New York, Est. 1991 ! La nouvelle génération à gros écarteurs et shorts de basket trop larges ne comprend aucun des deux. Cela dit, je dois admettre que j'aurais aimé que ce nouvel album se montre plus brutal, plus rapide. Les rares séquences timides de blast-beats ("Corrupting Influence" vers 0'30 à la Mike Smith, début de "Focus", quelques rafales sur "Surrounded from the Inside", "Unreality" à 1'48, semi-blasts en intro du single burné "Final Justice" puis vrais blasts à 0'30 et à 1'39 ...) ou d'accélérations thrashies à la Suffocation, encore moins fréquentes, ("Fatal Dependency" à 1'38, "Focus" à 1'17) ne trompent pas.
Corrupting Influence ne brillent pas par sa vitesse de jeu. Ça n'a jamais été le crédo de Internal Bleeding mais c'est un peu trop appuyé ici. On pourrait presque dire que ça se traîne et on aurait apprécié davantage de fulgurances comme c'était le cas sur
Imperium. Pareil pour les riffs purement death metal en tremolo un peu plus travaillés qui ne sont pas légions ("Surrounded from the Inside" vers 0'30, le démarrage de "Unreality" et l'accélération à 1'37 bien sombre avant les blasts, "Final Justice" à 1'30). Certains riffs s'avèrent d'ailleurs vraiment simplistes, à la limite du ridicule (le motif sautillant à deux notes de "Corrupting Influence", "Fatal Dependency" à 1'58, etc.). Quant au final sur la batterie seule qui ne fait rien de passionnant, ça tombe à plat. Dommage de finir là-dessus ! Rayons doléances, on note aussi un manque de variété, en particulier par rapport à
Imperium qui apportait davantage de fraîcheur. Ça ne varie en effet pas des masses, l'opus étant très orienté rythmique slammie, même si le quintette nous ressort quelques moments plus aérés et mélodiques très sympas et tout à fait bienvenus (premières secondes du titre d'ouverture "Compelled to Consume", dernière partie de "Corrupting Influence" avec l'excellent break mélodique surprenant puis le solo pépère à la cool, le début en son clair de "Fatal Dependency", le solo de "Focus", le break tout calme et sa basse savoureuse de "Unreality" puis cette mélodie tristounette qui contraste avec le gras, "The Supreme Sacrifice" introduit par la basse en solo au son délectable puis le passage ambiancé à 1'22 et 2'14). Pas suffisant toutefois pour empêcher le qualificatif de répétitif.
J'admets donc volontiers que
Corrupting Influence est loin d'être parfait. Trop slam, trop core, trop neuneu, pas assez brutal, pas assez rapide, riffing répétitif. Et cette pochette affreuse ... J'avoue aussi qu'il reste inférieur à
Imperium qui se montrait à la fois brutal et varié tout en puant le Internal Bleeding par tous les pores. Mais honnêtement, j'en ai rien à carrer. Malgré ses défauts pourtant souvent rédhibitoires chez moi, ce nouvel album me fait un effet bœuf. Une sorte de plaisir coupable (et encore ...) jouissif qui me transforme à chaque écoute en tough guy qui dodeline de la tête dans sa caisse comme s'il écoutait du rap. Plus new-yorkais tu meurs ! Que c'est bon de voir que le death metal urbain fortement hardcorisé de Internal Bleeding fait toujours aussi mal. En dépit du turnover (le bassiste a déjà changé entre temps d'ailleurs !), les papas du slam ont toujours le groove. Le parrain Chris Pervelis y veille, un gros cigare entre les dents et un verre de whiskey à la main.
R.I.P. Bill Tolley 1974-2017
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