Deicide - Legion
Chronique
Deicide Legion
« Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux »
Mais que sa passe-t-il lorsque cette Légion, déjà critiquée dans le Spiritual Healing de Death, sort par les yeux d'un frontman qui en a marre de la corruption et du brassage de dollars de l’Église américaine ?
Ça donne un album qui se vendra à 400 000 exemplaires, un des plus gros scores pour un disque de Metal extrême.
C'est sûr qu'aujourd'hui, à froid, cet album de Deicide est particulier. À cause de ce son sec et des compos en apparence brute, on peut trouver la musique plate à la première écoute. D'autant que ça a été produit un an après le Human de Death, enregistré également au Morrisound studio : on se doute que dans un tel temple du Death Metal, où ont enregistré des tenors du genre (Atheist, Sepultura, Death, Cynic, Cannibal Corpse), les choix n'ont pas été faits au hasard.
Justement, ce côté guitares sans écho, batterie sourde et basse sans coffre confèrent une certaine couleur au son : ignorons la froideur grandiose d'un Seigneur des Ténèbres, l'album joue des morceaux brefs, qui cisaillent net, avec des transitions hachées. Cela permet aux vocals de véritablement sortir du lot, avec deux types de chants : un profond et guttural, l'autre crié et aigu, comme torturé. Glen Benton, dont la performance n'a connu aucun effet, donne vraiment une identité puissante à ce Death Metal qui se veut satanique. Quand les doubles vocals se superposent, comme dans "Dead But Dreaming", l'ensemble est véritablement saisissant. Le chant saura également être d'une précision implacable, la preuve étant surtout apportée dans "Holy Deception", véritable leçon dans le placement vocal, mais également dans la composition, hargneuse et diablement rythmée.
Parce qu'un autre élément qui a fait le succès de cet album sont les structures des compositions. A l'instar du son qui semble une régression lors d'une écoute peu attentive, l'écriture paraît répétitive, et l'album donne le sentiment de traîner en longueur. Sauf que les morceaux sont tout sauf simples, et font montre, après un premier album plutôt straight-forward, d'un soin apporté pour créer des pistes complètes.
Si tu lances "Repent to Die", tu te laisses embarquer dans ce mur de son bien fichu, menant à une lead surprenante à décortiquer. On aura aussi des purs moments de rythmiques Thrash "tchouka-tchouka" comme dans "Satan Spawn..." à partir du début du refrain très bondissant, conduisant à des blasts vengeurs, arrivant telle une punition après être tombé dans l'allégresse.
Ces blasts beats apparaissent clairement comme des éléments qu'on mérite à l'écoute : quand ça explose, on sent que ça défonce. "Dead But Dreaming", mais également "Trifixion", te régalent sur ce point-là. "Trifixion" qui, d'ailleurs, signale bien que l'inspiration Cannibal Corpse n'est pas loin. Mais si tu aimes Death période Scream Bloody Gore et Leprosy, tu seras servi avec "In Hell I Burn", qui t'apprend pourquoi cet album, en 1992, a su trouver son public. La formule est simple : batterie qui tabasse, rythmiques engageantes, basse qui joue à un degré assez technique, complémentarité des guitares, alternances entre gros blasts et headbang parts qui ont hérité de toute la vague Metal extrême de la seconde moitié des années 80, superbement perceptible dans le monstrueux "Revocate the Agitator".
Enfin, l'ensemble est surtout complété par le savoir-faire Morrisound, qui a façonné avec son écurie les bases du Death Metal. Toutes les sorties Morrisound à partir de 88 sont des pierres angulaires du Death US, et chaque album apparaît comme une définition dans le dictionnaire du Metal extrême. Legion, considéré par les membres de Deicide eux-même comme leur album le plus chaotique, apporte des éléments occultes avec un son à la fois richement composé et conduit de manière jusqu'au-boutiste. On appréciera ou non les choix qui ont été faits, mais cet album reste primordial : il s'est énormément vendu pour son style, ce qui a permis d'inspirer bon nombre de musiciens, notamment Vital Remains, où Glen Benton viendra prendre le poste de chanteur également.
L'aspect direct de Legion ainsi que son contenu ouvertement satanique, jouant l'aspect choc jusque dans l'attitude avec la croix inversée sur le front de Glen Benton, ont ainsi permis à cet album de se hisser, à l'instar de Cannibal Corpse à l'époque, comme une référence du Metal extrême.
| MoM 14 Juillet 2020 - 2523 lectures |
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