Deicide - Once Upon The Cross
Chronique
Deicide Once Upon The Cross
En seulement deux albums le quatuor est déjà devenu une valeur sûre de la florissante scène de Floride, car après un premier disque éponyme salué comme un chef-d’œuvre (et devenu un classique aujourd’hui) et un
« Legion » d’une brutalité sans nom l’heure est venue pour eux pour pousser encore plus loin leurs paroles blasphématoires et d’y mettre une musique encore plus extrême qu’auparavant. Quand en avril 1995 « Once Upon The Cross » arrive dans les bacs c’est un véritable choc car le quatuor a encore repoussé toutes les limites possibles, et ne manque pas de faire polémique avec sa pochette gore censurée mais sans ambiguïté, des furieux textes anticléricaux et surtout un déluge sonore qui va s’abattre pendant un peu moins d’une demi-heure. Car dès l’introduction du morceau-titre (avec ce sample tiré de « La dernière tentation du Christ » de Martin Scorcese) on en prend plein les oreilles, la voix n’a jamais été aussi puissante, les guitares si acérées et la batterie si brutale tout en enchaînant blast ultra-rapides et parties de double impressionnantes de précision. Instantanément on sait que celui-ci sera un classique du combo tant les paroles simples à retenir sont une invitation pour une messe, le tout mis en exergue par la production impeccable de Scott Burns et une composition plus simple et dépouillée.
Car techniquement ce qui marque aussi les esprits c’est le grand écart entre ce nouvel opus et son prédécesseur, un choix calculé et assumé de léger retour en arrière afin de privilégier l’efficacité tout en rendant l’ensemble plus direct, notamment via des refrains facilement mémorisables, qui du coup rentrent plus rapidement dans la tête de l’auditeur. Glen Benton sans renier
« Legion » reconnaîtra après-coup que lui et ses acolytes sont allés un peu trop loin dans la débauche de technique et dans la durée des morceaux, d’ailleurs aujourd’hui hormis le classique « Dead But Dreaming » cet album n’est plus jamais présent lors des concerts, et fait partie des oubliés au même titre que « In Torment In Hell » et « Insineratehymn » (heureusement d’ailleurs pour ces derniers). Au contraire de ceux-ci ce troisième opus des Américains ne contient quasiment que des classiques de leur répertoire (voire même du Death-Metal tout court) qui sont encore aujourd’hui des indispensables de toutes leurs setlists.
Parmi ceux-là on trouve « They Are The Children Of The Underworld » qui entre son intro redoutable tout en roulements son tempo qui reste sur des bases élevées sans discontinuer est un des morceaux de bravoure du quatuor, qui nous offre au passage tout le bagage technique de Steve Asheim dont le jeu derrière son kit est d’une précision implacable. Autre incontournable « When Satan Rules His World » qui montre une facette plus lourde et oppressante, avec de nombreux passages plus mid-tempo tout en n’oubliant pas les accélérations et passages rapides, tout comme « Behind The Light Thou Shall Rise » au riffing infernal. D’ailleurs les frères Hoffman n’ont jamais aussi été aussi précis de toute la décennie passé au sein des meurtriers de dieu, leur rythmique possède un vrai groove et une immédiateté dans l’accroche, tout comme les solos désarticulés qui se mêlent à merveille au reste des instruments et des passages joués où ils apparaissent. Avec en cerise sur le gâteau « Christ Denied » du même acabit que le reste et « Kill The Christian » qui leur a valu pas mal de problèmes avec la censure et les intégristes religieux, on a confirmation qu’il n’y a rien à jeter et qu’on est en présence d’un disque quasiment parfait et qui n’a pas pris une ride plus de vingt ans après sa sortie.
Au même titre que « Symbolic » de DEATH et « Domination » de MORBID ANGEL, cette nouvelle galette montre la très grande forme du Death Américain cette année-là qui n’a pas cessé de pilonner les tympans les plus avertis et les plus préparés. Au même titre que l’éponyme, ce « Once Upon The Cross » reste encore actuellement une pièce majeure de leur discographie et même du genre tout entier, qui ne sera jamais égalée par la suite, que ce soit avec ce line-up ou les autres paires de guitaristes (à cause de disques en dent de scie). Il faudra en effet attendre presque une décennie et le monstrueux
« The Stench Of Redemption » pour que la formation remaniée revienne vraiment durablement au sommet d’où elle semblait solidement accrochée à l’époque, avant d’en redescendre progressivement et douloureusement.
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